Les Gardiens des Mondes Infinis, tome 1 : Les Portes de l'Éveil

Chapitre 2

L'adolescent n'avait aucune idée de la manière dont son père pouvait se permettre une telle intrusion. Personne ne pouvait forcer une communication venant de l'extérieur. Il resta perplexe, mais son père ne lui laissa pas le temps de s'interroger davantage à ce sujet.

— Ulysse, c'est important ! cria-t-il sans lui laisser le temps de se plaindre et de dénoncer le caractère intrusif de sa démarche.

— Pap... !

— Tais-toi et écoute-moi ! Quitte tout de suite ton satané jeu vidéo ! Je sais bien que tu n'es pas à l'école ! Nous n'avons pas de temps à perdre, affirma-t-il en regardant à plusieurs reprises autour de lui.

Il se tut et décida de l'écouter tout en restant immergé dans Les Mondes Infinis.

— Bien, je t'écoute. Dépêche-toi, papa !

— Il faut que tu saches la vérité. Je ne suis pas un simple informaticien. Je travaille depuis des années sur des projets secrets qui pourraient révolutionner notre monde. Malheureusement, des personnes mal intentionnées ont compris que j'approchais de la fin de mes recherches. Ils n'ont plus besoin de moi et veulent utiliser ma découverte à mauvais escient.

— Qu'est-ce que tu rac...

— Laisse-moi finir, je n'ai pas le temps ! Ils vont... Les lunettes que tu portes, je les ai fabriquées, tu te souviens ?

— Oui, tu me les avais offertes pour mon dixième anniversaire, répondit-il sous le regard médusé de Wolkaiw.

— Bien, je dois t'avouer que je m'en suis servi pendant ce temps pour cacher des dossiers. Tout mon travail est répertorié dans la mémoire interne de tes lunettes. Tout, absolument tout !

— Tu veux que je détruise ces données ?

— Non, surtout pas ! Un portail a été ouvert, tu dois le refermer d'abord. Actuellement, une passerelle relie notre monde à un autre. Ils ne doivent pas y avoir accès.

— Papa, je suis un gamin de douze ans !

— Tu es la seule personne en qui j'ai confiance ! Tu es mon héritier, Ulysse. Je crois en toi, confessa-t-il, sans le regarder droit dans les yeux, trop occupé à sursauter au moindre bruit à proximité de son bureau ou plutôt de l'abri dans lequel il se terrait.

— Je... Que veux-tu que je fasse exactement ?

— Écoute-moi attentivement. Tu portes la clé qui permet d'accéder au contenu intégral de mes travaux. Ainsi, tu seras libre de les poursuivre dans ton nouveau monde.

— Je porte la clé ?

— Oui, elle est dans le pendentif de ta mère que tu ne quittes jamais.

Sans transition, il releva sa paire de lunettes sur son front et disparut des Mondes Infinis, au grand dam de Wolkaiw. Ses yeux se baissèrent vers le col de son t-shirt blanc alors que ses doigts exhibaient la relique qui constituait le seul souvenir de la femme qui l'avait mis au monde. Un vestige d'une époque révolue que sa mère lui avait légué auparavant. À dire vrai, Ulysse n'avait jamais pensé à l'ouvrir. Et voilà qu'il faisait sauter le petit crochet qui retenait l'une des deux faces de la montre factice.