Un passé traumatisant. 

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Cléophée

-Tu n'es qu'une moche ! Une immonde GROSSE VACHE ! Qu'ai-je fait pour mériter une fille comme toi ? J'ai tout perdu à cause de toi, ABSOLUMENT TOUT ! S'époumona-t-elle en me gratifiant d'une violente gifle.

Recroquevillée dans un coin de ma chambre, je suis accablée par une douleur écrasante. Rien ne va, que ce soit à la maison ou à l'école. Tout le monde me rejette. Même ma propre mère me voue une haine implacable.

Le claquement de la porte de ma chambre me fait sursauter, signalant le départ de ma mère. Mes mains tremblantes traversent mes cheveux, que je serre fermement, balançant ma tête d'avant en arrière.

Moche.

Grosse vache.

Moche.

Grosse vache.

Moche.

Grosse vache.

Moche.

Pourquoi ? Pourquoi je suis comme ça ? Pourquoi ne suis-je pas normale ? Rien ne va chez moi, je me déteste profondément. Je me trouve laide, grosse, avec des cheveux horribles. J'aimerais tant être comme ces filles, avoir des amis sur qui compter, et avoir la même relation qu'elles avec leur mère.

Je me sens si mal-aimée, si délaissée, personne ne m'aime, personne.

Mes mains tirent de plus en plus fort mes cheveux, je cherche à ressentir une douleur physique pour oublier celle qui écrase mon cœur.

Le seul qui m'aimait est parti.

Mon père.

Mon père... Il me manque tant. La douleur est insoutenable.

La porte s'ouvre à nouveau, ma mère s'approche et se laisse délicatement choir sur le rebord de mon lit. Je demeure assise au sol, captivée par son expression légèrement troublée.

-Arrête de trembler, c'est bon. Je suis désolée, mais tu sais, toi aussi tu me pousses à bout.

********
Le jour suivant, au collège.

L'horloge marque midi, et je suis là, assise solitaire sur un banc, au milieu de la cour de récré, croquant dans une pomme avec préoccupation.

D'un coup d'œil furtif, j'aperçois un groupe de quatre filles qui s'installe bruyamment sur le banc vide à ma gauche.

-La soirée pyjama chez moi ce soir, les filles, je suis tellement impatiente ! Ça promet d'être super amusant ! S'exclame l'une d'entre elles avec un sourire radieux.

Mon cœur se serre à l'entente de ces mots.

Comme j'aurais aimé être invitée à cette soirée pyjama, partager des rires et des confidences. Comme j'aurais aimé avoir des amies à qui me confier.

Cependant, ce qui suit dans la conversation ajoute une touche d'amertume à ma peine.

-Hier, je suis allée faire du shopping avec ma mère, et je me suis offert des vêtements vraiment magnifiques ! Je vais tout vous montrer ce soir. Ma mère est vraiment géniale, on a une relation incroyable, comme avec une meilleure amie, raconte-t-elle avec un éclat de bonheur dans les yeux.

Mon cœur se contracte si fort que j'ai l'impression qu'il pourrait se briser en mille morceaux à tout moment.

Pourquoi pas moi ? Pourquoi je n'ai pas droit à ces moments de complicité et de partage avec ma mère, qui semble être tout pour cette fille ?

L'absence de réponse me plonge dans une mélancolie profonde, une tristesse lancinante qui imprègne chaque recoin de mon esprit, m'envahissant de son poids.

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