LES AMANTS DE SAÏGON 🈴

Chapitre 17 / A TROIS ET POURQUOI PAS !

Un ... Deux ... Trois ...
Je saute !

Que ce soit pour changer de vie, pour me remettre en question, pour me lancer un défit, ou pour toutes ces choses qui me donnent la force d'avancer.

Il y a toujours ces trois secondes d'hésitation qui me permettent d'oser ou de me taire à jamais...

S'oublier, ne plus savoir ce qui est bien ou mal, ne plus penser jusqu'à se refuser de l'aide.

Ce jour là ...

Quand avec Medhi j'ai
affronté le froid pour le cadeau d'Evie.

Quand j'ai lu cette curieuse invitation à entrer dans cette boutique où l'imaginaire prend tout son sens.

Quand la jolie Nharie, accoudée au comptoir, m'a sourit.

Quand pour la première fois, mon regard a croisé l'ambre noire des yeux de Sadeck.

Quand Duras et Hemingway sont venus hanter mes nuits et semer le doute sur mes origines.

Quand les liens et les secrets se sont désunis pour me conter une bien étrange histoire.

Quand les corps entremêlés des amants, m'ont laissé sombrer dans les maux interdits du désir.

Quand les rires et les larmes m'auront laissé les marques du temps et que l'heure de tout raconter sera enfin arrivée...

Serais-je capable d'affronter la vérité ?

Ce soir là ...

Devant l'Underground, quand tu m'as donné cette photo et que ma vie a basculé.

Dans cette boutique où à chaque fois que je fermais les yeux, c'était pour te permettre d'entrer dans mes rêves.

Dans cette jolie demeure, quand tes doigts ont effleuré ma taille et que ton souffle est venu se perdre sur mon cou, j'ai cru un instant que tout était possible !

Que notre histoire allait s'écrire comme dans les livres et les romans d'amour.

Mais la vie suit son cours et n'a que faire de mes espérances. C'est à moi de la provoquer et de l'affronter si je veux que mes désirs se prennent pour des réalités...

Après avoir refermé le cahier des secrets de Lyautey et glissé à grand coup de regret les pages de ces d'aveux sous le coussin du sofa.

J'ai quitté la boutique, sans oublier de saluer Nharie pour me retrouver dans cette rue, au beau milieu de tous ces gens qui passent sans me voir. Ils ne savent rien de moi et n'ont aucune idée des doutes et des interrogations qui me rongent d'un sentiment de culpabilité.

Avais-je le droit d'emprunter ce cahier ?

Si j'en avais fait la demande, son propriétaire m'aurait il autorisé à lire sans impunité ces révélations qui auraient dû rester secrètes ?
Aurais-je pu comprendre en si peu de temps, que cette écriture au crayon ressemblait curieusement à celle de Sadeck.

Je revois cette belle demeure où quelques jours plus tôt, il m'invitait à entrer. J'entends l'écho de nos conversations dans le salon et souris devant ces piles de papier éparpillées sur le bureau.

Des lettres qui lui sont adressées et des ébauches de réponses qui n'ont jamais été envoyées à tous ces destinataires semblant habiter hors de nos frontières, dans de lointaines villes qui s'effacent derrière la ligne de notre horizon.

Il n'y a aucun doute sur cette écriture ronde, presque scolaire dont son auteur semble encore en apprendre les liés et les déliés si différents des histogrammes de son enfance.