32

27 3 0
                                    






-Tu peux me passer le sel s'il te plaît ?

Lino me regardait, surprit. Il ne s'attendait pas à ce que je lui adresse la parole de sitôt. En même temps, c'était compréhensible : je ne lui avais pas dis un seul mot depuis hier. Nous étions rentrés entre temps, sains et saufs dans notre petite maison.
J'avais enfin eu mon contrat avec Leïla. Je ne sais pas comment et au final, je ne voulais plus le savoir. Peut-être que Lino m'avait vraiment menti mais je m'en fichais. Je ne voulais plus m'attarder sur ces futilités.

-Oui, tiens.

Il me tendait le sel que j'attrapais sans le regarder. La situation était toujours aussi difficile et je prenais sur moi pour passer à autre chose.

-Donc... Tu me parles ?

Il était assis en face de moi, ses coudes posés sur la table et sa bouche cachée derrière ses poings. Étrangement, j'avais comme un air de déjà-vu. Ça me rappelait lorsque nous étions partis dans ce bar pour notre « date ». Mon cœur me piquait et je devais me racler la gorge pour refouler la tristesse qui commençait à pointer le bout de son nez.

-Je ne devrais pas ?

Il réfléchissait quelques secondes et je savais qu'il cherchait à attirer mon regard. Mais je ne pouvais pas. Je faisais de mon mieux pour ne pas avoir à le regarder. Du moins, pas dans les yeux.

-Si mais je ... Enfin... Pourquoi ?

Je posais mes couverts, mon assiette terminée.

-Je te parlais déjà lorsque j'étais sensée te haïr. Revenons-en simplement à ça. A moins que tu veuilles que je t'ignore ?

-Non, répliquait-il immédiatement.

J'hochais la tête et m'essuyais la bouche avec ma serviette. La conversation allait partir loin et je n'en avais aucune envie. Certes, je lui parlais mais ce n'était qu'en surface. Il était inutile qu'on ait des dialogues déchirants.

-Je pensais que tu le ferais.

-Mais je ne peux pas, soufflais-je en débarrassant mon assiette.

-Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Que si je le pouvais, je le ferais. Ça répond à ta question ?

Je perdais patience.

-Qu'est-ce qui t'en empêche ?

Cette fois, j'étais obligée de croiser son regard. Se foutait-il de ma gueule ?

-Le simple fait que je suis coincée avec toi.

Il fronçait les sourcils tandis que je débarrassais également son assiette.

-Je ne peux pas t'ignorer parce que nous vivons ensemble et qu'on est littéralement fiancés, que l'on le veuille ou non. Puis, surtout que si je commence a le faire ici, je ne me retiendrais pas pour le faire a l'extérieur. Sauf que comme tu le sais, on doit sauver les apparences. C'est tout, soufflais-je.

On pouvait facilement entendre ma lassitude dans ma voix. Au final, je commençais à m'adapter à ma situation.
J'étais fiancée à mon ancienne némésis, pour qui j'avais aujourd'hui des sentiments qui n'étaient pas réciproques. Mon père n'était pas mon père et je devais maintenant enquêter sur l'histoire d'une famille disparue.
Au final, je n'avais plus le temps de me préoccuper de mon « cœur brisé ». Et c'était tant mieux.

-Je vois.

Je ne répondais pas. Ça n'en valait pas la peine.
Je faisais la vaisselle tandis que Lino restait la, assis. Je le sentais me regarder. J'en avais des frissons et je me dépêchais alors de terminer ma tache pour m'enfuir à l'étage.
Une fois seule, je pouvais enfin respirer. Toutefois, le fait de me retrouver seule m'oppressait encore plus. J'étais assaillie par toutes mes émotions et je ressentais le besoin de m'enfuir. M'enfuir... C'était peut-être ce que j'aurais dû faire depuis le début. Aussi désespérant que cela puisse paraître, il n'y avait que le travail pour me faire penser à autre chose.

The Wolf On The LooseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant