Chapitre 51

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  L'été envoyait des vagues de chaleur dans l'atmosphère, mais ces dernières ne parvenaient pas à toucher Jaemin. Il gardait un peu froid, il gardait un désir de fièvre, il gardait ses chemises, certes déboutonnées au col, qu'y pouvait-il si elles étaient un élément crucial de son personnage ?

  Les mains plongées dans ses poches, il se balança de l'avant à l'arrière de ses mocassins, avec une moue ennuyée sur le bout des lèvres. Ses yeux se maintinrent fixés à la vitrine, derrière laquelle se tenait une urne assez propre pour être jugée neuve. Les fleurs qui l'entouraient semblaient tout aussi récentes, à en croire la blancheur des pétales encore flamboyante.

  Son regard glissa, et il se retrouva face à son reflet.

  Il savait pertinemment à quoi il ressemblait, mais il ne put s'empêcher d'observer les courbes de ses joues. Les deux prunelles sombres qui le sondaient étaient les prunelles d'un aimant à attention, d'un aimé de tous les cœurs, pourtant creuses de lumière. Une ossature fine, une régularité pleine, des sourcils sérieux, c'était donc ça, le visage qui obsédait tous les étudiants ?

  Un frisson courut sur sa peau. Jaemin rejeta les épaules en arrière et adressa d'autres mots silencieux à la photographie de sa sœur. Elle lui retourna une grimace, mécontente d'avoir été interrompue dans sa partie de jeux vidéos pour une photo de famille.

  Un sourire lui picota les lèvres, il le retint néanmoins et se contenta d'incliner la tête en guise de salutation à l'élégant cylindre de bois sombre. Avec un dernier regard pour toutes ces vitrines miroitantes, pour tous les sourires qui s'y cachaient, Jaemin réajusta sa chemise et sortit de la salle.

  Il n'y avait pas plus tranquille que le colombarium de la ville, cependant il éprouvait la nécessité de se faire discret. Non pas qu'il s'y sentait inconfortable, plutôt qu'il voulait témoigner son respect à toutes ces âmes silencieuses. Ses chaussures battirent le sol d'un pas feutré et s'il y avait eu d'autres visiteurs, leurs regards se seraient accrochés à l'harmonie de sa silhouette, étoffée par le costume noir.

  De l'autre côté des fenêtres, le soleil atteignait le haut du ciel : cela faisait quasiment deux heures qu'il côtoyait les bouquets de fleurs et l'odeur du bois humide.

  Jaemin n'aurait su expliquer ce qu'il ressentait au sujet de sa sœur. Il n'était plus sûr d'avoir ressenti quelque chose depuis le jour où il avait émergé de sa chambre, le souffle erratique, et qu'il s'était figé face à celle de sa benjamine. La scène se dessinait dans sa mémoire comme un tableau morbide, encadré par l'embrasure de la porte, noyé dans le clair-obscur des stores à moitié relevés ; avait-il seulement besoin d'éprouver quelque chose ?

  Cela lui paraissait vain, elle était déjà morte, ses regrets n'étaient bons qu'à être piétinés.

  En une longue inspiration, Jaemin chassa toute pensée. Ce n'était pas le moment de se laisser porter par des vagues d'émotions. Même s'il n'était plus sur le campus, il n'avait pas envie d'écouter ses malheurs se déchaîner en lui.

PAS DE BERCEUSE POUR CE SOIR ; nct dreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant