Chapitre 1

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Je cours avec toute ma force voulant échapper aux chasseurs qui nous pourchassent mon père, ma mère et moi. Ils ont déjà réussis à éliminer une meute dont nous étions proches il y a quelques mois, il est maintenant temps qu'ils s'occupent de nous. À nous trois, nous formons une meute, mais nous ne sommes pas très puissant. Depuis que les chasseurs on décimé le restant du clan, nous passons la majorité du temps à fuir.

Je cours au travers des arbres le plus vite que je peux pour les semer, mais même avec ma vitesse surnaturelle, je n'y arrive pas. Je cours tellement vite que j'ai l'impression que mes poumons sont en feux et que mon coeur va sortir de mon torse. Je souffre, mais je refuse de les laisser gagner encore une fois.

À bout de solutions, nous décidons de nous séparer dans la forêt pour pouvoir mieux leur échapper. Nous pouvons toujours communiquer entre-nous grâce au pouvoir de télépathie existant dans une meute si nous en avons besoins. Je me retrouve donc seul, éloigné de ma famille, avec seulement mon instinct pour me protéger. Je ne cesse de regarder en arrière, vérifiant à quelle distance se trouvent mes prédateurs inquiet qu'ils réussissent à parcourir la courte distance qui nous sépare.

Je suis tellement anxieux et épuisé que j'ai l'impression qu'à chaque pas que je fais mes jambes vont céder et que je vais tomber par-terre, donnant ainsi la chance aux ennemis de me tuer.

Alors que je crois vraiment m'effondrer, les chasseurs s'arrêtent et font demi tour. Je ne comprend pas ce qui vient d'arriver, puisqu'ils étaient à deux doigts seulement de m'attraper. Tout cela n'annonce rien de bon.

Ma mère me rejoint par la pensée.

- Tout va bien de ton côté Ian? Les chasseurs ont cessé de me poursuivre, j'ai peur qu'ils aient un nouveau plan.
- Oui, tout va bien. J'avais la même inquiétude.
- S'il te plaît, reste sur tes gardes.
- Ne t'inquiète pas, je sais me défendre.
- Je le sais très bien, mais ce sont des chasseurs, pas d'autre loups. Ne tente rien de dangereux.

Je ne répond pas, irrité par le fait que ma mère croit que je ferais quoi que ce soit de stupide dans cette situation.

C'est elle qui reprit la conversation.

- Écoute Ian, ton père m'a rejoint, on se transforme puis en arrive. Reste bien où tu es.

Il y a une touche de regret dans sa voix, mais l'inquiétude domine. Je l'écoute, à contre-coeur et je reste planté au milieu de la forêt. Quelques minutes plus tard, mes parents apparaissent sous leur forme de loup. Pendant un moment on se fixe tous, ne disant rien. C'est mon père qui parla le premier, par télépathie.

-   Je vais aller faire un tour m'assurer que les chasseurs sont vraiment partis. Si il y a un problème, n'importe lequel, avisez moi.

Ma mère et moi on hoche la tête, en approbation. Il part ensuite, nous laissant seuls. Ma mère reprit sa forme humaine et je fais de même. Elle me regarde ayant l'air de chercher ses mots avant de commencer.

-   Tu sais, je savais que tu allais rester sur tes gardes, j'ai confiance en toi, je voulais simplement m'assurer que tu étais en sécurité car s'il t'arrivait quoi que ce soit, je ne me le pardonnerais jamais.

Nous commençons à marcher.

-   Je sais que tu penses avoir confiance en moi, mais ce n'est pas le cas. Vous m'obligez toujours à suivre vos plans, jamais vous voulez faire quoi que ce soit à ma manière. J'ai été entraîné pour savoir comment agir durant des moments semblables! J'ai l'impression que vous ne me ferez jamais confiance. Jamais comme vous avez fait confiance à Mika.

Elle s'arrête de marcher et me regarde le regard blessé. Dès que les mots sont sortis de ma bouche, j'ai voulu les reprendre. Mais il était trop tard. Plusieurs secondes passent avant qu'elle ne me réponde. Je n'arrive pas à nommer l'émotion sur son visage.

-   Nous devrions reprendre cette conversation à tête reposée lorsque nous seront hors de danger.

Elle se remet à marcher sans me regarder. Je veux lui dire que je suis désolé, que ce n'était pas ce que je voulais dire, mais il est trop tard et nous devons rester concentrés au cas où les chasseurs reviennent.

Dix minutes ont passées depuis que nous avons recommencé à marcher en direction du village de Gaplan. L'atmosphère entre ma mère et moi est toujours aussi tendue. Plus les minutes passent et plus je m'inquiète pour mon père qui n'a toujours pas communiqué avec nous. Je peux sentir que ma mère aussi.

Alors que je suis perdu dans mes pensées, j'entend un déclic. En une fraction de seconde, ma mère me pousse juste à temps pour que j'évite des dizaines de flèches. Je me lève le plus rapidement possible et j'aperçois ma mère couchée sur le sol, avec trois flèches dans son torse dont une qui semble s'être logée dans son coeur. Je cours vers elle et je me met à genoux à ses côtés. Alors que je prend sa main, une grimace de douleur déforme les traits de son visage. Je la lâche immédiatement.

Elle tourne légèrement la tête ,ce qui lui arrache un grognement de douleur, afin de me regarder. Même si elle fait de son mieux pour cacher sa souffrance, j'aperçois dans son regard toute sa douleur, ce qui me fait sentir si coupable. J'ai de la difficulté à respirer.

J'aurais du être plus attentif. J'aurais du être plus sur mes gardes. Peut-être que ma mère avait raison de ne pas me faire confiance après tout. Une larme s'échappe de mon oeil, sans que je ne puisse la retenir.

Je m'apprête à communiquer avec mon père mais ma mère me coupe.

- Ian, va t'en. Je les entend, ils sont proches. Si tu ne pars pas, ils nous auront tous les deux. Je ne peux pas mourir sachant que je t'emporte avec moi.
- Je ne peux pas partir sachant que je te laisse aux mains des chasseurs, je ne peux pas te laisser mourrir! Quel genre de fils abandonne sa mère?!

Ma mère verse également une larme.

- Va-t'en! Je te l'ordonne!

Une grimace de douleur lui déforme le visage. Je n'arrive plus à parler, ni à bouger. Je suis complètement figé. J'ai l'impression que mon corps ne m'appartient plus, que je ne suis qu'un spectateur de ma propre vie.

Mon père arrive en courant et se met à me secouer, mais je ne réagis pas. Il a l'air de plus en plus inquiet, les chasseurs arrivent surement. Même face à cette menace je n'arrive pas à bouger. À quoi bon?

Je sens soudainement un picotement dans mon bras, qui se prolonge dans tout le reste de mon corps. Mon père vient de me morde le bras, surement à bout de solution. Cela fonctionne puisque je reprend mes esprits et j'aperçois les chasseurs qui approchent dangereusement. Je me lève et mon père me tire avant que l'on se transforme en loup pour courir le plus vite possible.

Je ne suis pas certain d'avoir remarqué mon père faire ses adieux à sa femme. Mais, à cet instant, je suis certain d'une chose. Je dois courir vers Gaplan, avec mon père, laissant ma mère pour morte à nos plus grands ennemis.

Si j'avais été un peu plus attentif, elle serait encore avec nous.

Si je ne lui avais pas parlé comme je l'ai fais, elle serait encore avec nous.

Si j'étais comme Mika, elle serait encore avec nous.

La bête en moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant