1 - La confiance dans un sourire

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Dans la tête de Zayn – 2 ans et quelques mois

Je suis en train de m'endormir, blotti dans les bras réconfortants de ma grand-mère. De mes petites mains, je maintiens ma couverture noire contre mon visage. Je ne m'en sépare jamais... Mamy dit que c'est ma maman qui l'a tricotée. Je ne comprends pas pourquoi elle semble toujours triste quand elle parle d'elle. Tante Abby me répète souvent que Maman m'aimait plus que tout au monde. Elle dit aussi qu'elle sera toujours près de moi et que, si elle me manque, je n'aurais qu'à regarder le ciel pour sentir sa présence. Si Maman est toujours avec moi, je n'ai pas de raison d'être triste. En plus, je préfère sourire... Parce que, lorsque je souris, Mamy et Tante Abby sourient aussi.

Mon père, lui, il ne sourit jamais. Je crois qu'il ne m'aime pas... Il dit tout le temps que c'est à cause de moi que Maman est partie. Mais, ce n'est pas vrai, je le sais ! J'aime ma maman alors, je n'aurais jamais fait exprès de l'éloigner de moi. Non ! Je crois seulement qu'il ne m'aime pas parce que Maman est toujours près de moi. Elle ne va jamais avec lui...

- « Mets toutes ses affaires dans un sac poubelle, ordonne mon père, s'adressant à Tante Abby. Je ne veux plus aucune trace de sa présence dans cette maison.

- Tu ne peux pas faire ça... C'est ton fils ! Ma sœur n'aurait...

- Ta sœur est morte !! Ce gosse l'a tuée ! Il va aller dans cet orphelinat et aucun d'entre vous n'a son mot à dire !

- Tu ne peux pas nous l'enlever ! Supplie Mamy. Nous pouvons nous en occuper...

- Il m'a enlevé ma femme... Il ne mérite que la solitude ! J'aurais préféré qu'il meure à sa place... »

Mamy me serre plus fort encore, tout en me berçant. Je sens ses larmes tomber contre ma peau. J'ouvre les yeux, me redressant pour regarder son visage. Remontant ma main sur sa joue, j'essuie les gouttes qui ne cessent de couler. Tante Abby fait comme ça avec moi, je crois. Je voudrais lui dire qu'il ne faut pas être triste. Maman est toujours avec moi. Toujours ! Je le sais... Mais, le seul mot que j'ai prononcé depuis ma naissance, c'est Maman... Je ne l'ai dit qu'une seule fois. Et, mon père s'est mis très en colère. Alors, je ne parle plus. Je ne veux plus le voir aussi fâché... J'ai eu très très peur.

Tante Abby demande à Mamy de venir avec elle. Tout en me gardant dans ses bras, ma grand-mère se lève pour suivre sa fille jusqu'à ma chambre. Je pose ma tête sur son épaule, serrant ma couverture contre mon corps. Tous mes vêtements, mes couches et mon ours en peluche atterrissent dans un grand sac noir. Depuis le salon, mon père crie à Tante Abby de se dépêcher. Quand elle a terminé de vider tous les meubles de ma chambre, nous retournons près de lui.

- « Tout est là-dedans... S'il te plaît, laisse-nous l'emmener. Tu n'auras plus à le voir...

- Vous allez me mettre en retard avec vos conneries... Je vous laisse deux minutes pour lui dire au revoir. »

Mon père prend le sac que tenait Tante Abby puis, il quitte la maison. Est-ce qu'il va jeter mon nounours ? Je n'ai pas le temps de m'en inquiéter. Les pleurs de ma Tatie et de Mamy résonnent très fort. Toutes les deux m'enlacent dans une étreinte qui me coupe la respiration. Je crois que si elles me serrent si fort, c'est parce qu'elles m'aiment... Un sourire heureux apparaît sur mon visage. Je les aime, moi aussi. Mamy me pose sur le sol au moment où mon père revient.

- « Sortez de chez moi. Nous devons y aller. Et, non ! Vous ne venez pas avec nous. »

Tante Abby et Mamy tentent de le convaincre mais, il continue de refuser. Sans douceur, il m'attrape par le poignet pour me faire sortir de la maison. Il ouvre la portière de la voiture et je monte sur le siège. Tante Abby vient près de moi et tire sur la ceinture pour bloquer mon corps. Elle dépose plein de bisous sur mes joues et, comme toujours, je lui souris. À plusieurs reprises, elle et Mamy me répètent qu'elles m'aiment très fort. Et, ces quelques mots suffisent à maintenir la sensation de sérénité qui règne en moi, même lorsque nous nous éloignons de la maison.

Mon Cœur OrphelinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant