17 - Le quai

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Septembre 1971.


Severus rêvait. Il voyait Lily, il voyait le chemin de Traverse. Il se voyait saisir sa nouvelle baguette, la tourner entre ses doigts, et elle faisait quelques étincelles, qui se dissipaient et, derrière les étincelles, apparaissait le visage de Lily.

Ce n'était pas la réalité ; il rêvait et aujourd'hui était un jour de première importance.



Il ouvrit brusquement les yeux. Immédiatement, le doux confort de son rêve lui manqua, mais c'était trop tard.

Tout lui revint. On était mardi, mardi premier septembre, le mardi qu'il attendait depuis tant d'années. Il se leva, alla à la fenêtre de sa chambre et écarta les rideaux. Il ne faisait pas encore jour, et le soleil était invisible, mais les réverbères étaient éteints et le bas du ciel était déjà grisâtre. Il devait être dans les cinq heures du matin.

Il était déjà très bien réveillé. Son premier réflexe, en rabattant les rideaux, fut de baisser sa tête sous son lit et d'attraper la longue boîte mince qui s'y cachait. Il caressa quelques instants l'étui avant de l'ouvrir pour en sortir sa baguette magique.

Sa baguette.

A chaque fois qu'il la regardait, sa tête se remplissait d'étoiles et de feux d'artifice.

Ma baguette.

27 centimètres, bois de ronce, avec dedans une écaille de serpent. Rigide, pas évidente à manier mais d'une puissance rare, avait dit le vendeur, un petit homme étrange. Selon lui, chaque baguette avait sa personnalité propre. Severus sentait la personnalité de sa baguette, et il l'aimait. Il se souviendrait éternellement du moment où, après avoir essayé une quinzaine de baguettes différentes, il avait fait tourner celle-ci entre ses doigts. Il avait senti que c'était la bonne. Parmi les centaines d'autres baguettes du magasin, il ne trouverait jamais mieux.

Qu'avait dit d'autre M. Ollivander, le vendeur ? Un client difficile... compliqué... mais qui ira loin.

Il avait hâte d'être à Poudlard pour voir de quoi il était capable.

Son sac de fournitures scolaires traînait par terre, ouvert. Il s'assit sur le sol et, comme il le faisait tout le temps, feuilleta ses manuels scolaires. Il retomba vite sur celui qui l'intéressait le plus : le livre de potions.

Au fil des pages se succédaient des recettes bizarres pleines d'ingrédients étranges : ailes de chauve-souris, bave de crapaud, jus d'orkensia... Mais le plus exceptionnel, c'étaient les noms des potions elles-mêmes. Des noms qui suggéraient tant. Severus restait fasciné par l'idée de pouvoir faire n'importe quoi de n'importe qui en suivant des recettes complexes. Il s'imaginait déjà en inventer lui-même.

Il resta longtemps absorbé dans sa lecture avant de s'apercevoir qu'une lumière blanche transperçait déjà les rideaux. Le soleil était maintenant presque entièrement visible par sa fenêtre, derrière les maisons. Il s'habilla, prit ses valises, prêtes depuis quelques jours déjà, et sortit de sa chambre.

Sa mère était déjà réveillée pour la rentrée de son fils. Il fit un signe de tête et s'assit à table. Elle avait fait des œufs au bacon. Il l'avait rarement vu aussi épanouie ; ce devait être la fierté de voir son fils entrer, à son tour, à Poudlard. Et la joie de renouer un peu, tout simplement, avec sa nature de sorcière.

Severus avala son petit-déjeuner.

« Tu te prépares ? lui dit sa mère avec un léger sourire. On va y aller. »

SEVERUS ROGUE : Le sens d'une vie (ENFANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant