L'opéra

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                               *Rafe*
Je regarde mon reflet dans l'immense miroir de la salle de sport dans laquelle je me trouve.
J'ai pris du muscle ces derniers temps, ça devrait pouvoir satisfaire mon père.
Ce qui ne le satisferait pas à mon avis, ce serait d'apprendre certains de mes secrets.
Mais pour le moment, nul besoin d'y penser.

La froideur de l'alter dans ma main me ramène à la réalité, et je continue de le soulever, jusqu'à ce que je ne sente plus mon propre bras.
La sueur perle sur mon front, mais je sais que c'est le prix à payer si je veux représenter l'héritier digne de ce nom que mon père désire.

Je quitte la salle de sport en épongeant mon front à l'aide d'une serviette. 

Quand je passe à l'intérieur, la maison est vide. Tant mieux, je ne voulais pas avoir à croiser ne serait-ce que Wheezie, ma plus jeune sœur.

Je suis le seul garçon d'une fratrie de trois enfants. Je suis le premier né, ensuite il y a eu Sarah, puis Wheezie.

Je rentre dans ma chambre au premier étage, immense qui plus est, située au bout du couloir, entre celles de Wheezie et Sarah.

Je rentre dans la salle de bain qui est au fond de ma chambre, la porte se trouvant en face de mon lit, qui lui se trouve à ma droite quand je rentre dans ma chambre.
J'allume la lumière, car la petite fenêtre présente dans la salle de bain n'est pas suffisante pour éclairer toute la pièce, du lavabo à la douche italienne au fond.
La salle de bain pourrait presque mesurer l'entière largeur de ma chambre, si elle n'était pas arrêtée quelque part par mon dressing.

Je me déshabille lentement, et me mets dos au miroir pour regarder par-dessus mon épaule et apercevoir les cicatrices sur mon dos.
Sans plus y prêter plus d'attention, je rentre dans la douche et laisse l'eau chaude m'inonder le corps et détendre mes muscles meurtris.
Je passe lentement la main sur mon crâne aux cheveux coupés courts il y a peu, et ferme les yeux.

Si je me souviens bien, ce soir nous allons tous les cinq au théâtre en centre ville.
Quand je dis tous les cinq, il y a mes deux sœurs, mon père et sa femme, Rose, qui n'est la mère d'aucun d'entre nous.

Je reste trop longtemps sous la douche, et quand j'en ressors, le miroir en face de moi est plein de buée.
Je noue ma serviette sur mes hanches et me dirige vers le dressing.

Le plancher craque sous mes pieds, étouffant les bruits de Wheezie qui est au téléphone avec ses amies.
J'ouvre grand mon placard en cherchant une chemise blanche, qui pourrait aller avec ce que mon père m'a demandé de porter.
Une fois trouvée, je l'enfile et m'habille.
Je ne sais même pas quelle pièce de théâtre est ce que nous allons voir.
Je ne sais pas non plus si ça m'intéresse, mais je sais qu'une personne en particulier sera là.
Une personne parmi toutes les autres, mais qui pourtant se distingue a mes yeux.
Cette personne, c'est Avery Callaghan.

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                             *Avery*
Je suis allongée sur mon lit, je fixe le plafond, la longue robe de satin rouge choisie par ma mère pour aller à la pièce de théâtre posée a côté de moi, soigneusement repassé.
Nous allons tous les trois en centre ville ce soir, ma mère, mon abruti de beau-père, et moi.

Je soupire une nouvelle fois. Ma mère sait particulièrement que je déteste ce genre de sortie.
Les gens tout autour de moi, les bruits, les bousculades.
Tout cela ne constitue qu'une source de stresse supplémentaire à mes yeux.
Je suis ce que dans les Outer Banks nous appelons une Kook.
Je vis dans Figure Eight, je vais a Kildare County Highschool, ma maison est grande plus que de raison, et je participe à de ridicules événements dont l'importance est moindre à mes yeux.
Mais je sais qu'il y a des chances pour que je croise cette personne à cette soirée.
Rafe Cameron.

RAFEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant