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Corso Magenta, Milan 📍

En réorganisant l'intérieur du magasin, des souvenirs d'enfances m'ont frappée de plein fouet, me ramenant à cette période particulière de ma vie... Il y a quelques années, ma vie était ordinaire, semblable à celle de toutes les filles de mon âge. J'étudiais, je vivais chez mes parents, et je ne réalisais pas la chance que j'avais, du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés livrés à nous-mêmes, sans explication ni repères, la nostalgie de cette époque insouciante me hante, et je donnerais tout pour pouvoir y retourner.

Mes parents étaient des individus ordinaires, ni excessivement stricts ni trop indulgents, cependant, notre relation manquait de cette complicité sincère. Ils s'acquittaient de leurs responsabilités envers nous, mais l'amour n'était pas un sentiment palpable dans nos échanges. Les conversations étaient rares, et la plupart du temps, je partageais mes confidences avec mon frère, et lui les siennes.

Bien que nos parents témoignaient d'un amour constant l'un envers l'autre, il semblait que nous étions leurs enfants par défaut, une situation que je ne saurais expliquer... Un jour, le destin a basculé de manière tragique. Un accident dévastateur a emporté la vie de nos parents, laissant mon frère et moi seuls face à une réalité impitoyable, nous avons dû trouver en nous la force de nous reconstruire loin de notre foyer pendant les six années qui ont suivi. Cette épreuve a forgé en nous une résilience inattendue, car la vie nous a contraints à grandir prématurément et à apprendre à naviguer seul.

Chaque jour était une bataille pour surmonter le deuil, mais malgré la douleur, nous avons trouvé le moyen de nous soutenir mutuellement dans l'absence de nos parents. Il fut un temps où évoquer cette tragédie me plongeait dans une tourmente intérieure, une véritable tempête émotionnelle qui menaçait de me submerger, la douleur était si insoutenable que j'en arrivais par moments à me sentir au bord de la folie. Les gestes désespérés se manifestaient, comme si m'arracher les cheveux pouvait libérer ne serait-ce qu'un fragment de la douleur qui me consumait.

Dans ces moments-là, le monde semblait s'effondrer autour de nous, et notre innocence d'enfance s'évanouissait dans la cruelle réalité de la vie.

Je peine à décrire avec précision ce qui s'est réellement passé le jour de cette tragédie, car mon esprit semble avoir choisi l'oubli comme moyen de protection, enfouissant dans l'ombre une partie de ma vie, comme si c'était trop douloureux à confronter. Les souvenirs sont flous, comme des fragments de rêves brisés que je tente en vain de reconstituer seule.

La douleur, quant à elle, demeure une compagne silencieuse mais persistante. Elle se manifeste par vagues, parfois subtile, parfois dévorante, surtout lorsque je m'attarde longuement sur le passé. Les cicatrices émotionnelles ne disparaissent pas avec le temps, et parfois, elles se ravivent, déclenchant des crises de panique qui semblent ramener l'intensité initiale du chagrin.

Aujourd'hui, le fait de pouvoir en parler avec une certaine sérénité ne minimise en rien la profondeur de la blessure. C'est plutôt le résultat d'un processus de guérison lent et ardu, marqué par des moments de recul et de renaissance. Ces épreuves ont forgé une force que je n'aurais jamais cru posséder, mais ça reste une réalité à laquelle je fais face.

À seulement 14 ans, je me suis retrouvée avec la responsabilité de prendre soin de mon frère, qui n'était qu'un enfant de 10 ans. Les premiers temps furent difficiles. Trouver un toit, assurer notre subsistance quotidienne, tout devenait un défi.

𝔇𝔞𝔪 𝔞𝔩𝔮𝔞𝔪𝔞𝔯Où les histoires vivent. Découvrez maintenant