Chapitre 3

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PDV Amélia

Le bruit du verre frappant contre le sol résonne une nouvelle fois en moins de trois quarts d'heure. Malgré la musique tournant en boucle dans ma chambre j'arrive à percevoir ce fracas qui retentit dans ma tête comme un souvenir d'enfance.

Je reste assise, les larmes au bord des yeux et le cœur battant à toute allure comme chaque soir depuis 709 jours maintenant. Je descendrais vers vingt-trois heures me prendre un bout de pain, lorsque maman se sera endormie après avoir vidé la moitié des bouteilles qu'elle a achetées au petit matin.

Le regard vide, je me concentre sur les posters recouvrant mon mur, certains abimés vu le temps qu'ils ont passé dessus et d'autres tout juste neuf que j'ai récupéré dans un magazine ramasser au centre-ville dans la semaine.

Une centaine d'articles découpés servent de tapisserie à mon mur, plus d'une personne ayant visité ma chambre m'a ensuite insulté de folle et celles qui étaient mes amies m'ont même donné le surnom de sorcière lors de ma dernière année de collège.

De mon côté, ça m'a permis de ressentir un soulagement dans mon cœur et malgré ma réputation toujours aussi basse que celle d'il y a deux ans, je continue de récupérer ces articles de presse.

J'attrape mon téléphone et commence à faire des allers-retours sur mes différents réseaux. Comme d'habitude rien n'est assez intéressant et je finis toujours par me rendre sur YouTube et à me regarder les mêmes vidéos en boucle.

Mais ce sentiment d'habitude ne me plaît pas, ces blagues que je connais par cœur ne me font même plus sourire, presque souffler. Je laisse tomber mon téléphone sur le lit et regarde de longues minutes le plafond, avant de me relever et de couper le son de la musique. Je constate qu'il n'y a plus aucun bruit dans la maison. Un silence de plomb qui me fait presque sauter du lit et ouvrir la porte de ma chambre menant au couloir de l'étage.

J'avance à pas de loup vers l'escalier et jette un coup d'œil furtif vers le salon où se trouve ma mère presque affalée sur le fauteuil. Les lumières sont encore allumées et sur le sol se trouvent différentes bouteilles en verre explosé. Certains verres à moitié pleins recouvrent la table et d'autres se sont renversés et coulent encore par terre.

Je descends les escaliers et avance tant bien que mal vers la cuisine en évitant de me couper, la cuisine est plongée dans le noir depuis quelques semaines déjà n'ayant pas la motivation de changer l'ampoule et ne pouvant pas compter sur l'aide de ma mère.

J'attrape sur la gazinière une baguette et prends une bouteille d'eau derrière la porte avant de traverser le salon à nouveau en fermant la lumière sur mon passage.

De retour dans ma chambre, je m'assoie dans mon lit et croque dans la baguette en laissant tomber la bouteille d'eau dans le lit. Celle-ci atterrit sur mon téléphone que j'ai laissé là avant d'aller me chercher à manger.

J'allume mon ordinateur et me dirige sur un site de streaming pour me regarder Harry Potter, j'ai dû regarder les films une cinquantaine de fois maintenant mais ce sont mes films préférés.

C'était les siens aussi.

J'aurais tant aimé me faufiler hors de mon lit, avancer sur la pointe des pieds vers sa chambre car papa et maman dorment dans la chambre d'à côté et entrer en lui proposant une nuit blanche devant Harry Potter. Mais elle n'est plus là. Elle cachait toujours des paquets de bonbons et des chips dans son armoire pour nos soirées entre sœurs comme on les appelait et on finissait toujours par s'endormir devant Harry Potter et la chambre des secrets.

Et lors des vacances on faisait des marathons avec les parents et Mattéo, en commandant pizza et avec de la crème glacée à la vanille en dessert.

Elle était encore là, papa et maman était ensemble, papa n'était pas parti avec Mattéo en Belgique et maman ne buvait pas.

Nos âmes briséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant