Livre de concours Wattpad

Texte 1: Une Histoire De Café

Concours : wattstonomique, Organisatrice: Dark light2112
Nombre de mots: 2050

La pluie tombe en trombe sur Paris. Sous le ciel grisonnant et nuageux, j'attends que tout se passe. Comme tous les enterrements, je reste immobile durant la mise en terre du cercueil dans le caveau familial. Je me trouve avec les membres de ma famille, les sois-disant amis et collègues de travail de ma défunte mère qui sont venus soit pour lui rendre hommage, soit pour se faire bien voir.

L'attente demeure interminable. Alors que tous ceux présents sont en train de pleurer, aucune larme ne me vient. Vous allez me dire que ce n'est pas normal de ne pas ressentir de la tristesse vu qu'il s'agit de ma mère. Je vais tout simplement vous répondre que vous ne pouvez pas me jugez, puisque vous ne vous trouvez pas à ma place.

Note relation a toujours été, comment dirais-je, compliquée. Mère célibataire, sans famille, elle m'a élevée seule depuis l'âge de mes six ans. Mon père, traître comme il est, nous a abandonné lâchement comme de vulgaires chaussettes. La principale raison, il a quitté ma génétrice pour une femme plus belle. C'est ce que m'a rabâché ma mère jusqu'à sa mort, même si j'en doute. La principale raison est tout autre, j'en ai l'intime conviction.

Même si ce n'était pas la plus belle femme de la ville, avec ses cheveux longs noirs grisonnants, ses yeux sombres qui ne recelaient aucune émotion, sa peau blanche parsemée de tâches noires, elle faisait son effet sur la gêne masculine. Néanmoins, elle cachait bien son jeu au niveau du caractère. Tout le monde disait en la voyant, qu'elle était généreuse, le cœur sur la main, rempli de grâce et de sagesse. La vérité demeurait tout autre. Moi seule la voyait et la supportait des années durant. Et à chaque fois, le masque tombait à la maison, loin des regards.

Chaque soir, quand elle rentrait du travail, elle s'allongeait sur le canapé, devant la télé. Rien d'autres ne comptait plus dans sa vie que ses séries préférées. J'avais beau avoir besoin d'elle pour mes devoirs, je devais rester silencieuse et la laisser tranquille jusqu'à la fin de son feuilleton.

Puis quand tout était terminé, elle se rendait dans ma chambre et lisait ce que je faisais. Comme je ne comprenais pas tout, il était parfois difficile de répondre aux questions posées de mes exercices, surtout quand il s'agissait de mathématiques, avec leurs problèmes biscornus. À chaque fois, qu'elle regardait attentivement mes lacunes, elle les faisait bien remonter à sa manière, c'est à dire, en disant sa phrase fétiche "Tu n'es qu'une idiote ! Comment se fait-il que tu ne comprennes rien ?". En réponse, je pleurais toutes les larmes de mon corps.

Elle me faisait comprendre que je n'étais qu'une cancre avec aucune intelligence, que je n'arriverais à rien dans la vie. Pour dire vrai, j'en avais vu de toutes les couleurs. Le soutien scolaire restait ma seule aide pour surmonter mes difficultés, mais à quel prix. Le comportement de ma mère demeurait inchangé à mon égard. Elle restait cette personne froide et colérique.

Bien plus tard, je compris les raisons de ses agissements. Fille de médecin, ses parents lui mettaient la pression pour qu'elle fasse tout pour le devenir. Elle bossait chaque jour sans relâche pour se faire, ramenant les meilleurs notes de la classe, l'élève parfaite. Elle arrivait à tout ce qu'elle entreprenait, ce qui ne l'avait pas empêché de se perdre. Après tout, elle vivait que pour ses parents, pas pour elle-même. Elle s'oubliait pour rester la meilleure.

Durant la dernière année de son Master, elle rencontra mon père qui venait de commencer le sien. Lui était tout l'inverse d'elle. Pas de prises de tête, il vivait au jour le jour. Il n'avait pas besoin de réviser des heures acharnées pour réussir. Quelque part, ma mère en était jalouse, ce qui ne l'avait pas empêché de se rapprocher de lui et de tomber folle amoureuse. Il lui avait montré une nouvelle facette de la vie, celle de vivre pour soi et pas pour les autres.