Fille Banale D'un Monde Brisé

Détruite

Il ralentissait inlassablement, elle en avait conscience. Peu à peu les battements de son petit coeur brisé s'éteignaient, laissant place à la mort. Et pourtant elle était toujours là. Toujours coincé entre quatres murs, à fixer le plafond d'en l'espoir qu'il lui tombe dessus et l'écrase à jamais. Toujours assise à ce même arrêt de bus depuis des années à regarder se battre les pigeons pour un bout de pain périmé. Son cœur, d'un point de vue médical, allait très bien, mais les médecins n'écrivent pas tout dans leurs rapports. Ils n'écrivent pas qu'elle avait subit du harcèlement durant toute son existence. Ils n'écrivent pas qu'elle avait observer sa famille volée en éclat de nombreuses fois. Ils n'écrivent pas qu'elle avait assisté, impuissante, à la disparition de ses amis, les uns après les autres. Ils n'écrivent pas que lorsqu'elle ferme les yeux ce n'est pas pour rêver, mais juste pour s'échapper. Fuir cette réalité où la vie est triste et son cœur est lourd. Lorsqu'elle ferme les yeux elle se donne le droit de croire qu'elle pourra changer sa destiné... Malheureusement c'est une fatalité à laquelle elle ne pourra pas se soustraire. Il était là le problème, elle n'avait pas foi en l'avenir, elle n'avait même pas foi en elle en réalité. La seule chose en laquelle elle avait foi c'était la manipulation dont elle faisait preuve au quotidien auprès des gens qui lui été chers, car elle savait que son existence était un mensonge. Elle savait qu'elle mentait lorsqu'elle répondait à ses amis qu'elle allait bien alors que la veille, elle épongeait le sang carmin qui s'écoulait le long de son bras. Elle savait qu'elle mentait lorsqu'elle disait haut et fort qu'elle s'aimait comme elle était, alors que tout les matins la voix dans sa tête lui répétait à qu'elle point elle n'était pas à la hauteur. C'est lorsque les reproches et la culpabilité ont laisser place à l'incertitude et à la résiliation qu'elle a compris que jamais les choses ne s'arrangerait. Pendant quelques minutes elle est allée sur Internet pour savoir si une transplantation cardiaque était remboursée par la sécurité sociale si jamais son cœur décidait de lâcher avant qu'elle en ai décidé autrement. Elle commença à réfléchir à son enterrement... Elle n'était pas religieuse mais connaissant sa famille elle était sûre que la cérémonie serait mémorable et magnifique. Elle s'imaginait les réactions de ses proches, non sans mal. Puis elle s'imaginait ce que le prêtre pourrait bien dire à son sujet. "Elle était pleine de vie, toujours prête à faire rire les personnes autour d'elle. Elle avait un grand cœur et vous y aviez tous une place" Il aurait dit la vérité, elle avait un grand cœur pour pouvoir aimer mais, à force d'aimer sans retour des fissures apparaissaient sur le cœur en porcelaine. Si une transplantation n'était pas possible, peut-être qu'elle pourrait, comme le petit Jack, remplacé son cœur par une horloge. Mais, tout comme le petit Jack, elle ne pourrait renoncer à l'amour. Alors que faire de ce cœur... Malheureusement elle n'avait et n'aurait a jamais qu'un cœur et, du haut de ses 18 ans, son cœur avait autant de cicatrices qu'elle...