Je veux vivre TOME I - Dark Romance

Thelma et Louise - Irina

Ma cuillère tourbillonne dans mon bol de céréales, tandis que mes coco pops forment une tornade sur le dessus de mon lait. Je suis assise sur le canapé et continue de regarder ma série sur Netflix. Nous sommes déjà jeudi et le soleil commence à peine à se lever. Tout le monde dort encore et cela m'arrange bien. Après la soirée du dîner, je n'ai pas assumé au réveil. La gueule de bois m'avait envahi, de ce fait je refusais de quitter ma chambre. Encore une fois. Je guettais leur voiture et attendais qu'ils partent pour pouvoir descendre me prendre à manger. Mon attitude était immature, mais je ne voulais pas l'affronter. J'avais si honte de m'être comportée comme une fille à ses pieds et jalouse en prime. Si cette vipère ne m'avait pas cherchée de la sorte, je me serais abstenue d'ouvrir ma bouche.

Cependant, quelqu'un était venu me déposer une bouteille d'eau et de quoi faire passer ma migraine. Je sais qu'il en est à l'origine, ma porte était fermée à clé. J'ignore s'il est fâché après moi, mais je m'en veux. Bien évidemment, je ne regrette pas ce que j'ai lâché à Viktoria. J'en ai assez de me laisser faire et de ne rien dire. Depuis notre mission à Madrid, quelque chose a changé en moi. Je me sens différente, plus en confiance. Même une fois décuvée, elle n'a pas disparu. Si c'était à refaire, je ne modifierais rien.

— Dzień dobry, prononce Anastasia en descendant la dernière marche.

Je la regarde pénétrer dans la cuisine, puis ouvrir le frigo. Elle se sert un verre de jus de fruits avant de venir me rejoindre sur le canapé. Les yeux à moitié fermés et sa chevelure dorée en bataille, elle m'offre son plus beau sourire.

— Pourquoi es-tu debout si tôt, Irina ?

Je toise à nouveau mon bol, le pose sur la table basse, puis reporte mon attention sur elle.

— Je voulais profiter d'être seule.

— Ne te cloître pas dans ta chambre parce que tu as remis cette mégère à sa place. Personne n'a jamais eu le cran avant toi. Enfin... excepté moi.

Je fronce les sourcils en entendant sa dernière phrase, ce qui ne manque pas à l'attention de la jolie blonde.

— Bon nombre de femmes ont tenté leur chance avec Aleksander. Je les ai vu défiler dans la pièce d'amis, mais les Lasota étaient souvent là et toutes ont fui.

— C'était des filles comme moi ? demandé-je aussitôt qu'elle cesse de parler.

Elle secoue la tête rapidement et étire ses lèvres dans un demi-sourire.

— Aleksander a besoin de se vider, comme tout homme, mais il n'a jamais voulu d'une de ces filles plus longtemps. Toi, c'est différent.

Elle m'envoie un expéditif clin d'œil avant de fixer l'écran de la télévision. Une sensation agréable réchauffe ma poitrine quand elle m'avoue cela. Pour une fois, j'ai l'impression de me sentir spéciale aux yeux de quelqu'un. J'ai l'impression de ne pas être comme une personne effacée et sans aucune importance. C'est peut-être bizarre de me le dire alors que je me trouve tout de même dans la maison d'un chef de mafia – qui plus ait, m'a enlevée – mais avec tout ce que j'ai vécu, la moindre affection quel qu'elle soit me ravit un peu.

Durant le reste de l'heure qui suit, nous regardons la série sans nous parler. Anastasia dort encore à moitié et personnellement, je ne suis pas très bavarde au réveil, même si je suis debout depuis deux petites heures. Je peine à me concentrer sur l'épisode qui défile sous mes yeux. Mes pensées divaguent sur le fait qu'Alek ait eu pas mal de plans cul et qu'elles succédaient ici. Je n'en ai vu aucune depuis mon arrivée et je ne couche pas avec lui. Il doit forcément se soulager à un moment ou un autre. Viktoria part demain et de ce fait, il n'aura plus personne avec qui faire l'amour. Peut-être que ces petits voyages, qui durent parfois plusieurs jours, il les fait chez ces filles. Pourquoi est-ce que je me mets à me soucier de cela ? C'est complètement stupide de ma part. Après tout, il ne me doit strictement rien. Je suis sa captive, il est mon kidnappeur.