Chapitre 3

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Mike

-Si nous optons pour le scénario un, nous avons 40% de chance de nous retrouver avec un ROI à 100%, pour le scénario 2, 25% de chance d'atteindre un ROI de 150%...

Je repose lourdement mon stylo sur mon carnet de note. C'est le moment où la prise de décision me revient. Je regarde attentivement les mots que j'ai gribouillés puis la présentation de Donna, ou est-ce Diana ? Je ne sais plus. Ce dont je suis sûr, c'est que la jeune femme qui se tient à l'autre bout de la table que je trône me barbe. J'assiste depuis maintenant plus d'une heure à une présentation de mon équipe marketing qui propose une nouvelle campagne et qui s'efforce de démontrer sa profitabilité à court terme.

-Y aurait-il par hasard un scénario 3 avec 100% de chance de générer un ROI de 200% ? scinde Catherine assise à côté de moi sur le ton de l'humour.

Directrice financière et également mon bras droit, ses interventions lors des réunions sont généralement piquantes, mais justes. L'équipe de Samantha adore lancer des prédictions, parfois infondées et aujourd'hui encore, j'hésite franchement à approuver leur demande de budget. Nous ne pouvons pourtant pas nous retrouver sans campagne publicitaire le mois prochain. Je marque un temps pour réfléchir lorsque des voix provenant du couloir me coupent dans mes réflexions.

-Regarde celui-là, il contient trente grammes de protéines...

-Oui, mais trente grammes de glucides !

La machine à café et le distributeur se trouvent juste là et la plupart des employés de Trevor s'y rue pour leur pause de 10:00. Je regarde ma montre. 11:15. Qui prend sa pause à cette heure-ci ? Je m'efforce de replonger dans mes notes pour me concentrer. Allez Mike, si tu n'arrives pas à prendre de décisions, c'est qu'il te manque des infos.

-Et ce week-end alors, tu as prévu quoi ?

-Je vais dans le Vermont chez ma famille pour l'anniversaire de mon père.

Continuent les voix derrière la porte.

-Revenez à la cinquième slide, il y a une question qui me taraude, finis-je par demander.

Mon employée s'exécute en appuyant frénétiquement sur le clavier de son PC. Je relis mes notes que j'avais prises à la volée tandis qu'elle expliquait son contenu vingt minutes plus tôt. Un éclat de rire retentit alors dans le couloir.

-Mon pauvre, ils ne t'ont vraiment pas gâté !

-Ne m'en parle pas, j'ai juste hâte d'être à dimanche soir pour pouvoir me poser chez moi devant Netflix !

Je m'arrête net, agacé d'être interrompu par une conversation dépourvue d'intérêt. Je lève ma main en direction de mon équipe pour leur demander une seconde. J'ouvre la porte et cherche des yeux d'où proviennent les voix qui piaillent. Je reconnais alors Jim de l'équipe de Jack discutant avec une jeune femme que je ne vois que de dos. Ils se tiennent devant la machine à café et papotent sans complexe.

-Jim, l'interpelé-je d'un ton lugubre.

Le jeune manager a l'air surpris de voir le grand patron s'adresser à lui. Je lui lance un coup de tête en direction de l'open-space et il a l'air de tiquer car il jette subitement son gobelet dans la poubelle placée à côté de la machine à café et s'enfuit à vive allure, sans piper mot. Sa collègue se retourne dans ma direction à la recherche du monstre qui vient de faire déguerpir son acolyte. Je reconnais alors l'autre employée de Jack, celle qui était présente dans son bureau lors de ma dernière visite. J'en sais peu sur elle, juste que mon collègue la tient en haute estime. Est-il au courant de ses pauses café aux heures de travail ? Certainement pas, sinon, il ne m'aurait jamais demandé l'autorisation de lui proposer une promotion. Jack est mon meilleur ami et l'un de mes meilleurs employés et je n'apprécie pas l'idée que ses sous-fifres se jouent de lui. Lorsque je descends à leur département, elle est toujours le premier visage que je vois étant donné que son bureau fait face à l'entrée. La plupart du temps, elle est concentrée sur son écran mais il arrive parfois qu'elle rit tandis que ses collègues s'adressent à elle, rire qui se tarit dès que je pénètre leur bureau. Dans tous les cas, aujourd'hui, son joli minois semble cacher une attitude un peu trop désinvolte à mon goût.

Boss et complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant