Prologue. « Si nombre de gens ont peur de la mort...»

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☼ Brooke ☽

Du plus, loin, que je m'en souvienne, je n'ai aucun souvenir de mon enfance. Si je m'en réfère à mon cerveau, la sérénité et l'oubli vont parfois de pair. Malgré le brouillard que sont mes souvenirs, j'ai le malheur de me rappeler de mon huitième anniversaire.

J'ai dit sérénité ? Je voulais plutôt dire que je n'ai aucun instrument pour me battre contre l'oubli. Mon esprit efface les meilleurs moments de ma courte existence et me laisse uniquement avec le reste. Ce qui me procure évidemment une peur venant de certains traumatismes que j'ai oubliés.

8 juillet 2013

Westfield World Trade Center New York 13 h 00 :

Ploc... Ploc... Ploc

Si j'avais su que le jour de mon huitième anniversaire changerait le cours du reste de ma vie, je ne me serais évidemment pas levée. Parce que tout avait changé. Le bruit, l'odeur, le ressenti... J'avais toujours admiré la pluie, elle m'était sans cesse apparue pour me sauver. Aux pires moments de ma vie. Quand maman a disparu... La pluie était là pour veiller sur moi et tant qu'elle sera avec moi. Je sais que rien ne pourra m'arriver.

Posais sur le parquet mouillé à cause de ses gouttes. Je l'observais, derrière la buée des baies vitrées du salon. Et ce jour, n'était pas n'importe quelle pluie. C'était celle d'été, ma préférée. Elle avait un goût particulier. C'était la plus spéciale.

Je savais pourquoi elle était là. Je fêtais mon huitième anniversaire. Comme chaque année, je le passais avec Flora.

C'était elle, ma vraie protection. En réalité, j'avais peur du jour où elle commencera sa vie. Comme elle était ma grande sœur, elle avait pris ma tutelle au moment de la disparition de maman. Comme papa n'était plus vraiment là, elle n'avait pas eu le choix et c'était difficile pour elle. Elle avait douze ans de plus que moi et j'avais peur qu'elle me laisse, comme tout le monde. Mais elle ne l'entendra jamais de ma bouche. Je savais pourquoi j'aimais la pluie, elle n'était que sa personnification. C'était elle, qui en réalité avait toujours été là pour moi.

Encore une fois, elle était présente. Elle m'avait promis de m'emmener au centre commercial. Même si cette initiative n'était pas sans arrière-pensée pour elle, ça me faisait plaisir. Je me relevais de ce sol trempé pour courir vers ma chambre et ouvrir mon placard. Flora y avait posé une nouvelle, choisie spécialement pour l'occasion. C'était son nouvel amoureux John qui nous y avait conduits. Je ne l'avais jamais vu.

L'excitation due à la sortie prochaine de la maison augmente ma vitesse. Je me préparais en quelques minutes et maintenant, j'attendais derrière la porte de la salle de bain, légèrement entrebâillée.

Flora se maquillait, elle avait une facilité à être la plus belle. Je voulais vraiment lui ressembler plus tard et ça se pourrait. Nous avions toutes les deux de longs cheveux châtains cuivrés et des yeux verts.

-  Tu as déjà des idées ? Dit-elle en se tournant vers moi tandis que je sortais de ma contemplation. Des cadeaux, je veux dire, tu as pensé à ce que tu voudrais comme cadeau ? Parce que John nous attend devant la porte.

- Tu veux que je le fasse entrer ? Comme tu n'es pas encore prête ? Demandai-je.

- Hors de question ! Pesta-t-elle. Je ne veux pas qu'il voie dans quel taudis nous vivons.

- Tu sais qu'un jour papa le fera rentrer !

- Ne parle pas de malheur Brooke, je t'en supplie.

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