Épisode 2

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Beca était dans le couloir de l'hôpital depuis au moins une demie heure, mais elle avait l'impression que ça faisait beaucoup plus longtemps. Les médecins avaient voulu voir si tout allait bien avec sa meilleure. La brune trouvait ça idiot d'ailleurs, comment tout pouvait bien aller ? Si c'était le cas, Chloé n'aurait pas eu envie de quitter ce monde...
 
- Elle est réveillée depuis longtemps ?
 
Les parents de la jeune rouquine venaient d'arriver. Beca les avait appelés. Ils étaient sortit pour manger un peu, ou au moins essayer. La brune leur avait dit qu'elle veillerait sur leur fille et qu'elle les préviendrait s'il y avait du nouveau. Dix minutes environ après leur départ, Chloé s'était réveillée. Alors quand les médecins l'avait faite sortir de la chambre, Beca avait tenu parole.
 
- Environ 40 minutes. Les médecins sont à l'intérieur avec elle. Ils ont dit qu'ils appelleraient quand on pourra aller la voir. Expliqua la brune.
- Et... elle... elle a dit quelque chose avant que tu te retrouve dans le couloir ? Demanda la mère de son amie.
- Non...
 
Ce n'était pas complètement un mensonge. Car ce que les parents de Chloé voulaient savoir, c'était si oui ou non, leur fille avait tenté d'expliquer son geste. Elle n'avait rien dit à ce sujet... Hors, les autres mots qu'elle avait prononcés, tournaient en boucle dans la tête de Beca, comme un disque rayé. « Je t'aime Beca... »
 
- Je... J'ai besoin d'air...
 
Quelques minutes plus tard
 
Les médecins sortirent enfin de la pièce, et quelques secondes plus tard, ses parents prirent leurs places. Elle leur sourit pour les rassurer, mais bien naturellement, ce n'était pas assez. Sa mère fondit en larmes et s'empressa d'aller la serrer contre elle.
 
- Oh mon bébé ! Oh mon Dieu ! J'ai eu tellement peur... Je... J'ai eu... Mais enfin, pourquoi tu as fait ça ?  Hein ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui t'as poussée à vouloir en finir ? Parles-nous enfin !
 
Mais Chloé restait muette. Elle ne savait pas quoi dire. Elle avait peur aussi. Horriblement peur de parler. De ce qui pourrait arriver si elle en parlait enfin à quelqu'un. Cet homme... il lui avait toujours dit que si jamais elle parlait... Beca lui en voudrait, et qu'elle la perdrait. Alors, en grandissant avec cette idée dans la tête... elle en était désormais persuadée. Et elle ne voulait pas perdre la seule personne avec qui elle se sentait encore un minimum... en vie... la fille qu'elle aimait, et qui faisait battre son cœur... La fille qui était... absente ?
 
- Elle est où Beca ?
 
Chloé vit regarder son père, comme si elle était déçue, ou... vexée ? Peut-être que c'était normal, après tout... cette femme avait faillit perdre sa fille. Elle venait de la retrouver, et elle lui demander des explications. C'était son droit en tant que parents d'en avoir. Seulement... les premiers mots que sa fille lui adressait, c'était pour savoir où était sa meilleure amie...
 
- Elle a eu envie de prendre un peu l'air. Tu veux que je l'appelle ? Demanda son père.
- Oui, s'il-te-plaît...
 
Il lui sourit et sortit son téléphone de sa poche. Sa conversation fut très brève, et quand il raccrocha, il ne fallut pas plus que deux minutes pour que la porte de la chambre s'ouvre à nouveau. Cette fois c'était bien elle, sa petite brune... Et elle regardait en souriant, mais c'était un sourire faux. Chloé le savait. Elle pouvait voir sa tristesse et sa colère dans ses yeux. Elle savait qu'au fond, Beca lui en voulait sûrement, même si elle ne l'avouerait jamais.
 
- Vous pouvez nous laisser seules ? S'il-vous-plaît ?
 
Les parents Beale obéirent. Ils devaient souffrir de ne pas avoir le droit de savoir. Mais ils ne voulaient pas brusquer Chloé, et respectaient sa décision. Ils savaient que si elle en avait envie, elle le parlerait un jour.
Les deux amies se retrouvèrent alors seule à seule. Elles se regardaient, sans savoir quoi dire, ni quoi faire. Et quand la rousse ouvrit la bouche, en espérant pouvoir s'excuser, la brune l'en empêcha. Elle se précipita sur elle et la serra très fort contre elle, enfouissant sa tête dans son cou et pleurant à chaudes larmes. La rousse leva alors les bras pour la serrer contre elle. Sauf qu'en levant les bras, elle les vit... les cicatrices... et elle resta figée, les yeux grands ouverts.
 
- Chlo ?
 
Beca avait dû sentir que quelque chose n'allait pas avec la rouquine, car elle se remit face à elle, et elle la vit fixer un point, choquée, triste et apeurée. La brune regarda alors dans cette direction et comprit ce qu'on son amie regardait. Elle s'empressa alors de lui saisir les poignets, et de mettre les cicatrices hors de sa vue. Chloé reprit alors ses esprits et regarda sa meilleure amie. Les larmes lui montèrent aux yeux quand elle sembla soudain se rendre compte de ce qu'elle avait fait.
 
- Ne regarde pas ça. Fit la brune.
- Ces cicatrices elles...
- Non, s'il-te-plaît. Je veux plus y penser... Je ne veux pas me souvenir que j'ai faillis te perdre... le jour de mes 17 ans en plus...
- Oh Bec's... Je suis tellement... tellement désolée...
 
Cette fois c'est Chloé qui serra la brune contre son cœur et qui libéra ses larmes. Elle lui avait fait du mal, le jour de son anniversaire, tout ça à cause d'un seul homme...
 
- Pourquoi t'as fait ça Chlo ?
- Je... je peux pas...
 
Bien-sûr qu'elle ne pouvait pas. Comment pouvait-elle dire à celle qu'elle aimait que son oncle était en vérité, un monstre, un voleur d'enfance, d'innocence et un briseur de vies ? Beca aimait son oncle, elle en était proche, elle l'admirait... Elle était loin d'imaginer qui il était réellement. Il était de sa famille et, avec elle, il avait toujours était l'oncle parfait. Il la gâtait, la protégeait, l'écoutait, la consolait... il était aussi, aux yeux de son épouse, un homme d'affaire admirable, et un père et un époux aimant. Chloé ne pouvait pas briser tout ça. Elle ne pouvait pas se permettre de mettre le bordel dans cette famille. Et pas n'importe quelle famille, mais celle de la fille de son cœur.
 
- Chlo... je ne sortirais pas de cette chambre avant que tu ais parlé. Annonça la brune.
 
Et comme pour prouver qu'elle n'était pas prête de sortir, Beca s'installa sur le bord du lit. Chloé soupira et baissa la tête, retenant ses larmes.
 
- Je peux pas... c'est... c'est pas important. Mentit la rousse.
- Pas important ?!? Tu te fous de moi là c'est ça ?!? Tu... Tu as voulu mourir merde ! Tu l'as voulu ! C'était pas un accident putain ! Alors merde, me fais pas croire que c'est pas important ! Et dis-moi ce que tu as !
- Je peux pas... tu vas me détester...
- Qu... quoi ? Chlo... Comment peux-tu croire que je te détesterais ?
 
Elle se voulut rassurante et essuya des larmes qui coulaient sur les joues de sa belle rouquine. Prise d'une pulsion soudaine, Beca se pencha en avant, et posa son front sur celui de sa meilleure amie. Elle lui caressa la joue, puis elle déplaça ses caresses sur les lèvres pulpeuses de Chloé. La rousse avala sa salive, elle avait tellement envie de combler cet espace qui la séparait de la fille de ses rêves.
 
- Beca... Murmura-t-elle chaudement.
- Jamais je ne te détesterais Chloé... Tu comprends pas ? Je t'aime...
 
Et ce fut sur ces paroles que Beca scella ses lèvres avec celles de Chloé. La rousse poussa un gémissement à la fois de soulagement, et de bonheur... Elle posa ses mains sur les joues de Beca, et la caressa tendrement. Même quand leurs langues se rencontrèrent enfin, le baiser resta doux et amoureux. Si bien, que quand elles se séparèrent, Chloé souriait sincèrement pour la première fois depuis que sa brune était partie en vacances. Donc environ un mois.
 
- Je t'en prie Chlo... Parles-moi... je te promets que je ne cesserais pas de t'aimer... Mais parles maintenant. Je ne veux pas que tu refasses une bêtise... je veux t'aider...
- On peut pas m'aider...
- Si... si tu nous aide, en nous disant ce qui se passe...
- Je... J'ai peur...
- De quoi ? S'inquiéta la brune.
- J'ai peur de ce qui pourrait arriver... et j'ai peur de te perdre, ou que tu me vois autrement... Confia Chloé...
- Pourquoi je te verrais autrement ?
- Parce que je... je ne suis plus vierge...
 
Beca fronça les sourcils à cette réponse. Chloé comprenait parfaitement la confusion de la jeune fille en face d'elle. Après tout, pourquoi elle lui en voudrait pour ça ? Sans plus de précisions, personne ne pourrait comprendre. Personne... sauf une meilleure amie sans doute. Ou bien peut-être que la situation l'aider.
 
- Tu as... tu as était violée ? Osa demander la plus jeune.
 
Chloé ne parla pas, mais quand elle baissa la tête et qu'elle laissa couler de nouvelles larmes, Beca comprit d'elle-même.
 
- Plus... plusieurs fois ? Interrogea la brune.
- Ou... oui...
 
Cette fois, la brune serra le poing, et frappa dans le vide. La rousse en fut surprise et sursauta à ce geste.
 
- Je le connais ?
- Oui...
- C'est qui ?
- Je... Beca, non... s'il-te-plaît...
- Dis-moi qui est le salop qui a osé te faire ça ! Que j'aille le tuer ce connard !
- Ton... ton oncle...
 
Le morceau était tombé. Alors que la brune sortit du lit, choquée, comprenant tout de suite de quel oncle il s'agissait, la rousse éclata en sanglot, encore... elle pleura bruyamment, mais cette fois, c'était le soulagement qui se mêlait à la tristesse et la honte. En la voyant dans un tel état, Beca s'empressa d'aller de nouveau la prendre dans ses bras. Ce qui choqua grandement la rousse, qui la remit face à elle.
 
- Tu... tu me crois ? Demanda-t-elle dubitative.
- Oui. Tu m'as jamais mentis. Alors oui, je te crois. Rassura la brune.
- Tu m'en veux pas ?
- Bon sang Chloé, bien-sûr que je t'en veux. Tu aurais dû me le dire avant. Tu es folle d'avoir gardé ça pour toi. Depuis combien de temps ça dure ?
- 10 ans... mais je... il me disait que tu m'en voudrais, que tu me détesterait si je parlais... que je te perdrais... et je voulais pas... je t'aime tellement...
- Merde Chloé... 10 ans, et je... j'ai rien vu. J'aurais dû le voir... Je suis tellement désolée... je...
- Tu n'y es pour rien...
- Je te jures qu'il va le payer. Il va assumer les conséquences de ses actes, crois-moi...
 
Elle embrassa furtivement sa rouquine, et s'allongea à ses côtés avant de la serrer contre elle. Chloé s'endormit, enfin en paix, dans les bras protecteurs, et sous les caresses rassurantes de la fille qu'elle aimait... Paisible, reposée, et soulagée...
 
Quelques jours plus tard

Amies d'enfance, et un lourd secret...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant