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je vis son corps étalé par terre. ses cheveux formaient une masse sombre comme un halo autour de sa tête. ses bras fins et élégants étaient déposés précieusement de chaque côté de son corps, comme si un peintre lui aurait demandé de les positionner de telle manière afin de rendre son œuvre plus percutante. sa bouche était entrouverte, ses jolies lèvres bleutées et gercées  et ses yeux fermés, comme si elle était plongée dans un profond sommeil. ses jambes étaient tordues dans des angles incongrus et dérangeants. ses pieds nus étaient écorchés et pâles contre l'asphalte sombre. elle portait sa chemise de nuit blanche, sa préférée. elle était d'un blanc immaculé. le sang environnant ne l'avait pas touchée, comme si elle l'avait repoussé dans sa pureté.
et je regardais cette scène, comme détaché de la réalité. comme si mon esprit avait quitté mon corps momentanément. elle paraissait si irréelle, si belle dans la mort qu'on aurait cru à la scène finale d'un chef-d'œuvre cinématographique.
on aurait cru à la plus belle œuvre d'un peintre lambda. le genre de peinture qui se trouve dans un petit recoin d'un grand musée, éclipsée par les œuvres classiques, mais saisissante. le genre de peinture que vous voyez une fois et dont vous ne pouvez plus vous détacher, qui vous absorbe littéralement.
on aurait cru à la fin tragique d'une histoire mythique, ou une jeune fille meurt subitement, emportant l'âme de son amant avec la sienne et l'entraînant dans sa danse effrénée aux enfers.

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