Chapitre Sixième.

28 2 1
                                    


  Ce matin je m'étais réveillé une heure à l'avance, ce qui me permit d'avancer dans mon travail de la journée. La brume avait recouvert la ville. Les buildings cachaient leur bout de leur nez, préférant dormir au lieu de subir la circulation matinale new-yorkaise. Habillé d'un jeans noir, d'un tee-shirt blanc et d'une simple petite veste chic, je sortais, le sourire gai de la bouche du métro. Commencer une heure avant m'a fait pousser une énorme motivation si bien qu'elle fut décuplée quand je vis la Lamborghini de Brody pénétrer le garage de l'immeuble.

Élisabeth était déjà assise à son bureau. Elle était l'une des seules à être présente à cette heure. Lui posant délicatement un café sur son bureau, elle me remarqua que cinq minutes après.

- Oh tu es là mon chou !

- Oui je me suis levé une heure à l'avance et donc je suis venu direct. Tu bosses sur l'ouverture catastrophique de la bourse ?

- Non. J'aurais bien voulu mais c'est l'équipe de la pétasse au fond qui s'en occupe. Je m'avance sur mon devoir.

- Tu t'avances ? C'est cool. Bon, j'ai vu que Ashley était déjà arrivée donc je vais lui donner mes articles.

- Bon courage Dannou.

Je fuyais ce surnom puéril qu'elle m'avait si gaiement donné. Les dossiers à la main, je pris l'ascenseur afin de monter au 40eme étage. A chaque fois que je prenais cet ascenseur je repensais au merveilleux sourire que Brody m'avait adressé le premier jour de ma venue, soit au début de la semaine. Les portes s'ouvrirent sur l'étage consacré aux dirigeants. L'odeur du café et du cuir me frappait à chaque fois que je pénétrais dans ces lieux.

Le bureau de Brody était fermé. Intrigué par le bruit, je m'avançais vers le bureau d'Ashley. La porte était entrouverte. Des bruits suspects émanaient de cette dernière. Posant ma main sur celle ci pour l'entrouvrir un peu plus, je surpris Ashley et Brody, l'un contre l'autre, en train de se rouler les plus gros baisers jamais vus. La scène virait à l'érotisme. La chemise blanche de Brody était ouverte, donnant un accès sur son torse fabuleux, un torse qui fut évidemment dévoré par sa femme qui voyait son parfait chignon mourir sur le côté. Stupéfait par les images que je vis, je préférais poser les dossiers devant la porte et échapper à ce carnage en reprenant l'ascenseur.

Mon sourire s'était dissipé quand je revins à mon bureau. Ces images défilaient sous ma vue. Cet homme si parfait et cette femme atroce, l'un contre l'autre, leurs mains cherchant un endroit où se poser, leurs lèvres de dévorant ... Malgré mon sérieux constant, Elisabeth le détecta de suite.

- Qui a t-il ? Elle t'a renvoyé bouler ?

- J'aurais tellement aimé mais non.

Les images de leurs fougueux baisers défilaient devant mes yeux alors que mon écran d'ordinateur s'éveillait. Je repensais au déjeuné qu'on avait passé lui et moi la veille dans Central Park ainsi que ses mots rassurants et flatteurs. Tout ceci partait en fumée à cause de cette femme qui faisait croître ma haine.

- Que s'est-il passé Dan ?

- Brody et Ashley en train de copuler ? T'y crois-toi ?

- Oh, seulement ça ? On les a tous vu en train de s'embrasser. C'est un rituel : tous les matins pendant une heure on les voit se reproduire. Parfois ça dure dix minutes parfois plus d'une heure. D'ailleurs il paraît qu'il fait très bien l'amour.

Chaque mot qu'elle prononçait me foudroyait. Ils s'acharnaient sur moi comme des centaines de coup de poignard. Je n''étais pas du genre à souffrir extérieurement. Comme je l'ai dit précédemment, j'ai su construire une muraille autour de mon cœur. Cependant cette muraille avait un faible et il s'appelait Brody Jackson.

***

Depuis ce jour j'essayais de rentrer plus tôt ou largement plus tard pour éviter de croiser Brody. Je ne voulais plus le voir. C'était mieux ainsi. Rose m'avait conseillé de l'ignorer pour ne pas voir des sentiments naître. Jason, romantique de souche, m'avait préconisé « de jeter sa femme au delà du quarantième étage et d'aller baiser Brody ».

Quatre semaines s'étaient écoulées depuis que je les avais vus s'embrasser langoureusement dans le bureau de Madame Jackson. J'avais passé ces trois semaines à bosser sur l'article si bien qu'Élisabeth le comparait à un article de type rang B. Elle m'avait même demandé des conseils concernant la texture de mes articles et leur fluidité remarquable. Mais comme à toutes épreuves c'était le moment du résultat.

Nous nous retrouvions tous dans une grande pièce à quelques étages du rez-de-chaussée. Ashley avait demandé aux sélectionnés de venir après le travail à 18 heures pour assister à la remise des passages. J'étais heureux à l'idée de passer au rang supérieur mais malgré ma confiance certaine j'avais tout de même peur de ne pas être le premier des vingt admis.

Brody était là avec sa femme. Il tenait avec lui vingt cartes avec sûrement les noms des admis au rang B. Nous étions cent à tenir dans cette salle à attendre la révélation. Le sourire dressé mais faux, je vis Brody me regarder avec insistance. Il était sûrement déçu et en colère d'avoir été ignoré pendant un mois et je pouvais le comprendre. Ashley s'avançait. Elle était vêtue d'une magnifique robe bleue ciel, une robe tout aussi sexy que sa posture droite et convaincante. Son mari avait quant à lui un simple costume noir. Son sourire n'était pas aussi profond, il devait sûrement m'en vouloir plus que je ne le crus.

- Bienvenue à toutes et à tous. Comme vous le savez déjà, si vous êtes réunis ici c'est que vous avez été sélectionnés pour avoir la chance, peut-être d'accéder au rang supérieur. Trèves de bavardage. Commençons.

Le silence se marquait dans la salle. Brody continuait de me fixer. J'avais beau me faire violence je n'arrivais pas à ignorer ses yeux sous marin m'observant.

Ça y est. Ma fabuleuse patronne desservait les admissions au nouveau rang B. Elle s'occupait de prononcer les noms et Brody de remettre les admissions tout en serrant la main aux heureux élus. Il ne restait plus que trois places et je n'étais pas encore appelé.

- Justin Grieffield.

Deux places encore libres pour être rang B. Je n'étais pas inquiet, j'étais même excité car la compétition était rude et dangereuse. Je regardais Brody une dernière fois. J'essayais de lire dans ses pensées pour voir si je paraissais dans la liste.

- Bryan Mchall.

Une seule place, la meilleure, la plus majestueuse. Là je commençais à stresser. A douter de mes compétences. J'avais peur de ne pas savoir me relever si je venais à ne pas être qualifié. Cependant Brody me rassura. Je ne sais comment mais il avait réussi.

- Et la première place est décernée à...

Je fermais les yeux.

- Monsieur Danny Brooks. Félicitation !

Jouissance. Oui c'était moi. La pression chutait et je me sentais puissant, remercié après le travail que j'avais effectué durant tout ce mois. Je fis quelques pas devant Brody. Il était toujours aussi puissant et grand. J'aurai pu l'embrasser devant tout le monde, lui prouver que je n'étais pas qu'un simple employé travaillant pour sa boniche de femme. Il me tendit le carton avant de me tendre une main.

- Félicitation monsieur Brooks.

Sa fine barbe de quelques jours me fit frémir. Il éveillait une certaine excitation chez moi même s'il copulait sa femme tous les jours. Ainsi ses lèvres se posaient à quelque millimètre de mon oreille afin de me glisser quelques mots discrètement.

- Rejoignez moi à 22 heures en bas de chez vous. Soyez à l'heure et je vous conseille fortement de ne pas manquer ce rendez-vous.

Je n'avais eu le temps de lui répondre que j'étais déjà à plusieurs mètres de lui, les applaudissements rompant le silence froid de la pièce.

***

DannyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant