The Wolves Court (En pause)

🐺 5. L'inconnu du lac 🐺

Les flocons de neige se posent délicatement sur mon front, fondent dans mes cheveux bouclés. L'herbe gelée dans mon dos est la seule chose capable de refroidir mon corps brûlant, sous adrénaline. Ma respiration est hiératique. Mon cœur bat à cent à l'heure entre la course, ma chute et la panique. Je dois me lever et partir !

Mais la grande main qui emprisonne mes poignets, au-dessus de ma tête, et le corps massif et chaud quasiment allongé sur moi ne me donnent aucune marge de manœuvre. Je me débats, sans espoir. Sentant son souffle régulier sur ma joue.

Est-ce un garde ?

Derrière lui, la lune éclaire à peine le contour de son visage, sa peau est noire et lisse. Je ne vois pas grand-chose d'autre que d'immenses yeux dorés, aussi intense que ceux d'un fauve. Je ravale ma salive, n'osant plus respirer. Dans la forêt, la garde royale est sur mes traces. De l'autre côté du lac, j'aurai peut-être une chance de les semer mais avec cet inconnu, je suis coincée.

- Qui es-tu ? grogne sa voix chaude et éraillée.

Le son se révèrbère en moi, jusqu'au tréfond de mon estomac.

Je ne réponds pas. Il ne sait pas ! Il ne sait pas que je suis en fuite.

- Une invitée, je m'entends répondre avec un aplomb terrible, qui serait impeccable si ma voix ne tremblait pas. Du bal !

Techniquement, c'est vrai. A la base, j'ai été invitée par le roi, non ?

Le regard doré caresse avec une lenteur étudiée chaque pore de ma peau, de mon front à mon menton, s'arrêtant sur ma bouche un peu plus que nécessaire, puis remonte à mes yeux où il se plante sans gêne.

- Menteuse.

Et ce simple mot, avec ce ton si doux et tranchant, m'arrache un soupir involontaire. Ma poitrine en manque d'air se gonfle, frôlant au passage le torse de cet homme. Il ne porte pas de chemise, malgré la neige qui tombe de plus en plus sur nos deux corps allongés. Nu. Il est quasiment nu ! Sous le choc, j'inspire trop fort. L'odeur de la forêt et le délicieux parfum de bois et d'épices se dégageant de l'inconnu emplissent mes poumons.

- Le bal est de l'autre côté de la forêt, gronde-t-il en penchant son visage près de mon oreille.

Il sent mes cheveux et ses lèvres près de ma gorge me plongent dans un état second.

- J'entends les pulsations de ton cœur. Trop rapides : tu mens.

- J'ai froid. J'ai couru. Rien à voir.

Dans la quasi-obscurité, je vois un sourire éclatant compléter le regard doré, presque irréel.

- Les abords du lac sont interdits à ceux de ta condition, humaine !

Je déglutis. Humaine ? Alors lui, il est quoi au juste ?

- Je ne faisais qu'un petit tour.

- Tu allais plonger, je me trompe ?

Je me mords les lèvres, défiant son regard d'or. Ma poitrine frôlant à chaque fois son torse ferme, je tente de respirer à minima.

- On ne peut plus prendre un bain de minuit ? je demande.

- Pas dans le lac sacré.

Oh ! Le lac est sacré ?

J'ouvre de grands yeux, avant de me raviser, cherchant une réplique, capable de le déstabiliser suffisamment longtemps pour me dégager de lui.

- Toi, tu es bien, là ! Prêt à piquer une tête, malgré le froid, non ? je désigne du menton son torse nu.

- Je n'ai pas à me justifier devant toi, Humaine !