Bêtes de foire

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Un jeune homme blanc, tellement musclé que son costume noir semblait être sur le point de s'éclater enfonça sa main dans le chapeau. Il afficha ensuite un sourire nerveux sur ses lèvres quand il lut le petit bout de papier.

- Ce jeu est complètement naze. Jugea-t-il, en s'adressant à l'organisatrice.

La foule le huèrent.

- Bah quoi ? J'ai rai...

Delphine, l'organisatrice à la robe bleue lui arracha le bout de papier des mains et en lu le contenu.

- JESSIM ! S'écria-t-elle.

Tout le monde regarda ce fameux Jessim. Embarrassé, le premier joueur se frotta la nuque.

- Allez ! Grouille ! hurla Aldenne.

Finalement, ses doutes s'envolèrent aussi vite que sa dignité.

- Moi, j'ai juste une question à lui poser.

- Vas-y, on t'écoute.

- C'est vrai que tu t'es tapé Khloé dans les vestiaires ?

Jessim, sans réfléchir, se jeta sur son pote et le roua de coups. Personne n'avait réussi à anticiper ses mouvements. Les gens se mettaient à crier, à la soirée tournait au vinaigre.

- J'ADORE CE JEU !

Katelyn et Alaya n'y comprenaient rien. Elles se sentaient de trop.

- J'me casse. Fit Alaya.

Bouche bée, Katelyn continuait d'observer les deux brutes au milieu de la salle. Jessim, le grand brun, au-dessus de son adversaire lui refaisait le portrait. Elle n'avait jamais vu en dix-sept ans d'existence, un tel spectacle.

- Tu n'y arriveras pas. C'est fermé à clef.

Le serveur derrière elle l'avait observé s'acharné sur la porte.

- Où est la clef ? Fit Alaya folle de rage.

Il n'en savait rien. Il était serveur à cette soirée, un serveur bénévole comme les autres.

Soudain...

- ALAYA ! On doit vite partir d'ici !

Alors Alaya paniqua encore plus. Entre les cris, les adolescents qui se bousculaient dans tout les sens, et les bruits des objets qui se brisaient, elle ne savait plus où donner de la tête. Elle se laissa glisser contre la porte, ses fines et courtes jambes s'étalèrent sur le sol. Katelyn avait essayé de la rassurer mais quand elle réalisa qu'elles étaient en fait enfermées ici, elle se lamenta à son tour.

- Je n'arrive pas à le croire. Se dit Katelyn, en posant brutalement son fessier sur le sol.

Dans le tumulte, elles pensaient. Ce jeu amusait Delphine, songea Alaya. Katelyn s'imaginait refuser l'invitation. Si elles se trouvaient toute les deux dans cette situation, c'était bel et bien à cause de son amie. Puis, Alaya voulait tellement se faire accepter...

Lorsque le serveur revint, il les vit toujours dans la même position. Alors Ludovic s'accroupit.

Ses mèches brunes mi longues pointant vers le haut, sautillaient quand il marchait, ce qui avait le don d'agaçer Alaya.

- Ça se voit à vos têtes que Delphine ne vous a jamais invité à une de ses soirées.

- Elles sont nazes. Balbutia Alaya.

- Nan, c'est les meilleurs, je t'assure.

Alaya se releva. Elle préférait passer le restant de ses jours en enfer qu'avoir en face d'elle cet idiot de serveur.

Game over.

Le numéro un ne bougeait plus. Allongé par terre, il était comme inconscient. Impossible de déterminer s'il respirait ou non de loin.

- Personne va l'aider ? Demanda Katelyn, les yeux grands ouverts.

Alaya ne réagit pas. Elle restait immobile, comme le cadavre du joueur numéro un, mais elle vivait. La pièce ressemblait à un dépotoir. Les lycéens venaient de se rendre compte qu'ils étaient eux aussi enfermés. L'un d'entre eux avait eu la brillante idée de détruire les vitres des fenêtres pour pouvoir s'échapper. Ils le suivirent. Jessim pris la fuite, il sortit une jambe dehors, puis se courba pour faire passer l'autre.

- On y va ? Fit Alaya à Katelyn.

Celle-ci marqua son approbation par un signe de tête. Mais quand elles s'approchèrent de la fenêtre de la cuisine, deux serveurs masqués leur barrèrent le passage. Afin de les attirés près du salon, la pièce où la partie avait débuté, ils les attrapèrent violement, une par l'avant-bras et l'autre par la taille.

Si on en est là, c'est sa faute... se dit une seconde fois Katelyn.

Delphine jubilait. Son carré brun était resté intacte. Sa camarade à côté d'elle continuait de se faire petite.

On les amèrent devant l'hôte. Elles virent sept nouvelles têtes, les observant tel des bêtes de foire. Tous sous l'influence de l'organisatrice.

- Vous avez passé une bonne soirée ? Les provoqua Delphine.

À l'intérieur de son pantalon noir déchiré et de sa veste en jean, Alaya suait. Le derrière de la robe de Katelyn était imbibé d'alcool.

- C'est à votre tour, je pense.

Katelyn compris enfin : Delphine voulait les monter les uns contre les autres. Le corps du joueur numéro un avait été déplacer. Son sang sur le parquet retraçait son chemin. Les choses sérieuses allaient commencer.

- De quoi tu parles ?

- Tu sais de quoi je parle ! Allez !

Elle lui tendait le chapeau.

- A quoi ça sert si on est que deux ?

- Je ne te le répèterai pas deux fois.

- Qu'est-ce qu'elle veut qu'on fasse ? demanda Kate.

- Elle veut qu'on balance une vérité sur nous.

Ludovic, le serveur avec qui elles avaient eu un petit échange observait la scène de loin. Accoudé sur le dormant d'une porte séparant le salon du haul d'entrée.

- Katelyn craint les araignées.

- Nan, sans blagues. Sérieux, tes soirées c'était mieux avant, là, on se fait vachement chier. Allez venez les gars. Râla un des invités.

- J'vous avez dit qu'on décale chez Henry mais comme d'habitude personne m'écoute.

L'événement prit une tournure qui ne lui plaisait pas du tout. D'abord la « mort » tragique d'un élève puis ses derniers invités qui venait de quitter la pièce. Henry et elle étaient en compétition depuis déjà un bout de temps. Aucune erreur était tolérée ! Ce soir-là, il eut beaucoup plus de monde à sa fête et quand tous avaient décidé de bouger chez Henry, Delphine était pertinemment certaine que pour les faire revenir cela durerait des lustres. Sa réputation allait en prendre un coup.

Les lycéens de l'établissement Claude Vincent, avaient des fantasmes très étranges, mais lorsque les choses viraient au vinaigre, ils prenaient la poudre d'escampette.

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