Chapitre 2

1 0 0
                                    

 J'arrive devant chez moi grâce à l'ambulance de l'hôpital. Mes parents ont préféré payer une dernière fois leur service pour être sur que mon cœur ne lâche pas sur la route. Mes quelques jours de liberté vont sûrement être moins libres que ce que je pensais. Mes parents s'étaient rendus à la maison la veille pour préparer mon retour, ils m'attendent devant la porte. Tout ce que j'espère c'est qu'ils ne m'ont pas fait une fête surprise pour fêter mon retour de courte durée, ce serait trop la honte. Je sors de l'ambulance, remercie les personnes qui m'accompagnaient et ferme la porte derrière moi. J'avance vers la porte de la maison. C'est très gênant. On dirait une de ces scènes où le malade rentre après la réussite de la chimio dans les films, sauf que moi, ça à foiré.

- Viens mon chéri, on à rangé ta chambre et fait les courses pour toi, ma mère me prend dans ses bras et je la sens trembler. Habituellement pas très tactile, je la laisse faire, je la laisse profiter du corps de l'enfant à qui elle à donné la vie tant qu'il en est encore possible.

L'avantage, de tout ça, c'est que je vais avoir au moins 5 capri-sun par jours. J'entre dans la maison et ne vois rien d'anormal, pas de banderoles de bienvenue, pas de gens cachés derrières les fauteuils. Ouf. Mon père prend mon sac contenant toute ma vie depuis 4 ans et le monte dans ma chambre. Je le suis. Une fois en haut des escaliers, je regarde encore tout autour de moi, ça fait un bail que je n'étais pas revenu ici. Je ressemble à un étranger en échange scolaire. Mon père dépose mon sac au pied de mon lit et ma mère me dit de prendre mon temps pour venir manger. J'acquiesce et les regarde sortir de ma chambre. Une fois partit, je m'allonge sur mon lit.

- Qu'est ce que j'étais bien ici.
Je sors mes quelques vêtements de mon sac, mon livre, mes magasines, mon chargeur et mon ordi portable. J'ouvre la fenêtre pour aérer et descends manger. Mes parents m'attendaient sans parler, c'était une ambiance très pesante mais je les comprenais. Je n'imagine pas à quel point ça doit être délicat de parler de son unique fils qui va bientôt clamser. La leçon, c'est de jamais ne faire qu'une progéniture. Le problème qui nous touche tous est ma maladie, mais celui qui me touche particulièrement c'est la situation, l'ambiance que cette dernière à installé entre moi et mes proches. Je me sens responsable de leurs tristesses, de la démission de ma mère, de la colère de mon meilleur pote et de ces regards compatissant qui se pose sur moi tous les jours. Je me sens coupable d'avoir été une priorité pour les médecins quand ils savaient très bien que c'était perdu d'avance. Je me sens coupable d'avoir noué des liens avec des gens plus incroyable les uns que les autres pour les briser d'un moment à l'autre. En fait, je me sens coupable d'avoir vécu une vie que je ne méritais pas, qui était inutile et qui ne m'a rien appris. Il faut que je me rattrape, il faut que j'aille de l'avant et que je sorte de ce monde en ayant accompli quelque chose pour moi, mais surtout pour eux.

Je me mis à table avec ses pensées qui ne cessaient de me hanter. Mon père avait préparé des lasagnes et ma mère m'avait mis un capris-sun sur la table.

- Bon appétit, dis-je en perçant ma boisson.
- Si tu en veux un autre tu me le dis, s'exclame ma mère.

- Tu sais comment me parler maman, dis-je en rigolant.

Durant le repas, ma mère et mon père discutaient des rénovations de la maison. Je sais bien que mes parents ne rêvaient pas de vivre ici et auraient préféré aller à l'étranger, ils se sont installés dans cette maison peu avant ma naissance pour que je sois autonome. L'école, le collège et le lycée étaient à 10 minutes à pieds, les commerces, boulangeries, arcades, salle de sport, restaurants et boutique indépendante n'étaient pas très loin non plus. J'aurais eu une adolescence incroyable.

Tout ce que j'espère c'est qu'ils rénovent la maison dans le but de la vendre, j'essaie de m'inclure dans leur conversation.

- Vous parlez de quoi ? J'étais dans mes pensées.

- On compte rénover la maison, me répondit mon père.
- Ah oui ? Je suis content pour vous, vous allez pouvoir vivre en Écosse ou à Hawaï !

Ma mère baissa les yeux

- En fait, continua mon père, on ne compte pas vendre la maison, encore moins une fois que... Enfin... Quand tu ne seras plus avec nous.
- Hein ? Mon visage se décomposa, ça allait recommencer.

- C'est trop compliqué pour nous fiston. Tu as passés ton enfance dans cette maison, ce sera le seul endroit où nous aurions l'impression que tu es avec nous.
- Mais ce ne sera pas le cas ! Répliquai-je.

- Elias tu...

- Non ! Non je refuse que vous continuiez à me prioriser toute votre vie. J'en ai marre de rendre tout le monde malheureux et encore plus vous. A cause de moi t'as arrêtés de travailler, dis-je en regardant ma mère. A cause de moi, vous avez arrêté de vivre ! Qui de nous trois va mourir et qui de nous trois va avoir la chance de vivre exactement ? Profitez de ce que l'on vous offre, on à pas tous cette chance comme vous pouvez le constater.

Je sors de table, énervé et triste. J'ai vu les yeux de mes parents se remplir de larmes. Ma gorge me serre, j'ai du mal à respirer. Ça m'a fais du mal de leur parler ainsi. Mais ils ont besoin de l'entendre. Ils doivent vivre après ma mort comme ils ne l'ont jamais pu depuis ma naissance.
Je m'enferme dans ma chambre et pour la première fois depuis quatre ans, je pleure. Je ne retiens pas mes larmes, mes cris, ma tristesse. Il fallait bien que ça sorte un jour. 

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jul 30, 2023 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Le dernier chapitreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant