2 ans plus tard.
PDV Ewan.
– T'as vraiment raté quelque chose, le match était incroyable ! Du jamais vu, s'exclame mon pote en oubliant légèrement qu'on n'est pas seule dans la cantine, au fait tu vas le manger ton dessert ? Demande-t'il en désignant du doigt mon moelleux au chocolat.
Je souris en poussant la pâtisserie vers lui, son regard s'illumine comme celui d'un enfant de six ans et il se jette dessus en terminant la part en trois bouchées seulement.
– Mec t'es incroyable, il prend une gorgée d'eau en sortant son téléphone et fait les gros yeux en voyant l'heure, je dois filer je vais être en retard en anglais et tu connais m'dame Hermin.
Il attrape son sac et prend son plateau et me lance avant de partir :
– De toute façon on se revoit ce soir, vous me déposez ?
– Bien sûre, comme d'habitude !
Mais sans avoir de réponse de sa part il se trouve déjà à l'autre bout de la salle, déjà entrain de parler avec un élève de sa classe.
Il ne peut pas s'arrêter de parler.
Je termine tranquillement mon plat avant de me lever pour débarrasser mon plateau, on doit être maintenant une petite dizaine dans la cantine et ça s'entend, à vrai dire je préfère ce calme de fin de repas.
Je m'avance vers la sortie et atterris dans la cour pour me diriger vers la permanence, il fait bien froid et je ne compte pas passer la prochaine heure à me geler dehors.
La salle est bizarrement vide et seule une lycéenne est présente, ses affaires sont sorties mais elle reste concentrée sur son téléphone. Ses cheveux blonds ondulés cachent ses yeux mais son visage reste quant à lui visible.
Je m'installe une table pas loin et sors mon téléphone pour passer le temps, j'ouvre Instagram et défile dans mon fils d'actualité sans me préoccuper des nouveaux arrivants, même si ceux-ci sont quelques peu bruyants. La seule chose que je remarque c'est que deux personnes du groupe de personnes se dirigent vers la lycéenne qui, malgré leur présence, ne peine pas à lever le regard vers eux. Ils semblent lui parler sans que l'adolescente ne réponde. Je n'entends pas ce qu'ils disent mais je comprends que quelque chose ne va pas quand elle attrape sa trousse ouverte et la lance vers la fille en face d'elle qui esquive le missile et qui vient atterrir sur ma table, ayant perdu la moitié de son contenue en plein vol.
Son regard se fige et elle semble ne pas savoir quoi dire ni quoi faire, je me lève et ramasse la trousse et les affaires tombaient lors du lancer avant de m'avancer vers sa table et de lui tendre. Elle ne me regarde pas, hésitant toujours à ce qu'elle pourrait dire, les lycéens présents sont quant à eux hilares et une autre fille du groupe filme la scène. Mon instinct me dit de ne pas la laisser seule maintenant.
Je pose la trousse sur la table et pars chercher mon sac avant de m'installer face à la lycéenne qui n'a toujours rien prononcé depuis que je suis arrivée. Je m'assieds et elle décide finalement de s'assoir aussi, le groupe d'ami est quant à lui partis peu de temps après et un peu hésitant je me décide à lui parler un peu :
-Tu t'appelles comment ?
Elle me regarde de longues secondes avant de répondre d'une voix presque cassé :
– Amélia, son regard se baisse avant qu'elle ne demande à son tour, et toi ?
– Ewan, enchanté. Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?
– Ça te regarde pas, répond-elle d'un ton froid et sec.
Je ne dis rien, je la regarde juste et vois à son regard qu'elle regrette directement ce qu'elle a dit. Elle soupire avant de rajouter doucement :
– Désolé, je ne voulais pas.
– Je ne te ferais rien si c'est ce qui t'angoisse, mais tu ne m'aides pas à comprendre ce qui t'a tant énervé pour lancer ta trousse sur quelqu'un.
Elle s'assoupit sur sa chaise et cache son visage avec ses mains cherchant une phrase quelconques à répondre, deux longues minutes passent quand elle répond enfin :
– Ils parlaient d'un sujet qui me déplaisait, commença-t'elle, et Elena est allée trop loin. Je suis désolée qu'elle ai fini sur toi.
-Tu pourrais me dire lequel ? Pour éviter d'avoir encore une fois affaire à ta trousse, souris-je afin de détendre l'atmosphère.
Amélia ne me regarde toujours pas, son regard a l'air de vouloir fuir mais elle reste assise face à moi. Je ne redemande pas toute de suite, je laisse passer quelques minutes afin de ne pas paraître forceur envers elle avant de finalement changer de sujet :
– Quel temps ! T'as pas froid ?
Je remarque son léger froncement de sourcils et souris légèrement face à la scène, et elle semble s'en satisfaire car elle répond à la seconde près sans réfléchir pour la première fois :
-J'ai l'habitude d'avoir froid, pas toi ?
-Je déteste ça, je marque une pause avant d'enchaîner, comment ça ce fait ?
-De quoi ? Demande-t'elle.
-Que tu as l'habitude ? Je veux dire, il suffit juste de porter un gros pull de Noël vert et rouge tricoter par nos grands-mères et le froid n'existe plus.
Amélia retient un rictus et m'interroge directement :
-Non... Ne me dis pas que...?
-Et si... je me lève et en vérifiant que personne d'autre n'est présent ouvre ma veste laissant apparaître le magnifique tricot de ma grand-mère maternelle avant de la refermer et de m'assoir. Mais ne le dit à personne, je n'ai pas osé lui dire que ce n'était plus trop à la mode.
Elle se retient un long moment avant de finir par craquer et à pouffer de rire, je me joins à elle et on finit par se calmer plusieurs longues secondes plus tard.
– Tu en portes souvent ou aujourd'hui était exceptionnelle ?
– Si j'avais su que je rencontrerais une belle fille aujourd'hui j'aurais plutôt éviter.
Amélia ne répond pas mais son regard dit beaucoup de choses.
Un silence s'est installé et ni moi ni elle ne nous décidons à reprendre la discussion, c'est la sonnerie qui finira par briser ce calme et avant que je me lève pour me rendre à mon dernier cours de la journée, je prends un bout de papier et un stylo et note mon numéro de téléphone avant de le poser devant elle.
– Pourquoi tu me le donnes ?
– Je ne sais pas, si jamais un de mes magnifiques pulls t'intéresses, tu auras juste à m'appeler.
Amélia rigole légèrement et prend le morceau de papier qu'elle met dans la coque de son téléphone avant de se lever et de ranger les affaires qu'elle a sorties mais pas utilisées.
– D'accord alors, je t'appellerais lorsque je serais en manque de pull. T'as de la chance qu'on soit déjà en automne.
– Je calcule bien mon coup, souris-je avant de partir vers la porte et de m'arrêter juste avant de sortir pour lui demander, au fait tu m'as pas dit qu'elle était ce sujet déplaisant ?
Son visage se baisse et elle s'avance dans la même direction que moi, ses boucles blondes se battent devant ses yeux et quand elle arrive devant moi, Amélia relève la tête et laisse échapper d'une voix presque cassée comme celle qu'elle a utilisée pour me dire son nom une demi-heure plus tôt :
– Elle parlait de ma sœur.
Et sans en dire plus cette fille part sans se retournez me laissant là, des milliards de questions en tête, tandis que la seconde sonnerie annonçant le début du cours retenti dans le lycée.
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Nos âmes brisées
Romance709 jours se sont écroulés depuis le décès de sa sœur. Depuis, Amélia tente de survivre en vain. La maison familiale n'est aujourd'hui qu'un lieu de douleur permanent et l'école l'enfer sur terre. Rien n'a réussi à l'apaiser depuis ce jour, son cœur...