Draconistes [TERMINE]

XXIII. Violence

Aëna

Ce matin, mon père est venu me chercher.

Je ne comprenais pas pourquoi il s'était senti obligé de venir, à essayer de me s'approcher de moi avec douceur, alors que je n'en éprouvais aucunement le besoin.

La chaleur de Japnar, lorsque je dors contre son corps métallique et massif, me suffit largement, comme tendresse.

— Aëna, mon enfant, réveille-toi.

J'émets un grognement de désapprobation. Je n'aime guère qu'on me réveille. Je dors assez peu, pourquoi me déranger pile à cet instant ?

— Si c'est pour encore me parler du scribouilleur, tu peux passer ton tour. Je désapprouve complètement sa venue, tu le sais. Et comme tu es passé outre ma volonté, je ne vois vraiment pas pourquoi je devrais encore m'occuper de lui !

Sandor Vent-vif soupirait. Cet homme massif n'entendait pas souvent un non lorsqu'il sollicitait quelqu'un.

En général, quand ça arrive, cela vient souvent de moi, d'ailleurs.

— Tu fais vraiment tout pour l'éviter, et pourtant, tu n'avoueras jamais qu'il attise ta curiosité, ma fille... tu as raison, je suis bien venu te parler de lui. Mais, promis, ce n'est pas pour que tu le chaperonnes encore. C'est juste pour te donner des nouvelles.

— Des nouvelles ? il est enfin redescendu de la Montagne ?

Je me sens enthousiasmée par la nouvelle. Cet étranger parmi nous me dérange vraiment, qu'importent ses capacités.

Mes espoirs sont pourtant immédiatement déçus quand mon père secoua la tête dans un soupir navré.

— Il faut que tu t'ouvres plus, Aëna. Tu files un mauvais coton à voir les gens d'en-bas comme des créatures si mauvaises.

Je lève les yeux au ciel, agacée, me levant pour trouver ma brosse afin d'arranger ma chevelure sombre emmêlée par la nuit.

— Les Dieux ont parlé durant la nuit de la tempête. Asthar est désormais sous l'œil de l'Aïeule. Ce qui veut dire...

— ...qu'il est devenu intouchable.

Je m'acharne sur mes longues mèches noires avec énervement.

Maintenant, il ne peut plus descendre. Je n'ai plus le pouvoir de le chasser.

Derrière moi, Japnar remue, attentif depuis la première seconde de notre échange.

— Je savais que cet humain était fait pour Boggan ! Je suis heureux pour mon frère !

Je me tourne vers lui et écarquille les yeux. Alors que je suis profondément dépitée, lui est pleinement satisfait ?! Je sais bien à quel point il chérit son frère de sang, et j'aurais voulu que Boggan trouve son bonheur ailleurs.

Mais à cet instant, je suis jalouse.

Asthar a satisfait mon frère-lié.

Je feule et cherche mon armure.

J'ai besoin de sortir.

J'ai besoin de voler.

J'ai besoin d'assouvir ma soif de violence et de cruauté.

*****

L'odeur des chairs brûlés, accrochés au métal, rempli mes poumons dans cet enfer rouge qui est le mien.