Altercation

64 6 9
                                    

Je ne sais pas quelle heure il est lorsque je me réveille, mais il fait déjà bel et bien jour dehors. Je me redresse et grogne lorsque je sens mes articulations protester. Note à moi-même : Ne plus dormir sur le sol.

Je me lève et constate qu'Abigail dort encore, à moitié par terre et à moitié sur son lit. Sa bouche est grande ouverte et je me retiens de lâcher un petit rire lorsque je l'entend ronfler.

J'attrape mes bottes et les enfiles, puis mon sac à dos qui contient encore mes minerais de la veille. Je sourie en constatant ça, et me dirige sans un bruit vers la porte de sa chambre. Je sors sans encombres, et traverse tout aussi silencieusement le magasin de Pierre tout en priant pour qu'il ne me remarque pas.

J'observe la porte d'entrée du magasin qui est seulement à quelques mètres de moi, et fonce aussi rapidement que possible vers cette dernière. Je sors pile au moment où Pierre réalise ma présence, mais il a à peine le temps de m'appeler que je suis déjà sortie. Je sourie et respire à plein poumons l'air de la vallée : ça me fait tellement de bien !

Malheureusement, je n'ai pas le temps d'en profiter que quelqu'un m'attrape le poignet violement. Je hoquette de surprise, et me retrouve nez-à-nez avec un Pierre qui semble plutôt en colère.

"Tu comptais vraiment partir de ma maison sans me dire au revoir !? Je ne te pensais pas aussi impolie T/P, tu devrais revoir tes manières. Ce n'est vraiment pas correcte pour une jeune fille de ton âge de se comporter ainsi !"

Ses paroles, qui en apparence ne semblent pas si déconcertantes me font l'effet d'un coup de poing dans le ventre : cet homme est vraiment horrible. Je me demande comment Abigail a fait pour le supporter toutes ces années.

Cependant, voyant que je ne répond pas, Pierre sert mon poignet plus fort. Je sursaute et gémis de douleur en même temps : il est malade !

"Je suis vraiment navrée Pierre, je ne voulais pas vous importuner ! J'ai énormément de travail à la ferme qui m'attend et je voulais m'y rendre aussi vite que possible..."

"Je n'ai que faire de tes excuses ! La politesse est une valeur que tu devrais avoir intégré depuis plusieurs années déjà ! Tu as 19 ans T/P, cesse de te comporter comme une enfant !"

Je serre les dents alors que le pression sur mon poignet commence à devenir presque insupportable. Alors que je sens mes larmes arriver, une personne s'interpose entre nous deux. Pierre lâche instantanément mon poignet et je me retrouve cachée derrière un garçon à la musculature imposante et aux cheveux châtains : Alex.

"Bonjour Pierre, comment allez-vous ? C'est une belle journée vous ne trouvez pas ? Je pense que vous devriez retourner dans votre magasin, les clients ne vont pas tarder à arriver."

Pierre essaye de contourner le garçon pour m'atteindre, et instinctivement, je me colle à lui. Ce type est un malade mental, j'en suis sûre maintenant. Cependant, le garçon bouge en même temps, me mettant hors de portée de l'homme furibond.

"Oh tiens, bonjour monsieur le maire ! Vous venez faire vos course ?"

Je tourne la tête et aperçois Lewis qui arrive d'un pas nonchalant. Il sourie lorsqu'il nous aperçoit, et je hoche la tête dans sa direction.

"Bonjour Alex, j'espère que tout va bien ici ! Je viens simplement faire ma visite au magasin pour m'assurer que tout va bien. Pierre, nous pouvons en discuter à l'intérieur ?"

"Bien évidemment. Suivez moi."

Pierre me jette un dernier regard de haine pure avant de rentrer dans son magasin. Je soupire de soulagement, mais la douleur dans mon poignet se fait de nouveau ressentir. Je lâche un petit gémissement de douleur, faisant se retourner Alex qui me fait maintenant face.

Il attrape délicatement mon poignet entre ses doigts et l'examine de près. Je reste immobile, ne sachant pas trop quoi faire dans ce genre de situation. Mais qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête de Pierre pour qu'il essaye de m'attaquer ?

"Je pense qu'on devrait immobiliser ton poignet quelques temps. Je ne pense pas que ce soit grave, je me suis déjà blessé de nombreuse fois en jouant au football, et j'ai déjà eu des blessures similaires. Tu serais d'accord pour me suivre ?"

Je hoche la tête et nous marchons en direction de sa maison. Je sais que je ne suis pas censée aller chez des inconnus, mais je me sens bien plus en sécurité chez ce garçon que je connais à peine que chez l'homme chez qui j'ai passé une grande partie de mon enfance.

Il m'ouvre la porte et me fais signe d'entrer. Je sourie bêtement face à son action : un véritable gentlemen ! Il repasse devant moi et me conduit à la cuisine, où je remarque une silhouette frêle que je reconnais instantanément : Evelyn ! Cette dernière nous remarque et vient immédiatement à notre rencontre.

"Oh T/P ! Je suis ravie de te revoir ! Comment vas-tu mon enfant ? La vie dans la vallée te convient ?"

"Pour l'instant, je suis assez contente oui. La vallée est vraiment magnifique et le village est tout à fait charmant."

Alex fait de nouveau son entrée dans la cuisine avec un rouleau de bandages dans la main. Je n'avais même pas remarqué qu'il était ressorti ! Evelyn le regarde interloquée, puis se tourne de nouveau vers moi.

"Tu t'es blessée ? Comment cela est-ce arrivé ?"

"Elle ne s'est pas blessée grand-mère, Pierre l'a blessée."

Evelyn écarquille les yeux et pose sa main sur la mienne (celle qui est encore valide bien sûr).

"Je sais bien qu'il n'est plus lui-même depuis l'arrivée de Joja au village, mais quand même ! Porter la main sur une enfant, c'est abominable !"

Alors comme ça, lui non plus n'aime pas beaucoup Joja ? Je déteste l'admettre, mais ça nous fait au moins un point commun.

"Ne vous en faites pas Evelyn, ce n'est rien ! Je suis sûre que ce n'était qu'un accident."

Pendant que nous continuons de discuter, Alex enveloppe mon poignet avec une grande précaution. Je l'observe faire du coin de l'oeil, et je remarque ses sourcils froncés alors qu'il semble se concentrer. Je sourie et continue ma conversation avec Evelyn. Finalement, ma première impression de lui n'était pas vraiment correcte : il semble être un garçon plutôt attentionné.

Alex me fait signe qu'il a terminé et je me relève aussitôt.

"Je suis désolée de m'être imposée comme ça, mais je dois vraiment y aller. J'ai du travail qui m'attend !"

Evelyn et Alex me font un signe d'au revoir et je les remercie une dernière fois. Ces deux-là sont vraiment adorables, je compte bien revenir un jour !

Alors que je m'apprêtais à repartir, j'entends le bruit d'une télé dans une autre pièce. Curieuse comme toujours, je m'avance discrètement et découvre un vieil homme dans un fauteuil roulant. Ce dernier me remarque et me dévisage avec un air peu aimable sur le visage.

"Qui es-tu ?"

"Je m'appelle T/P, je suis la nouvelle fermière du village."

Son visage semble d'adoucir un peu alors qu'il continue de me dévisager. J'ai la désagréable impression qu'il est en train de me juger.

"Moi c'est George, et je n'aime pas trop que des étrangers rentrent chez moi comme ça. Tu n'as pas du travail à faire ?"

"Si, justement je dois y aller ! Bonne journée monsieur !"

Je file sans me faire prier, et je regagne ma ferme en un temps record. Il est à peine 13h00, et cette journée était déjà mouvementée !



**(1246 mots)**

Une nouvelle vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant