Destins Croisés

Retour en enfance

Je me réveille sur un matelas moelleux mais étroit. Un canapé. J'aimerais rester sous cette couverture bien chaude éternellement mais un rire d'enfant m'enlève mon rêve. Je commence à le maudire quand je prend conscience de ma bouche pâteuse et de mon besoin d'eau après ma cuite d'hier -c'est un mal pour un bien. Je ne veux plus entendre parler d'alcool avant longtemps. Lorsque je me lève je tangue un peu et je me rend compte que je suis chez les garçons. Je tente de me rappeler le chemin qui mène à la cuisine.

Ce manoir est énorme !

Je suis le rire de l'enfant qui semble être une petite fille si j'en crois les aigus qui me parviennent. J'arrive enfin à destination quelques minutes plus tard. J'ai encore l'impression de marcher de travers et j'ai un mal de tête affreux.

Je ne rentre pas tout de suite. A ma grande surprise je trouve le grincheux en train de jouer avec la fillette au rire super aigu pour un lendemain de soirée. Ils ont tous les deux un sourire sincère mais celui du brun se fane dès qu'il m'aperçois. La petite remarque son changement de comportement et tourne la tête vers moi.

- Oh c'est la première fois que je vois une fille ici !

Elle descend de sa chaise et s'approche de moi. Elle doit avoir 7 ou 8 ans. Elle se retourne pour regarder le grincheux puis revient sur moi.

- Tu es la copine de mon frère ?

- Lui ? demandais-je en faisant un signe de tête vers celui qui a faillit s'étouffer avec son café

- Bas oui, lui, répond-elle comme si c'était évident

- Lina, la reprend le brun de sa voix grave

Quand elle se retourne vers moi elle se présente :

- Je m'appelle Lina, j'ai 8 ans et je suis la soeur de ce rabat-joie d'Alexander

Son franc parler m'arrache un rire.
Est ce qu'un enfant de cet âge là parle vraiment comme ça ou est ce que c'est une blague ?
Je réponds à sa poignée de main -effectivement elle a une petite main- et elle part en coup de vent sans attendre que je lui réponde.

Problème : je me retrouve maintenant seule avec le grincheux et un mal de tête énorme dans la gênance du moment.

- Remise d'hier soir ?

Est ce que j'ai bien entendu ?
Il me demande si je vais bien là ?

- Euh ça aurait pu être pire je suppose

Silence gênant, encore.

Je ne peut me détacher de son regard glacial. Il m'embarque dans son monde. Tout d'un coup il se lève et s'approche de moi, je recule pas reflex. Il remarque mon trouble alors il s'arrête mais me sourit comme si tout était normal alors que quelques jours avant il m'a littéralement menacé. C'est un sourire qui me paraît tellement sincère que je commence a me demander ce que j'ai fais hier soir.
Il refait un pas vers moi et attend de voir comment je réagis pour avancer de nouveau jusqu'à se trouver a quelques centimètres de moi.

- Je serais toi je ne boirais plus de ma vie, dit-il presque en chuchotant

- Pourquoi ?

- J'aime pas quand tu racontes toute ta vie

Sur ce, il s'éloigne. Me laissant là, seule avec cette phrase. Je pensais qu'il était devenu aimable autant pour moi il ne changera jamais. C'est une certitude même si je le connais peu.

°°°

1 heure plus tard

La sonnette retentit et je sais que c'est pour moi. Après cette discussion désagréable avec l'autre j'ai appelé Théo pour qu'il vienne me chercher. Il est toujours très réactif quand il s'agit de June ou moi et je ne le remercierais jamais assez pour ça surtout aujourd'hui. Je ne voulais pas prendre le risque de croisé les garçons et d'avoir plus honte que maintenant par rapport a tous ce que j'ai pu confié à des inconnus -c'est encore trop tôt pour qu'ils soient des amis.

Le retour à la maison se fait dans le silence même si je connais son avis concernant les garçons. June m'attend de pied ferme, elle veut qu'on aille faire les boutiques pour le bébé.

Arrivé au centre commercial, devant sa bonne humeur je ne peux pas lui refuser grand chose. Elle me traîne dans tous les magasins qu'on peut croiser. Autant des magasins de vêtements pour bébés -où on trouve des vêtements unisexes étant donné qu'on ne connait pas le sexe du bébé- que de lingerie contrairement au plan de base. Mais June ne suit jamais les plans de base, elle se laisse juste porter. Elle vit, elle vit pour ceux qui ne vivent plus même ceux qui ne sont morts que de l'intérieur. Elle est ma lumière au bout du tunnel. Elle est la soeur que je n'ai jamais eu et que je n'aurais pas.

Un cri m'arrache à cette pensée, elle se rue a l'intérieur d'un magasin de robes de soirée.

Je le sens mal

On passe au moins 2 heures à essayer, juger la tenue de l'autre, rire et jouer les princesses. Finalement elle repart avec une longue robe bustier bleu turquoise et moi avec une robe -qu'elle a soigneusement choisie pour moi- qui m'arrive a mis cuisse, noire avec des manches en tulle. Elle dit qu'on sera magnifique pour la futur fashion week.

Pour terminer cette journée, on va s'installer aux nombreuses tables disposées dans le centre des galeries marchandes. Elle me regarde avec ses yeux verts, me fait un clin d'œil et je sais quel sera notre prochain sujet de conversation : les hommes.

- Théo m'a dit qu'il était venu te chercher chez des garçons

Un serveur interrompt sa questions peu masquée pour prendre nos commandes.
Un café au lait pour elle et un thé pour moi.

J'attends que le serveur s'éloigne pour répondre :

- Je viens de les rencontrer, se sont a peine des amis

- Et la soirée d'hier alors ?

- C'était ... amusant ?

- Juste amusant ? Il ne s'est rien passé avec personne même pas des regards ?

- Et non faut croire que je les repousses plus que je ne les attires, c'est un signe, je lui souris même si je sais qu'elle ne lâchera pas

- On en a déjà parlé Eva, il faut que tu rencontres d'autre personnes pour espérer vivre avec ... tout ça, elle désigne "tout ça" par un roulement du poignet.

Je déteste quand elle prend ce regard de pitié, elle et Théo sont au courant pour tous ce qu'il s'est passé dernièrement même si je ne valide pas leur manière d'essayer de me surproteger depuis que c'est arrivé. Malgré que June me pousse à sortir et à rencontrer d'autre personnes -surtout des garçons- je sais qu'elle déteste quand je sors sans donner de nouvelles. Comme cette nuit, d'où la sortie shopping improvisé. Elle fait souvent ça pour tenter de me mettre a l'aise et que je me confie plus facilement. Comme une sœur.

- Je sais. Je sens que l'atmosphère devient lourde de non-dit mais je ne dis plus rien.

Quand le serveur apporte nos boissons le calme et la bonne humeur sont de retour. On sirote nos boissons chaudes en parlant des derniers potins qu'on cache à mon cousin, ceux qui ne l'intéressent pas même si je suis sur que June les lui racontent quand même.

On paie l'addition puis on se dirige vers le parking avec tous nos achats pour retrouver papy qui nous a déposé pendant qu'il allait chercher un cadeau pour mamie de l'autre côté du centre commercial. On rejoint la voiture avant lui, ce qui est plutôt curieux.
On trouve un papier coincé sous un essuie-glace.

"Tu n'y échappera pas, princesse"

***

COUCOU !

Je suis désolé du retard que j'ai accumulé dans l'écriture. Le lycée me prend du temps et ma santé aussi. J'essaierais d'être plus régulière pour les prochains chapitres.

Sinon que penser vous de l'altercation de notre grincheux avec Eva ?

INSTA: des_tinscroises

Je vous y attend ;)