« La vue trouble, tout ce que j'aperçus avant le noir complet fut la lumière aveuglante de son troisième œil. »
La ville d'Hogun entre dans une ère obscure, les Familles qui y cohabitent deviennent les cibles d'attaques visant à les déposséder de le...
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"Apparement c'est lui le monstre qui se cache sous nos lits !"
La petite fille joue avec les bords épais de sa couverture, le regard encré sur ses mains. Il est encore tôt, mais la lune blanche annonçe déjà l'heure du couché de la jeune enfant.
"Enfin c'est ce que disent les autres à l'école, à chaque fois que le nouveau entre dans la classe", ajoute la petite en gonflant ses joues.
À vrai dire, elle ne comprend pas bien pourquoi il faut se méfier d'un nouveau camarade de jeu. Depuis quelques jours, un nouvel enfant était arrivé, intégrant la classe en plein milieu de l'année. Une situation qui a de quoi faire parler parents et enfants, d'autant plus quand le petit se trouve doté d'attributs reconnaissables.
Il est rare que l'on décide de s'établir dans le Nord. Encore moins à des centaines de kilomètres de la ville la plus proche, là où l'hiver dure la moitié de l'année. La surprise des habitants est donc grande lorsque quelqu'un décide de s'installer ici. Ici, seules quelques personnes solitaires viennent parfois chercher tranquillité. Mais ils furent d'autant plus surpris car, pour la première fois depuis des décennies, les nouveaux arrivants provenaient d'une autre Famille.
Native de l'Ouest.
Et dont un seul démon était arrivé il y a des années. Un homme qui, désormais, ne sait plus qui il a été.
Qui il est.
"Jamais tu ne dois appeler celui que tu ne connais pas un monstre."
La petite leva les yeux vers l'adulte assise au bord de son lit. Sa mère venait de prononcer ces mots fermement, sans pour autant laisser faner son éternel sourire bienveillant. Elle porta une main jusqu'aux cheveux de sa fille, glissant les doigts parmi ses longs filins dorés. La fillette était encore trop jeune pour le déceler, mais ce sourire tendre cachait une douleur immense.
Un silence s'en suivi.
"Ne t'en fais pas, je sais que ce n'en est pas un !" appuya la petite fille en voyant l'adulte se perdre dans ses pensées.
Un instant de calme plat ou seule la lune semblait imposer sa présence.
"Ils devraient plutôt le laisser jouer avec nous. On aurait enfin deux équipes complètes ! Ce n'est pas parce qu'il a deux cornes sur la tête qu'il ne peut pas lancer un ballon", marmonna la petite fille.
L'expression mécontente qu'elle arborait à présent fit sourire sa mère davantage. Elle lui ressemblait énormément, mais ce caractère-là était bien celui de son père.
