Prologue

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— Ce n'est pas possible d'être aussi conne.

Sa voix résonne dans toute la pièce alors que le silence tombe sur l'assemblée. Figée au milieu de tous ces gens, j'aimerais pouvoir me cacher dans un trou de souris. Tous ses yeux, braqués sur nous, me mettent mal à l'aise. Pourtant, il ne s'arrête pas.

— Qu'est-ce que j'ai fait au monde pour mériter une femme aussi stupide, putain, tu ne peux pas faire gaffe.

Les yeux braqués sur la tâche de champagne sur sa chemise, je ne sais pas quoi répliquer. Je devrais lui dire que ce n'est pas ma faute, que l'on m'a bousculé au moment où j'ai penché la bouteille. Pourtant, aucun son ne sort de ma bouche.

—Je...

— Allez, bouge de là ! râle-t-il en me bousculant d'un coup d'épaule pour aller se changer dans notre chambre.

Je reste quelques secondes, planté là. J'ignore quoi dire ou quoi faire pour détendre l'atmosphère. Comme personne ne semble vouloir m'aider, je me réfugie dans la cuisine. Une fois la porte claquée, je m'appuie contre et pose la bouteille de champagne sur le plan de travail à ma gauche. Je serre les poings pour tenter de calmer les tremblements qui parcourent mes doigts et je ferme les yeux pour éviter aux larmes qui s'y accumulent de couler.

Je sais que je devrais être habituée, m'endurcir, ne pas le laisser me parler comme ça. Pourtant, je n'y arrive pas. Jour après jour, je le laisse faire, parce que, après tout, il a un peu raison, je suis extrêmement maladroite. Il ne se passe pas un jour sans que je ne trébuche, sans que je ne laisse tomber quelque chose où que j'oublie un plat dans le four. Je peux comprendre que, à la longue, ça l'énerve. Ça énervait mon père aussi.

Je sursaute quand la deuxième porte de la cuisine s'ouvre. Thomas, toujours furieux, la referme derrière lui. Il a troqué sa chemise blanche contre une de couleur bordeaux. Il aurait pu remettre du blanc, mais je sais qu'il ne perdra pas une occasion de rappeler ma bourde à quiconque lui fera remarquer qu'il a changé de chemise. Comme-ci, nos invités avaient pu louper ce qui s'est passé il y a quelques minutes.

— Tu comptes rester planter là toute la nuit où tu vas aller t'occuper de nos invités ? Et souris un peu, on dirait un zombie.

Sans lui jeter le moindre regard, j'attrape la bouteille que j'ai posée il y a quelques instants et rouvre la porte sur laquelle j'étais appuyée. Un sourire factice accroché aux lèvres, je rejoins le salon. Cette soirée ne fait que commencer, et va probablement durer une éternité.

Toi, moi, nous (titre provisoire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant