vIvre

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Perdu dans le défilé des jours,
Dans cette vie qui ne m'appartient pas réellement,
Je suis spectateur de ces derniers jours,
Je crois finalement que je me mens.

Je n'ai pas l'impression de vivre.
Plutôt celle de regarder un film,
Un film qui ne s'arrête jamais,
Un film qui ne trouve pas sa fin.

Au milieu de ma famille,
Chacun allant droit vers on ne sait quel but,
Tous semblent perdus,
Perdus au milieu d'un terrain, vague, le regard dans le vague, l'incertitude des choix, l'incertitude de leur accomplissement, aucun ne prenant vraiment une décision, tous, perdus, acceptant sans accepter, cette sorte de spectacle, hypnotisant, des jours, des mois et des années qui filent.

Toi tu essaies de le rattraper au bout de ton aiguille,
Tu cherche à l'attacher aux tissus,
Graver en surface cette marche inerte,
En parlant, de fil en aiguille, tu trouves à exprimer tes sentiments, noirs, souvent, fantaisistes, la plupart du temps, comme un rêve que tu voudrais faire réalité, avec l'impression de plonger entièrement dans un autre univers, devant un nouveau spectacle, macabre, souvent, fataliste, évidemment ne pouvant que les imaginer, les dessiner, les rêver, enfin ne jamais faire que les voir.

Vivre semble un problème au sein de cette famille,
Comme une fatalité qui ne s'accepte pas vraiment,
Comme un choix qui n'est plus vraiment sien,
Dont le sens ne s'explique plus, qui ne se retrouve plus, alors on avance en perte de sens, dans un monde de plus en plus sens dessus dessous, comme sanglés aux sièges, souffrant ce spectacle morose qui s'oblige à nos yeux, que subissent nos corps, et que nos lèvres ne peuvent exprimer.

Toi qui fleuris la vie des autres,
Toi qui chéris tes plantes,
Seul au milieu de ton magasin,
Plein de cette solitude qui te ronge, depuis toujours sûrement, plus encore maintenant, maintenant que tes parents sont partis, que tu leur cours après, jour après jour, tu t'accroches à ce souvenir et tu ne sait plus comment t'en débarrasser, tu ne comprends toujours pas qu'il suffirait de le lâcher, faire preuve d'un peu de courage, au lieu de te noyer en verres et larmes, d'insulter, de nous consumer.

Mourir est peut-être une épreuve qu'aucun n'a supportée,
La mort de ces êtres sur lesquels les piliers se tenaient,
Une fois que l'inertie des enfances se dérobe,
Les jambes deviennent flasques, les corps deviennent lourds, l'équilibre se rompt pour de bon, les esprits vacillent, les coups portés à chacun, l'éclat des voix qui résonne, jour et nuit, les visages qui se cachent pour souffrir, les paroles qui s'échangent, dos à dos, les souvenirs qui se fragmentent avec les années qui courent sur les rides de leur vie.

Toi qui délaisse ta vie pour celle des autres,
Ceux qu'on ne veut pas voir,
Bien loin cachés dans leur campagne, emmurés,
A côtoyer ce que l'on nomme folie, chaque jour, ce que la déficience de la machinerie humaine provoque chez les enfants d'autres familles, enfants éternels aux corps âgés, eux qui meurent de la douleur inconsciemment ressentie par ces corps qui dérivent sur les rives des fleuves aux eaux vives, que tu tiens par la main, accompagne, en t'oubliant pour leur vie, comme t'oubliant pour sa vie.

Notre monde vacille,
N'arrêtant plus de tourner,
Encore et encore,
Il tourne sur lui-même, on en revient toujours au même point, aux mêmes interrogations, aux mêmes solutions, sans que pourtant rien n'avance, comme bloqués dans ce manège infernal, et tourner encore et encore, puis de nouveau le monde qui vacille, puis pris d'un haut-le-cœur tout se déverse, et le sang s'y mêle, la fin face contre terre.

Et puis il y a toi,
Toi qui ne sait ni où aller ni que faire,
Enfermée par lui,
Tu te retrouve prise toi aussi dans la valse des jours, prête à contempler la robe rouge, tu te tiens loin de tout mais garde la main dessus, te rendant comme incontournable sans pour autant avoir d'influence, ni qu'on le souhaite, en te gardant une place et vivant à demi, toi qui l'aurait subi, aussi, la première à te perdre dans ses traces, à ce qu'il se dit, ne sachant que faire, que vouloir, que vivre.

Viendra la solution à tout,
En bonne guerre de positions,
Sur un théâtre aménagé pour,
Jugement rendu au bâton.

Si toutefois il s'en trouvait un qui avait le courage,
Le courage de tout arrêter,
Mais aussi remonter à la nage,
Les courants des vagues, le fracas des explosions, de la colère comme de la frustration, de ces années passées à ne rien faire, de ces souvenirs éparpillés qui s'effacent, des projets avortés par ces imbécilités, par les coups de sang d'un petit enfant qui n'aurait jamais apprivoisé la vie, su ce qu'est vivre ensemble, autour d'une table, une construction commune, fonder une famille avec qui vivre l'ivresse de la vie.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 16, 2023 ⏰

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