«UN NOM POUR MON ÎLE»

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Chapitre 1: La mort du Roi 

Sur une île, perdue au milieu du Pacifique, vivait un roi qui s'appelait Futu'itoga. C'était un grand leader respecté au sein de sa communauté qui le surnommait affectueusement «Futu». Un jour, alors qu'ils étaient en guerre contre le village voisin, le roi tomba très malade. Aussi demanda-t-il à son plus jeune fils Vaa de partir à la recherche d'un remède sur une île de PULOTU. Cette préparation était à base d'une plante peu répondu dans le Pacifique et qui poussait sur certaines terres bien spécifiques. Des guérisseurs en avaient déjà utilisé lors de leur passage sur l'île. 

Le lendemain matin, dès les premières lueurs du soleil, Vaa prépara sa pirogue et partit sans dire au revoir. Au bout d'une semaine de navigation, il vit enfin une île qui ressemblait à la description que lui avait faite son père. A première vue, elle paraissait déserte; même les animaux semblaient ne pas vouloir l'habiter et il n'y avait pas grand-chose à décrire, sinon qu'elle portait bien son nom: Pulotu (l'île des démons). En effet elle ressemblait à lieu diabolique où tout semblait avoir été détruit par une main maléfique! 

Alors qu'il débarquait à terre, il ne vit que deux arbustes presque identiques derrière un gros rocher. Ne sachant pas lequel choisir, il arracha une branche de chaque. 

De retour à la maison, il apprit la mort de son père survenue peu de temps après son départ ainsi que celle de ses trois frères aînés tués lors de la bataille. Un grand sacrifice pour assurer la victoire et susciter la gratitude de leur village. Rongé de tristesse le prince se rendit sur la tombe de son père et y planta les deux branches qu'il avait rapportées. 

Les cérémonies en l'honneur des défunts achevées, les vieux sages du village couronnèrent Vaa. Cette décision le rendait à la fois fier et inquiet car c'était une très lourde responsabilité de plus il n'a que 15 ans. Il décida d'agrandir le village et de bâtir plus de falé. Il fit aménager une place centrale au cœur de celui-ci d'où partiraient plusieurs chemins. D'importants travaux d'aménagement eurent lieu pendant des années et la population croissante semblait très heureuse de cette prospérité, Vaa se trouva une épouse avec laquelle il eut plusieurs enfants. 

Chapitre 2: Le jeune sculpteur

Vingt ans passèrent dans la quiétude de la paix retrouvée. C'est alors qu'un très grand mariage fut organisé: Vaa avait accordé la main de sa fille Vai «l'eau» dans leur langue natale, au fils du chef voisin pour sceller une attente durable entre eux. A l'occasion de ces fiançailles, il fallu ériger un immense falé (maison traditionnel) pour accueillir tous les invités des deux villages. 

En tant que souverain, Vaa dirigea les constructions. Aussi décida-t-il d'utiliser les deux arbres qu'ils avaient plantés sur la tombe de son défunt père et qui, depuis toutes ces années, avaient énormément grandi. Il les abattit et les emporta chez le menuisier. Mais malgré la longueurs des troncs, il y eut une erreur lors de la découpe: les rondins étaient trop courts pour obtenir la bonne hauteur du futur falé. Ne leur trouvant plus aucune utilité, le roi les fit jeter dans la rivière près du cimetière puis en commanda d'autres. 

Quelques jours plus tard, par un bel après-midi ensoleillé alors qu'il réparait ses filets, un jeune pêcheur nommé Tunahagamaitai mais plus connu sous le nom de Tuna, vit deux troncs d'arbre flotter à la surface de la rivière. Aussitôt, il décida de les rapporter chez lui. Passionné de sculpture depuis son plus jeune âge, Tuna laissa libre cours à son imagination et se mit à travailler les deux morceaux. 

Dans le premier, il réalisa une vasque reposant sur trois pieds, après avoir été taillé le bois faisait apparaître de belles nervures foncées. Dans le deuxième, il fit un objet composé d'un long manche surmonté d'un silex. Afin de ne pas éveiller la curiosité de ses voisins, il cacha précieusement ses œuvres sous son lit dans un polapola (panier travailler) pour les mettre à l'abri des regards. En fait, il voulait attendre le bon moment pour les offrir au roi. 

UN NOM POUR MON ÎLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant