Chapitre Premier.

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Nous avons tous des rêves, parfois inaccessibles parfois simples à réaliser. Mon rêve est de devenir le plus grand journaliste au monde. Je reconnais que j'exagère sûrement en disant que j'aimerais devenir le meilleur. Cependant, nous ne devons jamais perdre espoir, surtout quand il s'agit des rêves.

Pour l'instant, tout ce que je souhaite c'est d'obtenir un job car il n'est pas simple de survivre dans la plus active des villes, sans emploi.

Je vis depuis maintenant deux ans avec mes meilleurs amis dans un petit studio à Brooklyn. Ce n'est pas très rassurant de nuit mais on s'y fait très rapidement. Rose vient tout juste de sortir de l'une des académies de chant les plus prisées de toute l'Amérique, une académie dramatico-musicale hautement réputée pour ses nombreux talents. C'est une excellente chanteuse. Jason est tout le contraire. On le supplie d'arrêter de chanter pour ne plus entendre sa voix discordante. Alors que Rose et moi sommes fraîchement diplômés, notre cher ami est encore à l'université. Nous ne savons pas réellement ce qu'il y fait. Comment vous dire que notre collocation est assez étrange voire même atypique.

***

Lundi. Le réveil sonne. Il est 6 heures du matin. Le regard encore en train de visualiser mes rêves de la nuit, je pose délicatement ma main sur cet engin qui produit une sonorité aiguë et agressive. Je ne suis pas le genre de garçon à être brusque, prêt à casser tous les objets qui me tombent entre les mains à la différence de Jason qui s'en donne à cœur-joie. Me redressant, je sors de l'étreinte de mon lit : cette prison chaude et si moelleuse qui nous empêche de nous lever. Pénétrant dans la salle de bain, je me mets sous la douche et laisse couler l'eau chaude.

Simple rituel. Toujours le même. Je me lève, je me lave, je me prépare et je vais courir dans les grandes avenues de la Grande Pomme trouver un semblant de job. Mais ce matin c'est différent : j'ai trouvé le job, celui qui fait rêver. Il y a une semaine quand un brin de courage me possédait, j'ai déposé ma candidature dans la plus grande maison de presse du pays à savoir « The New York Times ». Et à croire le reçu que je possède entre mes mains, j'ai pu dégotter un entretien ce matin à 9 heures.

Je m'observe un instant devant la glace. Ma taille normale m'offre un corps mince et finement musclé. Par comparaison, je ne fais pas le poids face à Jason. A vrai dire, lui qui fait du sport sa passion, je ne détiens pas un corps très athlétique.

Je m'habille enfin. Je regarde le ciel à travers la fenêtre de la chambre. Il est dégagé et laisse passer de nombreux rayons de soleil qui feront de cette journée de printemps une journée agréable à vivre. Ensemble noir, chemise blanche et sacoche en cuire, le tout signé Zara. La sacoche sur l'épaule droite, je me dirige vers la porte d'entrée. Rose dort encore, elle travaille de nuit pour payer une partie du loyer, dans un petit restaurant en tant que serveuse. J'aurais aimé dire que Jason dormait parce qu'il a travaillé toute la nuit. Malheureusement, nous ne savons guère ce qu'il trafique durant ses escapades nocturnes.

Me voici dans les rues de New York. Il est à peine 8 heures que la foule remplie déjà les avenues, les taxis bouchonnent le trafic, les bouches de métro rugissent et la ville se réveille, seulement. Je me déplace rarement à pied. Pourquoi perdre du temps à marcher alors que nous avons mille possibilités d'accéder à l'endroit où l'on souhaite aller en transport ? Je rentre dans le métro et y sort une quinzaine de minute après. Il me suffit de traverser quelques rues pour arriver devant un grand immeuble vitré.

C'est simple de ne pas se tromper, un énorme « The New York Times » règne en haut de l'immense porte. Je n'arrive pas à y croire. Je suis devant le bâtiment qui modifiera sûrement ma vie, celle que j'ai essayé de construire petit à petit, malgré les obstacles qui se sont dressés devant moi et les difficultés encourues. Je pousse la porte transparente et me dirige à l'accueil où une charmante femme m'adresse la parole.

- Bienvenue au New York Times. Que puis-je pour vous ?

- Bonjour. J'ai un rendez vous avec Monsieur ...

J'avais pourtant lu une centaine de fois cette lettre, léché avec mes yeux chaque lettre, chaque mot et chaque ponctuation mais je n'avais pas remarqué cela.

- ... Darius Jackson.

Ce nom résonne comme un écho dans le Grand Canyon dans ma tête. Pourquoi n'y avais-je pas fait attention plus tôt ? Darius Jackson est l'un des journalistes les plus connus de cette planète. J'exagère encore. Ce qui est sûr c'est qu'il est connu dans le monde du journalisme pour ses talents de jugement.

- Oui, patientez deux minutes, je vais prévenir sa secrétaire.

Elle prend son téléphone et parle à la secrétaire de monsieur Jackson. Son visage est clair et semble positif. Elle me regarde et dresse un petit rictus agréable.

- Prenez l'ascenseur et arrêtez-vous au 40 ème étage. Sa secrétaire s'occupera alors de vous.

- Je vous remercie.

J'affiche à mon tour un sourire avant de m'avancer vers cet ascenseur. La poigne sur la bandoulière, je rentre dans l'engin, le stress à son plus haut point. Au moment où les portes s'apprêtent à se fermer, un imbécile glisse sa main et force la fermeture pour ainsi pénétrer dans ce petit espace. Je ne porte pas mon regard sur cet homme. Je dois contrôler ma nervosité. L'angoisse de me retrouver devant l'idole de nombreuses personnes fait trembler mes mains, faisant par ailleurs augmenter l'afflux sanguin vers mon cœur qui se met à battre davantage.

- Vous passez un entretien je présume.

Au moment où une voix grave résonne dans la petite cage en ferraille, je relève la tête précipitamment. Perturbé, j'ouvre légèrement la bouche mais rien n'en sort.

DannyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant