ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟙

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Les battements de cœur d'Alexandre dessinaient des pics irréguliers sur l'écran. Assise sur une chaise près du lit d'hôpital, Noémie se triturait nerveusement les doigts. Dehors, la nuit était tombée et la lune resplendissait dans le ciel de velours, nimbant le corps du jeune homme d'un halo argenté.

Cela faisait maintenant plusieurs heures que la lycéenne observait son visage inexpressif. Plusieurs heures qu'il était dans le coma. Plusieurs heures que l'accident avait eu lieu. Le fait d'y repenser fit frissonner la jeune fille. Les larmes lui piquèrent les yeux, et l'une d'elles parvint à s'échapper, roulant sur sa joue pour finir sa course sous son menton.

C'était sa faute, si Alexandre était dans cet état. Il s'était sacrifié pour la sauver du camion qui fonçait droit sur elle.

Une deuxième perle d'eau vint rejoindre la traînée de la première, bientôt suivit par une véritable averse. La gorge nouée de la jeune fille arrivait à peine à produire de faibles hoquets, son corps fatigué était secoué de spasmes. Elle pleura, pleura jusqu'à ce que ses yeux soient si secs qu'ils ne contenaient plus de larmes. Elle releva la tête et contempla Alexandre, plongé dans un profond sommeil qui se prolongerait peut-être pour l'éternité.

A la lueur blafarde de l'astre nocturne, le jeune homme était d'une couleur cadavérique. Les traînées rougeâtres qui lui barraient le visage, souvenir de la collision avec le sol en béton, donnaient à l'ensemble une ambiance de film d'horreur. Ses nombreux bandages, perfusions et points de sutures n'arrangeaient rien.

Un grincement la fit sursauter. Elle se retourna aussi vite que le lui permettait son corps épuisé par les événements de la journée et par les pleurs incessants. Une femme se tenait dans l'embrasure de la porte. Noémie reconnut sa mère et relâcha la pression, s'avachissant sur la chaise.

-Il va falloir y aller, ma puce, murmura celle-ci avec douceur. Il est tard, et tu as atteint tes limites.

-Non ! protesta-t-elle avec véhémence. Je ne quitterai pas Alexandre ! Il a besoin de moi...

Elle pressa la main à la fois glacée et brûlante de son petit ami, cherchant un point d'ancrage dans ce monde qu'elle avait construit et qui s'écroulait à présent, tel un immeuble sous une boule de démolition.

-Tu reviendras demain. Je te promets qu'il sera toujours là, tenta sa mère.

-Me promettre ?

Noémie éclata d'un rire amer.

-Tu ne peux absolument rien me promettre ! Tu n'es pas une divinité, que je sache ! Tu ne peux pas décider de qui doit vivre ou mourir !

En temps normal, la lycéenne n'aurait jamais osé s'adresser à ses parents sur ce ton. Elle aurait à coup sûr été consignée dans sa chambre pour quelques heures.

Mais cette nuit, elle n'en avait plus rien à faire.

Son petit ami était mourant, il pouvait partir n'importe quand et tout cela était de sa faute. Et celle du conducteur du camion, bien entendu. Ce dernier avait d'ailleurs dû subir la haine et le désespoir viscéraux de la jeune fille après l'accident. Noémie était sûre et certaine qu'il se planquerait partout où il le pourrait s'il la revoyait. Elle se demanda s'il lui resterait des marques des coups qu'elle lui avait infligé. Il fallait dire qu'elle n'y était pas aller de main morte, frappant et hurlant comme une démente, plongée dans une telle rage que les policiers avaient due la ceinturer pour qu'elle s'arrête.

Une deuxième personne apparut, se découpant sur la lumière jaune que procurait le couloir de l'hôpital.

-Ma chérie... La dame de l'accueil a déjà été extrêmement gentille de te laisser rester aussi tard. Laisse-le se reposer, et repose-toi toi aussi, insista son père.

Il avait raison. Elle savait qu'il avait raison. Simplement, elle n'arrivait pas à s'y résoudre. Elle jeta un dernier coup d'œil au corps inerte d'Alexandre sur le lit, puis l'embrassa doucement sur le front avant de lâcher sa main.

-Tout ira bien, je te le promets, murmura-t-elle.

Pathétique. Elle avait ri de sa mère car elle lui avait juré une chose impossible à prévoir, et la voilà pourtant qui venait de l'imiter. A regret, elle suivit ses parents dans le couloir, puis sur le parking, pour enfin s'installer à l'arrière de la voiture. Mélancolique, elle observa les lumières de la ville qui défilaient devant ses yeux, cachant les étoiles aux yeux des citadins. Très vite, ses paupières lourdes se fermèrent doucement. Epuisée par cette horrible journée, elle sombra dans le sommeil, soulagée d'échapper aux tourments de la réalité.

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Ce que je suis bien, ici... Je ne ressens plus aucune douleur...

Alexandre baignait dans une béatitude absolue.

Le temps s'était arrêté.

Il flottait dans le silence de ouate, blotti dans les abîmes duveteuses du néant. Son cerveau ne cherchait plus à réfléchir. Il se contentait de reposer dans ce bien-être apaisant, plongeant son propriétaire dans un état d'hébétude absolu. Le jeune homme avait l'impression d'être allongé sur la barbe à papa la plus moelleuse qu'il ait jamais vu. Tout son corps était détendu à l'extrême, si bien qu'il ressemblait à une poupée de chiffon.

Autour de lui, les couleurs pastel de ce merveilleux univers se déplaçaient au ralenti, procurant une agréable sensation d'apaisement au garçon. Il se sentait tellement bien qu'il aurait voulu rester ici pour l'éternité. D'ailleurs, il avait bien l'intention de se satisfaire. Avec un soupir d'aise, il ferma doucement les yeux, un sourire bienheureux aux lèvres. Une petite brise fraîche lui caressa la joue, et il attendit qu'elle cesse, sans succès.

Dans un début d'agacement, il rouvrit les yeux, avant de les écarquiller pour de bon. Juste au-dessus de lui, une main transparente lui tendait une paume ouverte. D'instinct, il tenta de se lever d'un bond, mais ses muscles totalement détendus ne voulurent pas l'écouter, préférant rester plongés dans cette étrange torpeur. N'arrivant pas à ressentir la moindre inquiétude, il se contenta de scruter la main avec curiosité. Une douce voix s'infiltra alors dans ses oreilles, le faisant frissonner de plaisir tant son timbre était doux et mélodieux.

-Viens à moi... chuchotait-elle d'un ton suave.

Etrangement, il semblait à Alexandre qu'il existait une chose en ce monde qui l'ancrait dans la dure réalité de la vie. L'image fugace d'une jeune fille brune aux yeux verts pétillants lui traversa l'esprit, aussi insaisissable qu'un oiseau. Mais elle s'enfuit rapidement, ne laissant derrière elle qu'un léger sentiment de malaise. Il fit du mieux qu'il put pour le chasser.

Ayant totalement confiance en le propriétaire de cette voix incroyable, il força son bras à se tendre vers le haut et s'empara d'un doigt translucide, aussi frais qu'un vent d'automne. A son tour, le bras géant se souleva, entraînant le lycéen dans son sillage. Mais ce que celui-ci ignorait, c'était qu'il s'agissait du toucher à la fois doux et glacé de la mort.

-Tout ira bien, je te le promets, chuchota la voix dans un souffle diffus.

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𝑇𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑢𝑛 𝑠𝑜𝑢𝑓𝑓𝑙𝑒 𝑓𝑢𝑔𝑎𝑐𝑒,

𝐸𝑙𝑙𝑒 𝑣𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑐ℎ𝑒𝑟𝑐ℎ𝑒𝑟,

𝑆𝑎 𝑚𝑎𝑖𝑛 𝑒𝑠𝑡 𝑣𝑜𝑟𝑎𝑐𝑒

𝑇𝑜𝑢𝑐ℎ𝑒𝑟 𝑑𝑜𝑢𝑥 𝑒𝑡 𝑔𝑙𝑎𝑐𝑒́.

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À mon ange gardienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant