Chapitre 12

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Éléa

Assise à l'endroit même où Nash m'a laissée, j'arrache nerveusement les rares brins d'herbe restant autour de moi. Trente minutes se sont écoulées et la caresse de ses doigts sur ma joue reste comme tatouée sur ma peau.

Je l'ai sciemment évité ces derniers jours. Pour être plus précise, c'est les sensations que sa proximité éveille en moi qui me poussent à garder mes distances.

Pourtant, même de loin, je ne peux ignorer ses longs regards appuyés. Où que je sois, quoi que je fasse, Nash est toujours partout. Il me scrute, m'étudie, me jauge... Je doute que son petit cinéma trouve une fin tant qu'il n'obtiendra pas les réponses à ses questions et je ne suis pas encore prête à les lui donner. Je dois cependant bien avouer que ma vie au sein des Hells est bien éloignée de celle que j'imaginais. Je pourrais facilement me sentir chez moi auprès d'eux et ça me terrifie.

En deux semaines seulement, j'ai fait de leur cuisine mon quartier général. À défaut de pouvoir sortir du MC, je m'épanouis dans ce lieu de vie toujours en mouvement. Les conversations qui fusent, les volées d'injures et parfois, les compliments sur ma cuisine... Tout ça se rapproche tant de l'image que je me fais d'une famille...

Je ne suis pas parmi eux depuis longtemps, mais ces quelques semaines m'ont suffi pour comprendre que leur club était à des lieues de celui de mon père. Jamais les RIP n'ont connu une telle unité et je pense que leur VP y est pour beaucoup.

Nash ne s'en rend pas compte, mais il est devenu à un moment ou à un autre l'élément central des Hells. Durant mes longues heures d'observation silencieuse, j'ai pu voir à quel point son avis importait à chacun. Tous se tournent vers lui au moindre problème et même s'ils adorent tous le charrier, leur confiance en lui est aveugle. Nash inspire le respect et, sûrement le plus important, il en est digne. Pas étonnant dès lors que les ombres qui entourent le vice-président attirent irrévocablement les miennes.

La porte du club-house s'ouvre sur le président du club et je me renfrogne. Cet homme-là, je ne l'apprécie même pas un tout petit peu. La manière dont il traite Papi m'horripile. Sans compter qu'il n'a du titre de Prez que le nom. C'est bien son fils qui fait le job jour après jour.

En même temps, il me donne l'impression de n'avoir jamais voulu du patch. Toujours en retrait, plutôt solitaire, je doute qu'il ait embrassé cette vie par choix. Vince prenant beaucoup de place, il n'a sûrement jamais eu l'occasion de briller par lui-même. Son manque de charisme, d'autorité n'ont pas dû être facile à gérer dans l'ombre d'un père clairement biker dans l'âme.

Baron Evans m'assassine du regard. Quoi qu'il se soit passé durant la messe, ça n'a pas dû aller dans son sens et le monsieur est contrarié. Il marque un temps d'arrêt au coin du bâtiment avant de faire demi-tour et de se diriger vers moi à grandes enjambées. Il n'est plus qu'à un petit mètre quand il brandit son doigt vers moi.

— Toi !

Prenant appui sur le sol, je me redresse pour lui faire face. Mes yeux sont tout de suite attirés par les fils qui pendent lamentablement là où il n'y a pas une heure son insigne de président se trouvait. Pas étonnant qu'il soit en rogne.

— Moi ?

Je frotte mes paumes l'une contre l'autre pour en faire tomber la terre.

— Nash peut bien penser avec sa bite s'il veut, mais ici ? Tu n'es rien. Ne t'approche pas de moi et encore moins de ma régulière si tu ne veux pas rejoindre ton père en enfer. C'est bien compris ?

J'aimerais répliquer, lui montrer qu'il ne me fait pas peur, mais quelque chose dans son monologue me paralyse. Il n'a pas dit tes parents seulement ton père. Il sait. Sonnée, je hoche la tête et satisfait, il me plante là sans un mot de plus.

Hell WhispererOù les histoires vivent. Découvrez maintenant