Journal d'une fille en psychiatrie

Jour 2-1

Je me suis réveillé seule dans une chambre double, ma colocataire est partie en permission. Ça fait du bien d'être seule dans une chambre. Au lieu d'attendre patiemment l'heure des traitements comme j'avais l'habitude de le faire avec ma colocataire, je me suis étiré puis j'ai écouté un podcast, profitant de mon téléphone avant de devoir le rendre pour le charger. Je me suis préparer tranquillement. Je me sens plus sereine depuis que ma colocataire est partie. C'est une femme de 55 ans qui se plaint à longueur de journée, qui parle fort, qui prend toute la place mais je m'y suis habitué.

Pour les traitements, il faut faire la queue près de l'infirmerie. Je me suis assise à coté d'Alina, une jeune comme moi qui en a marre d'être enfermée ici, de noyer sa jeunesse dans cet enfer psychiatrique. Je ne sais pas comment il pourrait guérir ma dépression. J'ai de la chance que ma volonté ne soit pas entièrement taché par elle. J'essaie des choses. Je marche autour de la terrasse, je fais du yoga sur un tapis en mousse, l'unique tapis du service. Nous ne sommes pas maltraité ici, nous sommes juste enfermée. J'ai toujours envie d'aller en infanto mais ils vont encore me refuser. Je me sens pas de rentrer chez moi. J'ai peur de me retrouver seule. Au fond, je me suis un peu trop habitué aux hôpitaux. J'ai passé deux ans et demi dans un service qui faisait aussi le coté scolaire c'est peut-être enfermé dans une envie de vivre en collectivité. Vivre en collectivité... c'est ce que l'internat de mon école tenté de me donner mais l'internat me terrifié. J'avais fait un malaise le premier jour de mon arrivé. J'ai une psychologie assez fragile, il faut se l'avouer. Je voulais travailler dans la brigade des mineurs mais je ne suis pas assez costaud pour ça.

Comment se passe le petit déjeuner ? Après la prise de nos traitements nous sommes réuni dans une petite pièce, la salle commune, et une infirmière est chargée de nous ramener le chariot. Nous mangeons ensemble, enfermé. Nous avons aucun contact avec les autres services. Hier j'ai aidé à transporté le chariot pour le repas du soir et j'ai pu croiser au self une fille de l'infanto qui me connaissais déjà. Elle était très surprise de me voir mais on ne pouvait pas se parler. C'était la règle. Les services ne se parlent pas entre service. L'infanto me manque.

Dans un quart d'heure je descendrai au sport. La clinique possède une salle de sport collective et nous y allons ce matin. Mon envie de faire du sport touche le bas. Je n'ai plus l'habitude. J'ai perdu mon énergie. Ça m'attriste mais je pense que la seule chose que je ferrai en salle de sport c'est m'asseoir et jouer à Dofus. Peut-être me proposera t-on de faire du tennis de table, je ne sais pas. Je n'ai pas sur moi le programme sportif que j'avais avant alors je ne sais pas quoi faire. Ils me rappellerons quand ça sera l'heure de y aller. Pour le moment je pense profiter du silence de ma chambre en jouant à un jeu sur mon portable puisqu'il y a rien d'autre à faire pour guérir ma dépression.