Senectus

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J'ai peur. Oui comme tout le monde. C'est vrai. La peur n'a été avare avec personne sur terre. Comme n'importe qui j'ai peur. Je suis même terrifié. J'ai peur de la vieillesse. Une peur tenace qui me garde éveillé. Une peur qui me tourmente.

Je n'ai pas peur de la mort. Loin de là. Je sais qu'un jour tout le monde meurt. Je sais que tout chose meurt. Les micro-organismes, les virus, les bactéries, les animaux, les humains. Même les étoiles meurent. Tout se déplace et se transforme constamment dans notre monde. Je suis conscient de ce fait depuis bien longtemps. Mon plus lointain souvenirs sur ce sujet ? L'enfance. Une simple conversation avec une fille de mon âge à cinq ans et demi.

« Tania. » dis je en lui prenant la main.
« Quoi ? » me répondit t'elle.
« Tout le monde meurt un jour..... c'est intéressant non ? »

Celle ci s'était contentée de me regarder sans comprendre pourquoi je parlais de cela à cet instant. La mort ne me fait pas peur. Je ne suis pas croyant. Juste agnostique. Je ne penses donc pas qu'il existera quelques chose après ma mort. Ou même après ma vie pour tout vous dire. Je penses qu'il n'y a rien. Que nous ne sommes que des êtres de passages dans un monde si large et si vieux.

Reprenons. Si je n'ai pas peur de la fin de la vie, pourquoi, alors, ai je peur de la vieillesse ? Cela est simple. Mon environnement, mes expériences. Tout simplement. J'ai peur de ne pas vivre ma vie. J'ai peur d'avoir rater de nombreuse chose lors de mon enfance, de mon adolescence. Et j'ai d'autant plus peur de commencer ma vie d'adulte. Du haut de mes dix huit ans j'ai bien l'impression de ne pas comprendre comment agir pour vivre ma vie à fond la caisse !

Je suis terrifié du regard des autres. Horrifié de donner mon avis. Pétrifié par le fait d'être en public dans un lieu bien trop bruyant pour moi. Je me sais bizarre aux yeux des autres. Étranges et quelques peu difficiles à comprendre. Mon schéma de pensée est aléatoire et ne s'arrête jamais comme vous le constatez désormais en lisant ces lignes. Je digresse, évidement. C'est difficile de se livrer en ce qui concerne nos peurs.

Encore une fois. Reprenons avant ma digressions. Reprenons même du début. J'ai peur de la vie. De la vie qui se déroule sans que je puisses la tenir entre mes mains. J'ai peur de la jeunesse que j'ai pu rater et de la vieillesse qui m'attends. Je ne veux pas être sénile comme mon arrière grand mère. Une femme dite emplie d'énergie et de bonheur qui ne savait plus ce qu'elle faisait à la fin de sa vie. Je ne veux pas être atteinte d'Alzeihmer ou de Parkinson tel ma grand-mère qui me confond constamment avec ma sœur et pleure à ma seul vue... et certainement pas comme ma mère âgée de soixante deux ans qui me semble grognon et déprimée pensant toujours être si peu futée alors qu'à ses yeux quiconque sur cette terre est bien plus malin qu'elle. Non.

Non.

Non.

Je ne veux pas être ainsi. Je veux être heureux. En pleine possession de mes moyens et capables de réaliser ce que je souhaites. Je ne désires pas m'apitoyer sur mon sort. Ni rester éveillé aussi tard hanté par des pensées de ce genre.

Et bien. Je devrais dormir à présent. Je serais certainement bien plus à l'aise dans mes songes. Écrire à une heure si tardive n'est certainement pas bon pour moi. Le temps passe si vite tout de même. Deux heures déjà.

Bonne nuit.
Bonne journée.
Bonne heure.
Bonne minute.
Bonne seconde.
Bon moment.
Bon mauvais instant.

Restez attentif.
Tout se déroulera parfaitement bien.
Pour vous.

(||)

Mister Clepsydre vous parleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant