Tram: Le destin amer d'Aydin

Chapitre IX

Le plan.

À l'entente de ces mots, Aydin avait eu énormément de mal à camoufler cette pression qui venait de naître en lui.

Il n'avait pas vraiment peur de la confrontation avec cet oncle, qui était devenu à présent, un sale lâche et traître à ses yeux.

Non, ce qui l'embêtait c'était le timing.

Ce n'était ni le moment, ni la façon dont il souhaitait que Yüksel découvre sa véritable identité.

Ce qu'il aurait aimé, c'est que son géniteur voit le reflet de son fils à travers ses yeux, lorsque celui-ci lui enfoncerait une lame en plein dans son cœur.

Mais ce désir risquait de ne jamais se réaliser, avec cette probable venue de Moustapha.

Le regard du jeune syrien s'échoua à travers le rétroviseur, où il y croisa les yeux de Lya, qui semblait tout autant préoccupée que lui.

« J'vois pas pourquoi j'devrais rencontrer ce type, j'dois faire dans le social maintenant ? J'suis un putain de cotorep, moi ? » cracha Aydin, les sourcils froncés.

Acem: Tu vois ça avec Yüksel. Moi, j'm'en bats les couilles, j'fais juste passer le message. 

Aydin toisa du regard son interlocuteur et finit par déposer sa tête contre sa vitre.

De quelle façon allait-il pouvoir s'en sortir, cette fois-ci ? À moins d'espérer que l'avion s'écrase sur une île déserte, il n'y avait aucune lueur d'espoir.

Quelques minutes plus tard, les trois jeunes foulaient l'entrée de l'appart de Shadia.

« Bouge dans ta chambre, j'veux plus te voir wAllah », a lancé Acem en direction de Lya, qui semblait plus qu'irritée par le déroulement de la soirée.

Épuisée, la jeune femme ne créa pas plus de polémique, et se faufila discrètement dans sa chambre, en prenant soin de ne pas réveiller sa meilleure amie.

Elle se jeta dans son lit, et ses yeux s'emplirent de larmes. De profondes larmes, qui naquirent de son désarroi.

Sans qu'elle ne s'y attende, Aydin avait débarqué dans la chambre sans aucune discrétion.

Lya s'est redressée en vitesse.

Lya: T'es fou ? Pourquoi tu rentres comme ça ? Tu veux qu'Acem te tue ou quoi ?

Aydin: Acem, c'est le cadet de mes soucis, là, maintenant. On a un putain de problème à régler, putain de merde ! Tu...

Il s'immobilisa lorsqu'il constata les larmes traverser les joues de la jeune femme.

Aydin: Pourquoi tu chiales, putain ?

Cette dernière balaya d'une main ses larmes et se contenta d'affronter le Syrien du regard, sans sourciller, pour garder la face.

Lya: J'suis juste crevée.

Aydin soupira en posant les paumes de ses mains sur ses yeux quelques instants.

Il se retourna finalement pour partir mais Lya l'interpella.

Lya: T'es venu juste pour me dire que t'étais dans la merde ?

Aydin: Ça sert à rien que j'te parle, t'arrives même pas à contenir tes putains de larmes. Comment j'ai pu penser que t'allais m'aider à faire quoi que ce soit dans ce bourbier. T'es faible.

Touchée. Ça, ça avait fait mal. Et surtout ça l'avait touché dans son égo de femme forte.

Elle qui avait tenté de se construire une carapace, une solide protection, à présent, elle avait l'impression que plus personne n'y croyait.