2 - Premières frictions

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Balai en main, je décrottai l'allée avec toute la hargne que ma colère matinale m'inspirait. J'expirai bruyamment en voyant arriver l'objet de mon tourment, les mains dans les poches et le pas traînant. Observant les montagnes qui façonnaient le paysage autour de nos terres, celui-ci appréciait l'effet de l'air pur sur son organisme en prenant de grandes inspirations surjouées. Prenant appui sur le manche de mon balai, je soufflai peu élégamment sur la mèche obstruant ma vision.

— Ah ben enfin ! J'ai bien failli venir vous chercher !

Peu sensible à mon regard noir, le brun au teint frais à côté duquel je donnais l'impression de sortir d'une guerre, eut l'audace d'exprimer un rictus.

— Avec un plateau pour le petit-déjeuner au lit ? J'aurais pas dit non !

Mordant ma langue pour refouler ces jurons peu délicats que j'aurais pu lui répondre, je fournis un effort surhumain pour ne pas exploser.

—Monsieur Park. Vous n'êtes pas à l'hôtel, grognai-je.

— Sans blague, j'avais pas remarqué, ironisa-t-il en faisant mine de se boucher le nez, tout en jetant un regard dédaigneux vers les crottins entassés par mes soins quelques mètres plus loin.

Pour ma part, je risquai un coup d'œil vers son équipement du dimanche. Une chemise à carreau et un chapeau... Qui nourrit encore le cliché du fermier en chemise à carreau et au chapeau marron ? Il ne lui manquait plus que le brin de foin sec entre les dents et il complétait le look le plus stéréotypé de l'histoire.

Le pire, c'était bien la couleur de son t-shirt sur lequel il avait enfilé sa chemise. Blanc. Existait-il pire erreur pour un chevrier ? Seule sa paire de bottes était peu critiquable, et encore, Park n'y était pour rien. Je reconnaissais à l'usure de celle-ci qu'elle appartenait à Hoseok.

— Tu parles d'un fermier ! Il faudra plus que quelques jours d'apprentissage pour que vous en ayiez la touche.

Bien que j'eus prononcé cette acerbe remarque dans ma barbe, la petite starlette semblait en avoir eu ouïe. Et la grimace qui dépeignit ses lèvres, associée à la posture qu'il arborait alors, les mains posées sur les hanches et le regard désapprobateur, s'accordaient à démontrer son franc désaccord : 

— Pourquoi ai-je l'impression que vous avez une dent contre moi ? J'ai fait quelque chose ? Je vous ai froissée ?

Je fus surprise de voir que le visage de Jimin semblait exprimer sincèrement l'incompréhension. Plus qu'un gars de la ville ignorant, il allait bientôt se voir coller l'étiquette du simplet déconnecté de la réalité.

— Non. Justement vous n'avez rien fait ! Je vous ai clairement dit qu'on devait se retrouver à 6 heures pour nettoyer les box !

— Vous aviez dit 6 heures ? J'étais persuadé que c'était 10 !

Cette fois, c'était moi qui était perdue. J'ignorai si Jimin était réellement si peu sensible à ce qui l'entourait ou s'il me prenait pour une idiote en jouant ainsi sur les mots.

— Les chèvres ne font pas la grasse mat' Park !

—Ben elles ne savent pas ce qu'elles ratent ...

Il était de retour. Ce rictus suffisant qui n'avait de conséquences que d'amplifier un peu plus mon aversion à l'égard de cet arrogant si frivole.

—J'en reviens pas ! Quand est-ce que-

Ma véhémente répartie fut supplantée par le bruit de moteur qui accompagnait la camionnette rouge lorsque celle-ci s'insinuait dans l'allée.

A la vue de la charmante touffe brune qui s'extirpait du véhicule, Jimin laissa s'exprimer sa curiosité.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 10, 2023 ⏰

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