Burning Ice (Drastoria)

Prologue : le rêve

Tout est gris. Pourquoi ? Je me sens enveloppée dans ce gris, et pourtant, je me sens... Je ne sais pas. Tout compte fait, je me sens plutôt bien, mais je ne saurais pas le décrire. D'ailleurs, ce gris, ce n'est pas un gris froid, triste. Il est plutôt rassurant, ravissant, beau. Un peu strié, comme de teintes différentes. 

Soudain, un point noir apparaît sous mes pieds. Noir, parfaitement rond, insondable, mais je ne tombe pas. Mon instinct me dicte de toucher le sol. Il est un peu mou et glissant, comme du Jell-o séché. Je me sens toujours bien. 

Alors, sans avis préalable, je commence à m'élever au-dessus du sol. Je m'aperçois que le point noir est parfaitement centré sur le milieu du gris, toujours aussi doux. Et el gris, lui, est comme une île posée au milieu de ce qui semble être un lac blanc laiteux, en amande, bordé d'arbres morts et noirs. 

Puis, je comprends. Ce n'est pas un lac, c'est un œil. Pas des arbres, mais des cils ! 

Et alors, tout bascule. Je continue de m'élever, mais mon regard est irrésistiblement fourni vers la pupille. J'ai l'impression de plonger dans un lac, mais pas un lac froid d'automne. Plutôt une baignade bien méritée après une dure journée de labeur, en plein soleil d'été. 

Malgré tout, je ressens une certaine frustration. Désormais, j'aperçois le visage aux yeux gris au complet, mais je suis incapable de l'observer. Mes yeux sont complètement fixés sur la pupille profonde. Je ne sais pas quoi faire. J'aimerais tant pouvoir regarder le visage de la personne !

Et là, instantanément, la paupière s'abat sur l'iris, et le charme est rompu. Le temps de prendre conscience de ce qui venait de se passer, l'inconnu m'avait tourné le dos. Comme paralysée, tout ce que j'ai pu voir, c'est sa nuque. Et ses cheveux plaqués sur sa tête. Blonds brillants, presque blancs. 

Et soudain, un cri retentit et j'ai ouvert mes yeux.