« Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts, et ceux qui sont en mer ».
- Aristote
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La cloche sonnait.
Elle sonnait depuis quelques minutes déjà en haut du beffroi, alertant passants et flâneurs, qu'un crime venait d'être commis. Son bruit caractéristique, strident et métallique, se répercutait dans toute la ville, la poussant à presser le pas. Il était hors de question pour elle de se faire prendre maintenant.
Alvidia baissa sa capuche sur sa tête pour se faire la plus discrète possible, gardant à l'esprit qu'elle devait se mettre à l'abri au plus vite. Les gardes grouillaient dans les rues depuis que l'alerte avait été donnée – ils fourmillaient comme des insectes en quête de miettes de pain. Avec un peu de chance, ces-derniers penseraient chercher un homme – et non une femme. Oui, avec un peu de chance, ils ne prêteraient pas attention à sa silhouette féminine, et elle pourrait continuer son chemin sans encombre.
Préférant ne pas s'attarder trop longtemps dehors, elle entra silencieusement dans le bar en se glissant dans l'entrebâillement de la porte avant que celle-ci ne se referme complètement. Immédiatement, elle se mit à la recherche d'un siège, cherchant un coin sombre où s'installer, dans lequel elle espérait demeurer à l'abri des regards indiscrets.
Dans ce coin sombre précisément, un homme l'attendait déjà.
— Tu en as mis du temps, Lass.
L'homme but une gorgée de bière, et étudia minutieusement son apparence, prêt à l'avertir du moindre défaut de son déguisement.
— J'ai entendu dire qu'ils avaient attrapé le voleur de la Cité. Je crois qu'ils n'ont pas réussi finalement ...
Elle s'assit en face de lui, regardant de gauche à droite, afin de s'assurer qu'aucune tunique blanche ne l'avait suivi.
— Tu as trouvé ce que tu cherchais ?
Alvidia hocha la tête avant de répondre tranquillement, sans trop forcer sur sa voix, pour ne pas se faire entendre des autres clients :
— Mon père m'avait laissé des indications avant de mourir, j'ai pu retrouver ses carnets.
— En les volant à la marine, constata-t-il sans montrer une quelconque forme de jugement à son encontre.
Sa remarque lui provoqua néanmoins un léger sursaut que son acolyte ne manqua pas d'observer. Ces mots la rebiffèrent immédiatement :
— Ce n'est pas exactement du vol, c'est mon héritage.
L'homme prit une nouvelle gorgée pour cacher son amusement.
— Appelle cela comme tu veux, Lass.
Au dehors, des tintements métalliques firent leurs chemins jusqu'à leurs oreilles. D'abord lointain, ces bruits se rapprochaient de plus en plus. Ses ongles pianotèrent compulsivement contre la table. La nervosité gagna un peu plus de terrain sur sa raison.
— Luc, personne ne doit tomber sur ces carnets. Des personnes en ont après eux, je ne peux pas rester ici. Ce serait trop dangereux pour moi.
La jeune adrastienne connaissait Luc depuis plusieurs années. Ils avaient pratiquement grandi ensemble, et était celui en qui elle avait le plus confiance après ses frères.
Ce-dernier se pencha vers elle. Ses yeux bruns la fixèrent avec une intensité prudente.
— Je ne veux pas savoir pourquoi ces gens veulent ces carnets, mais quand ils sauront que c'est toi derrière tout ça, ils t'accuseront de trahison envers la couronne, et de sorcellerie et si tu ajoutes le vol... c'est la potence qui t'attend ou pire la prison des Brumes. Je ne sais pas dans quoi tu t'es embarquée, mais tu ferais mieux de mettre les voiles, et ça très vite.
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LTDV : La Nemesis
FantasyAge de la piraterie. Alors que son père vient de pousser son dernier soupir, Alvidia s'est promis de respecter ses dernières paroles : retrouver ses frères partis grossir les rangs de la marine, et trouver avec eux la pierre philosophale avant que q...