une jeune fille marche dans la rue. elle est belle. elle porte une longue chemise blanche retroussée sur les avants-bras, et un short bleu marine. ses longs cheveux blonds se balancent au gré du vent, qui est très faible en ce soir d'été.un homme la suit. elle l'a bien compris. elle ne s'angoisse pas pour autant. elle a déjà échafaudé un plan dans sa tête, qui consiste à se réfugier dans la boulangerie.
elle tourne au coin de la rue, son cœur bat un peu plus fort. son plan va-t-il réussir ?
elle presse le pas, et franchit d'un seul mouvement le palier de la boulangerie. a son entrée, les clochettes pendues au dessus de la porte tintent.
la boulangère l'accueille, la jeune fille explique expressément sa situation. la boulangère la fait passer derrière le comptoir, et la pousse dnas l'arrière boutique.
quand l'homme pousse la porte de la boulangerie, la boulangère est à nouveau affairée à son comptoir.
la jeune fille, dans l'arrière boutique, a entendu l'homme arriver. elle retient son souffle parmi les fours à pain.
elle entend la boulangère présenter les différentes vérités de pain, puis introduire les pâtisseries.
l'homme lui répond qu'il prendra un éclair au chocolat.
les pièces d'argent que l'on dépose sur le comptoir tintent. une pièce tombe, puis roule par terre. elle entend l'homme grogner car il doit se baisser pour la ramasser.
la boulangère congédie l'homme. quelques minutes passent.
la jeune fille a enfin expiré. la boulangère vient la retrouver dans l'arrière boutique. elle lui propose de passer la nuit dans appartement. la jeune fille hoche la tête. la boulangère lui sourit et lui prend la main, rassurante.
elle lui appuie que d'ici demain, l'homme sera parti. la jeune fille essaye de la croire.
elle se couche, frissonnante. le sommeil l'emporte.
le lendemain, en se réveillant, la boulangère lui propose d'appeler ses parents.
la jeune fille essaye de manger, elle se force à avaler un morceau de pain frais. mais sa gorge reste nouée, son estomac retourné.
elle a du mal l'avouer, elle voudrait rester forte, mais cet épisode l'a plus touchée qu'elle ne le pense.
elle remet ses chaussures, récupère son sac, remercie la boulangère, et sort.
l'homme est la.
il est revenu au petit matin. ou peut-être l'a-t-il attendue toute la nuit.
un sanglot s'étrangle dans la gorge de la jeune fille. l'homme la regarde. ils se fixent pendant de longues minutes.
la jeune fille ne sait que faire. doit-elle crier ? s'enfuir ? attendre que quelqu'un passe par la ?
les larmes lui montent aux yeux. l'homme sourit. il a compris qu'il l'avait coincée.
elle esquisse un pas vers l'arrière. il se rue sur elle, attrape son poignet, le serre à lui en broyer les os. la jeune fille émet un cri étranglé. l'homme passe un bras autour de son cou, l'immobilisant contre son torse.
il la tire vers un renfoncement entre deux immeubles. la jeune fille pousse un grognement de fureur.
doit-elle se débattre ? identifier une faille et en profiter pour filer ? elle ne se laissera pas faire.
elle ouvre la bouche, et plante ses dents, aussi férocement qu'elle le peut, dans la chair de l'homme. le goût du sang coule dans sa bouche. elle referme les mâchoires, et arrache le morceau de peau. l'homme hurle de douleur.
la boulangère, alarmée par ce cri, sort de sa boulangerie. l'homme se tait aussitôt. mais la jeune femme se débat, pousse des cris sauvages, bien qu'étouffés. elle rue les tibias de l'homme de coups de pieds. un instant, il desserre sa prise.
la jeune fille prend son élan, et lui assène son genoux dans les parties génitales. l'homme tombe à terre.
la jeune fille, tétanisée, ne peut pas s'empêcher de le fixer. le morceau de chair à vif, sanguinolent, arraché par ses propres dents. l'homme geint, puis s'accoude en tentant de se relever.
la jeune fille prend ses jambes à son cou. la boulangère, de l'autre côté de la rue, pâlit.
elle a du voir la bouche recouverte de sang de la jeune fille.elle s'enfuit en courant se calfeutrer dans sa boutique. la jeune fille, tremblante, ne comprend pas la réaction de la boulangère. qu'a-t-elle fait de mal ? elle n'a fait que se défendre.
elle court jusqu'à chez elle. le sang a séché autour de sa bouche. il a coulé le long de sa gorge.
elle arrive chez elle, ses parents ne sont pas là. ils n'ont jamais été là. elle s'écroule sur son lit, et laisse ses larmes couler.
l'histoire de cette jeune fille peut paraître insignifiante, et finalement, pas si terrible.
pourtant, la jeune fille a été profondément choquée et a mis des mois à s'en remettre.
elle ne se rappelle que de manière confuse de cet incident, pourtant la marque de ses dents imprimées dans la chair de son agresseur restera gravée à jamais dans sa mémoire.
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FEAR
Poetry« tu cherches ma perfection. je cherche à respirer. » la peur est le tueur de l'esprit. - dune.