17-Damian

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J'aimais la vie. J'avais encore tellement de projets...

— Détends-toi, me lance Ambre, en ajustant le fauteuil à sa taille car pour l'heure, elle n'atteint pas les pédales.

Elle fait de même avec le rétroviseur central puis la hauteur du volant. Elle touche à tout sous mon regard horrifié. Ses petites mains furètent sur le tableau de bord, testent des boutons, trifouillent mes affaires mais surtout, laissent des traces là où ses doigts passent.

— Tu as combien d'années de permis ? demandé-je, anxieux.

— Relax, je gère.

Et bien moi non. Je me sens perdre pieds, mon angoisse grimpe en flèche et je soupçonne Ambre d'en avoir pleinement conscience. Sous son air parfois fantasque, elle est redoutablement perspicace. La faute à son job de psy, j'imagine.

— Pourquoi es-tu si tendu ? reprend-elle, avec un immense sourire machiavélique.

— Je n'avais encore jamais laissé quelqu'un conduire mon Audi.

— Donc je suis la première ?

— Oui Ambre, maugréé-je à demi-voix.

Elle se penche alors au-dessus du pommeau de vitesse, ses yeux sondent les miens et instinctivement je me tends vers elle à mon tour. Nos visages sont proches, trop proches, mais nous demeurons ainsi immobiles à quelques centimètres l'un de l'autre. Plusieurs émotions fortes me tordent le ventre, telles que la peur, mais pas seulement...

— J'aime bien l'idée, finit-elle par susurrer.

Puis elle recule promptement rompant le charme de l'instant, tandis que mes craintes reprennent le dessus sur cette sensation non identifié dans ma poitrine.

— C'est où pour décapoter ?

— Là, ce bouton, pointé-je d'un doigt tremblant.

Adieu monde cruel.

Je me sens davantage vulnérable maintenant que le toit au-dessus de nos têtes disparaît progressivement, dévoilant un grand ciel bleu dont je n'apprécie pas la beauté aujourd'hui.

La minute d'après nous voilà en train de rouler, d'abord doucement puis plus rapidement. Ambre s'insère dans la circulation et ensuite sillonne à travers le marché artisanal du quartier, grouillant de piétons.

Tant de potentielles victimes.

Finalement, je dois admettre qu'elle ne conduit pas si mal. Du moins le pensais-je, avant qu'elle ne commence à frôler les obstacles de façon dangereuse en prenant un peu trop confiance au volant de ma voiture. Tout à coup elle braque à droite brutalement pour s'engager dans une ruelle étroite.

— Ambre ! Attention ! Les bittes ! hurlé-je.

— Quoi les bites ?

— Tu ne les as pas vu ?!

— Si, je ne suis pas vierge à ce point ! râle-t-elle en me jetant un rapide coup d'œil excédé.

— Nan mais je te parle des plots sur le bas-côté de la chaussée !

— Ah, t'appelle ça des bites ?

— Oui. B.i.t.t.e, épelé-je, crispé à la portière.

— Je l'ignorais.

— Putain je vais crever, laissé-je échapper, lorsque le rétroviseur droit rase un mur.

— Calme toi Daminou, je suis large.

— Daminou ?

— Ouais, ça te va bien je trouve, avec ce palmarès de lover dont t'es si fier.

— Si tu veux, mais par pitié, déporte-toi un peu sur la gauche, la supplié-je.

Virgin LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant