Tristesse et bonne nouvelle

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J'ai l'impression que ces journées sont interminables. Jours après jours, je répète les même actions : me lever, manger, aller au travail, rentrer, manger et aller me coucher. Cela fait des années que je n'ai pas eu de réel contact humain. Tout ça, c'est à cause de cette maudite entreprise.

Joja a ruiné ma vie. Mais je n'avais pas le choix : soit je travaillais dans cette entreprise infâme, soit je me retrouvais à la rue.

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Je soupire en regardant l'écran de mon ordinateur qui affiche des données toutes plus complexes les unes que les autres. Mes yeux me brûlent, mais je sais que je dois continuer. Après tout, c'est la seule chose que je peux faire.

Je ferme les yeux et essaye de me détendre quelques secondes. Pourtant, ce sont quelques secondes de trop.

"Mademoiselle T/N est convoquée dans le bureau du directeur immédiatement."

J'ouvre grand mes yeux, réalisant mon erreur. La pause n'a pas encore été annoncée, je n'ai donc pas le droit de me reposer tout de suite. Je me dirige rapidement vers le bureau du directeur. J'aimerai vraiment en finir rapidement. Je frappe à la porte et attend patiemment qu'on m'autorise à entrer.

"Allez-y Mademoiselle T/N, entrez"

Je pénètre dans le grand bureau en verre de mon patron. Ce dernier est avachis dans son fauteuil en cuir, un sourire satisfait sur les lèvres.

"Bien, j'imagine que vous savez pourquoi vous êtes ici ?"

"Oui, et je souhaite vous présenter mes excuses quant à mon attitude"

"Voyez vous, ce n'est pas la première fois que je vous reprend en train de paresser au travail. Je suis un homme tolérant, mais je ne peux plus laisser passer ce genre d'actions. C'est pour cela que j'ai pris la décision de vous virer."

Je reste immobile, choquée par la décision qu'il vient de prendre. Un homme tolérant !? Je me suis reposé les yeux quelques seconde. Trois fois. Il n'a tout simplement pas le droit de me virer comme ça !

"Mais... Vous ne pouvez pas faire ça ! J'ai toujours été loyale à l'entreprise, je n'ai jamais eu d'absence ou d'arrêt maladie. Je vous en prie, ne me virez pas..."

"Vous savez mademoiselle, ce qui est intéressant lorsqu'on dirige l'une des entreprise de Joja, c'est que nous avons le plein pouvoir quant au sort de nos salariés. J'ai pris la décision de vous virer, et c'est irrévocable. Allez chercher vos affaires, et ne revenez pas"

Les larmes me montent aux yeux et je sors en trombe du bureau de mon ancien patron. Quel connard celui-ci ! Je cours vers mon bureau et regarde mon poste de travail. Tout bien réfléchis, je n'ai aucune affaire à moi ici. Enfin je  crois. Par acquis de conscience je jette un coup d'œil dans mes tiroirs, et étonnamment, je trouve une enveloppe à l'intérieur de l'un d'eux. En y regardant de plus près, je reconnais la lettre que m'avais confié mon grand-père. Je pensais l'avoir perdue !

Sans plus attendre, je quitte cet endroit maudit avec la lettre dans ma poche arrière. Je monte dans le bus, la tête basse et les larmes dévalant mes joues. Le jour que je craignais le plus venait d'arriver : j'avais tout perdu en moins de cinq minutes. 

Je descend à mon arrêt et commence à monter les cinq étages qui me séparent de mon appartement. Une fois arrivée, je referme la porte et m'effondre au sol en proie aux larmes. Je tente de reprendre mon souffle et essuie mes yeux qui sont maintenant rouges et bouffis.

Je me redresse et attrape la lettre qui est dans ma poche arrière. J'imagine qu'un peu de réconfort de la part de mon grand-père ne me ferait pas de mal. Je commence la lecture de la lettre et à mi-chemin, je me fige. Il vient de me léguer  sa ferme, la Sunset Farm.

Je m'assois sur mon vieux fauteuil pour me remettre de mes émotions. Cette ferme, c'était le rêve de sa vie ! Lorsque j'ai appris sa mort, cela m'avait profondément affectée. Il ne me restait que mon grand-père, et ce jour-là, j'avais tout perdu.

C'est pour cela que j'ai pris ce travail pourri, et pour cela que ma vie est devenue un cercle vicieux dans lequel j'étais prise au piège.

Mais à partir de ce soir, je compte bien reprendre ma vie en main. A partir de ce soir, ma vie va changer.




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Une nouvelle vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant