3-De retour au cimetière... Ou presque...

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Une fois arrivé au cimetière, je ne vis aucun signe de vie. La lune était cachée par d'épais et broussailleux nuages gris. Je mis un pied dans le cimetière et une corneille cria, non loin de moi, ce qui me fit sursauter et lever mon poing en l'air, prêt à frapper. Je soupirai. J'ai besoin de me détendre...

Les corbeaux ne m'ont jamais dérangés, mais celui-ci ne me plaisait pas particulièrement et rendait l'endroit plus morbide encore qu'il ne l'était déjà. Je continuais à marcher jusqu'à ce que j'aperçoive une silhouette.

Lorsque je suis arrivé, la folle m'a regardé d'un air amusé marcher comme un imbécile (à cause de la plante merdique) et je lui ai fait une mine agacée ainsi qu'un doigt du milieu qu'elle a ignoré pour laisser place à un sourire encore plus large que le précédent. Miss Poncho m'énerve.

Elle me fit signe de la suivre pour arriver dans une tente à environ une quinzaine de minutes du cimetière. Il y avait deux gros coussins par terre et une table sur laquelle il y avait des cartes, une boule de cristal, un bol, une planche, des livres, des bougies et j'en passe... Elle me fit signe de m'asseoir sur un des coussins par terre et elle prit l'autre pour elle. J'étais sur mes gardes et si elle essayait de me droguer ou de m'enlever, elle aurait bien de la misère... Et pas seulement à cause de son âge.

«Je savais que tu viendrais... Si tu savais...» avait-elle murmurée pour elle-même en souriant. Je l'avais entendu.

Je savais que ce n'était pas très brillant, mais comme je l'ai déjà dit: je suis direct et n'ai presqu'aucune tactique... Alors même si j'aurais réfléchi à un truc hyper diplomatique, ma bouche, environ mille fois plus vite que mon cerveau, aurait tout de même dit: «Que suis-je sensé savoir? Que tu t'es droguée aux funérailles de ma soeur? Je m'en doutais!» lui dis-je en me levant vers la sortie avec une touche d'hostilité dans la voix. Elle me fit des gros yeux puis, alors que j'allais sortir, elle me nargua: «Tu n'aurais pas peur par hasard? Je t'ai vu surssauté à cause d'une corneille tout à l'heure... Tendu?»

Je me crispai devant l'entrée. C'était quoi ça? Une voyeuse? Je compris un peu plutard que la vieille était une ennemie redoutable... Elle avait touché mon point faible: elle venait de piétiner mon orgueil. Ma rationalité perdit le combat et mon égo prit le dessus: «De quoi tu parles?! Si tu tentes quelque chose, c'est pas comme si tu serais dure à maîtriser... Bon, c'est quoi ton truc avec les esprits?» dis-je en me refaisant une place sur mon coussin.

«Mmh? Le truc des esprits?» m'avait-elle répondu. Pénible, cette vieille. Elle ne cessera jamais de m'impressionner avec ses réponses simples et enquiquinantes. Si on peut appeler ça des réponses. Elle me fait la haïr de plus en plus à chaque seconde passantes... Vaut mieux faire ça vite avant que je ne pête les plombs.

Je me raclai la gorge: «J'ai les objets... À quoi vont-ils servir?» demandais-je. «En fait, ces deux objets vont te servir comme un localisateur et une porte d'entrée... -Une porte d'entrée?» la coupais-je. Elle continua comme si elle parlait à un abruti inculte et impertinent: «Oui, c'est bien ça: c'est pour voir où est Catherina et l'objet te donnera l'impression d'être avec elle...» J'écarquillai les yeux et ouvrit la bouche.

Hallelujah! Miss Poncho a tenu une conversation plus de cinq secondes en utilisant des paroles sensées! Elle remonte un peu plus dans mon estime...

Alors que j'avais à peine formulé cette pensée dans mon esprit, celle-ci fouilla dans sa poche, y sortit un mouchoir, l'ouvra et me le colla dans le front. «Je hais ce sourire niais,» me dit-elle avant d'enlever le mouchoir et de me laisser avec une substance collante sur le front.

Et moi, je la hais passionnément.

Je bouillonnais de rage agrémenté de dégoût. Aidez-moi quelqu'un, je sens que je vais commettre un meurtre...

Elle me fit un grand sourire. Mon poing s'éleva dans les airs, et juste avant que je le lui étampe dans la face elle me dit: «Tout doux jeune homme! Ce n'est pas... Ce que tu crois... Tu dois l'avoir pour voir où est ta soeur et pour communiquer avec elle...» fit-elle, ébranlée.

Je regardai le machin qu'elle m'avait mise sur le front dans le miroir vertical, à droite, dans le coin de la tente. Ça ressemblait à un mollusque difforme qui brillait d'une lumière surnaturelle. Surpris, je la touchai malgré les protestations de Miss Poncho: mauvaise idée. Lorsque je mis mon doigt dessus, un puissant choc électrique envahit mon corps entier et pendant un instant, j'ai cru que j'allais y rester. «J'aurais au moins essayée de t'avertir...» dit la folle au poncho. «Et n'essaie surtout pas de l'enlever une seconde fois, car le choc doublera en intensité,» enchaîna-t-elle en me voyant prêt à recommencer. Doublera en intensité? Je peux la frapper? «Ah! Tu ne pourras pas non plus l'ôter dans l'autre monde car sinon, tu risquerais de ne plus jamais pouvoir revenir...» continua-t-elle.

Je soupirai. «Ah... L'autre monde... Je l'avais oublié...» fis-je ennuyé. «Tu serais surpris de savoir que...» commença-t-elle avant que je l'interrompes: «Les esprits existent? Et les schtroumpfs?» Elle rigola comme si mon sarcasme était la meilleure blague qu'elle ait entendu: « Ces bonhommes bleus n'existent pas, non. Quel drôle de petit garnement! Maintenant, tu te tiens tranquille et je te conduirais jusqu'à Catherina, sinon, c'est la porte,» m'avait-elle dit sérieusement.

Il n'y a pas de porte, pensais-je.

Même si mon scepticisme était élevé, je me tus, intrigué de voir Miss Poncho bluffer de manière si convaincante. Elle prit les objets de ma soeur, les mis sur sa table basse et récita des paroles incompréhensibles: elle jouait bien la comédie, je dois le reconnaître. C'est alors que je fus pris de vertiges. Je me levai subitement, pris de nausée. «Non! Reste assis! Tu vas tout faire rater!» me dit Miss Poncho en se mettant debout, en face de moi, pour m'inciter à rester assis. Mais de quoi elle se mêle celle-là?Elle veut que je lui vomisse dessus? Je la tassa de mon bras, mais elle revint. Puis, pris d'un second vertige, je tombai.

Et puis plus rien. Tout devint noir.
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Que s'est-il passé? Aurait-il mieux fait d'écouter Miss Poncho? Mais au fait, pensez-vous qu'il va le garder longtemps son mollusque? Non non non, je vais trop vite là! Pensez-vous d'abord que le monde de Miss Poncho existe réelement ou elle est juste... Folle? Eh bien vous le découvrirez dans le prochain chapitre! Au plaisir de vous voir vous exprimer dans les coms/lire le reste!

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