Chapitre 1

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Je regarde à travers ma nouvelle fenêtre. Le changement de décors est radical. Il n'y a plus ces immenses sapins et ces champs sans fin, non ils ont disparu. A la place, il y des jeunes sur des motos, des routes goudronnées et du bruit, incessant...
Je tourne ma tête  vers l'intérieur de ma chambre, elle est vachement plus petite que  l'ancienne. D'ailleurs toutes mes affaires n'y rentrent pas mon père a été obligé de loué un garage en bas du bâtiment.
« Tu vas voir ma puce, ça va nous faire du bien un changement d'air... », m'avait-il dit le jour du départ. En réponse il n'avait obtenu que le silence pesant du trajet en voiture.
Je pense beaucoup de chose en effet mais inutile de les lui confier, je n'ai pas envie de l'inquiéter, il n'a vraiment pas besoin de ça en ce moment...
Disons qu'en plus ce n'est pas vraiment de sa faute si nous avons déménagé. La boulangerie dans laquelle il travaillait a fait faillite et de là les problèmes ont commencés. Nous étions au bord du gouffre, à deux doigt de finir à la rue mais c'est là, qu'il a réussit à dénicher un appartement dans un HLM délabré et c'est comme ça que je me retrouve ici.
J'avoue, j'ai peur. Tout ceci me fait atrocement flippé mais je reste calme, assis tranquillement sur mon lit à fixé mon tapis pilou-pilou.
Du bruit. Mon nom. Quelqu'un m'appelle...
Mon père !
Je saute sur mes pieds et vais ouvrir la porte de ma chambre à la volée. Mon père se tient en effet dans l'encadrement avec un plateau repas dans les mains.
- Je t'ai apporter de quoi grignoter., me dit-il, tout sourire. Il est comme ça mon père: éternelle optimiste...
Voyant que je n'ai aucune réaction il se confond en escuses.
- Désolé ma puce, je sais que ce n'est pas grand chose mais je n'ai pas déballer tout les cartons donc...
Mon cœur se fend en deux et je l'arrête tout de suite.

- Papa, c'est bon t'inquiète, c'est très bien ça. J'ai pas très faim de toutes façons !

Il s'arrête net et me regarde, non, il me fixe de ses yeux bleu-vert et je manque de fondre en larmes. Je sais ce qu'il va dire et je sais aussi que mon cœur ne pourra qu'y succomber...
Je détourne le regard et lance avant qu'il puisse dire mots.
- Écoute, papa je suis juste...trop crevée pour parler de ça. commençais-je. On pourra mais peut être...plus tard, s'il te plaît.

Le regard de mon père se voile et tout la tristesse du monde se fond dans ses yeux. Je finie par prendre le plateau de ses mains. Mon père ne bouge toujours pas, il reste planté là le regard dans le vide. Je traverse l'espace qu'il y'a  entre nous pour l'embrasser puis je rentre a l'intérieur de ma chambre et je ferme la porte.
Je sais qu'il l'a vu puisque j'entends ses pas  s'éloigner dans le couloirs.
Je pose le plateau sur mon bureau déjà en bordel puis vais reprendre ma place sur mon lit.

J'ai horreur quand il réagit comme ça. Le truc c'est qu'il s'apprêtait à parler de ma mère et c'est vraiment la dernière chose dont je veux causer.
Je me sens vide tout à coup mais aussi terriblement oppressée...
Je manque d'air ici. Cette putain de fenêtre est ouverte pourtant !
Je me lève comme si j'avais le feu aux fesses et vais prendre le verre d'eau sur le plateau repas pour le vider d'une traite.
Malheureusement, c'est pas suffisant.
Je me met à faire les cents pas jusqu'à avoir la tête qui tourne et des vertiges. Je m'arrête un instant.
« Ok Ashley faut que tu te calme... », je me sermonne.
« Ce n'est pas si grave, regarde t'as un toit sur la tête, de quoi manger, un père qui t'aime. C'est la belle vie ça ! »
Je pète de rire en comprenant ce que je dis. Car c'est tout simplement faux. Non, j'ai pas la belle vie, non ! À la base j'avais une belle vie. J'avais une  maison, des voisins, un collège où aller, des amis, certes hypocrites, mais au moins j'en avais...
Maintenant j'ai quoi ? Il ne me reste plus rien. Plus rien du tout !

Une larme s'échappe de mes yeux et roule le long de ma joue pour venir s'écraser sur le lino crasseux. Une autre vient la rejoindre puis une autre et je m'écroule. Je ne suis plus que larmes. Mon tee-shirt est trempé et je me sens seule. Qu'est-ce que je me sens seule...

Elle n'est plus là pour me prendre dans ses bras elle a préféré se barrer, se remarier, m'abandonner, m'oublier. Elle ne sera plus jamais là. Elle a disparu de ma vie donc elle n'existe plus, elle est morte. Je sèche mes larmes puis je me relève d'un coup. Ma mère ou celle qu'elle était mériterai peut être que je m'abaisse de la sorte mais la personne qu'elle est devenu, sûrement pas !
Je la déteste, jamais elle n'aurai du faire ça, jamais !
Je suis sa propre fille, la chair de sa chair, son bébé. Mon père était son mari, son amour d'une vie, mon père. Ils m'avaient conçu ensemble non de non !
Alors pourquoi elle était partie ? Pourquoi nous avoir abandonnés ?

Sans que je puisse y réfléchir d'avantage je balance le verre droit devant moi. Il s'éclate avec fracas contre le mur et des millions de petit bout de verre viennent se faufiler un peu partout dans la chambre.

- Raghhhh !

Je prend mes baskets et sors de la chambre en claquant la porte. Je traverse l'appartement le plus vite possible ne croisant mon père nulle part. Je prend ma veste sur le canapé et sors dans le couloirs en claquant la porte d'entrée également.
Je regarde à droite, à gauche en furie. De l'air, il me faut de l'air. Je trace jusqu'aux escaliers ne prenant même pas la peine de regarder l'état de l'ascenseur.
Les escaliers sont en colimaçon, de la moquette crème le recouvre, d'ailleurs cette même moquette recouvre tout le sol de l'immeuble. Il finit devant une porte couvre feu que je pousse sans délicatesse aucune et j'arrive enfin dehors...

On verra plus tard Où les histoires vivent. Découvrez maintenant