𝑃𝐴𝐿𝐸 𝑆𝐾𝐼𝑁

ᴾᴿᴼᴸᴼᴳᵁᴱ

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[Novembre 1967]

Olympe Delpin, penchée sur son bureau, contemple avec lassitude la pile de documents qui s'est accumulée. D'un geste nerveux, elle passe ses mains dans ses cheveux, laissant échapper un soupir. Voilà plusieurs jours qu'elle enquête sur la disparition d'un petit garçon, et l'épuisement commence à se faire sentir. Première de sa promotion en criminologie, elle se sent maintenant bien moins assurée face à la complexité du terrain. Le principal suspect a un alibi en béton, confirmé par sa supérieure : il était au travail, comme d'habitude. Sans preuves tangibles, une perquisition de son domicile est inenvisageable sur le plan légal. Il faut chercher ailleurs...

Elle est interrompue dans sa réflexion par le bruit de petits coups secs sur sa porte. La personne n'attend pas sa permission et entre. C'est le commissaire Stuart, un homme à l'allure froide qui cache un cœur d'artichaut et une réelle envie de voir ses employés s'épanouir dans leur domaine. Il a le bras chargé de dossiers. La jeune inspectrice redoute le pire...

-Bonsoir Delpin, je vois dans votre regard de l'inquiétude. Je suis là pour confirmer ce sentiment ! lâche-t-il un sourire presque sadique au coin. J'ai ici avec moi un dossier de la plus haute importance. L'affaire d'une carrière ! Et bingo! Vous avez été choisie pour la traiter. Le protectorat vous offre sur un plateau d'argent la possibilité de dévoiler votre plein potentiel !

Le visage d'Olympe se décompose pour prendre la teinte de la déception. Elle qui n'en pouvait déjà plus avec cette affaire de disparition sur laquelle elle traînait depuis deux mois...Il fallait qu'on lui rajoute une affaire encore plus lourde à en juger par l'épaisseur de la paperasse qui manquait s'échapper des bras de son supérieur tellement il en était chargé. Décidément ses débuts dans le métier ne sont pas de tout repos...

-Je ne comprends pas bien... Si cette affaire est si importante pourquoi ne pas la confier à quelqu'un d'autre... Je ne sais pas moi... Dean a presque conclu le dossier de l'assassinat du jockey, il ne lui reste plus que des formalités administratives. Et en plus il est bien plus compétent que moi!

-Vous ne semblez pas saisir mademoiselle Delpin. C'est l'opportunité d'une vie. Vous êtes l'élément le plus prometteur, ils veulent voir de quoi vous êtes capable... Faites leur manger de l'enquête à la française comme vous savez si bien le faire ! Ils n'attendent que ça!

Olympe réprime un nouveau soupir avant de céder aux ordres de son commissaire. Après tout, ce n'est pas comme si elle avait le choix. C'est grâce à lui qu'elle a pu venir à Londres pour étudier le crime et c'est aussi à cause de lui qu'elle y est toujours. Elle a pris goût à la vie londonienne. À cette constante grisâtre qui enveloppe le ciel à toute époque de l'année, au charme de la politesse anglaise, à la délicatesse des manières.

-Bon filez moi ces papiers que je vois de quoi il est question...

Il laisse s'écraser sur son bureau le tas de documents sur sa table à côté de celui qu'elle avait initialement.

-Voilà le monstre. Vous avez peut être entendu parler de la disparition d'une dizaine de femmes dans Londres et sa périphérie ces quatre derniers mois. Nous avons retrouvé les corps de chacune d'elles et d'après les premiers éléments des médecins légistes, nous savons qu'elles avaient un point commun. La pâleur de leur teint n'indiquait pas un symptôme post mortem mais bien une anémie d'origine. Le corps est intact, pas de trace d'étranglements, de lacérations, d'empoisonnement, ou d'une quelconque violence. Les seuls indices qui permettent de penser qu'il s'agit de meurtre sont les lésions cérébrales et le mode opératoire. Leur corps ont été retrouvés flottant sur la Tamise un bouquet de trois roses entre les doigts et les cheveux lâchés.

-Comme une sorte de rituel, ou une représentation mythologique, ne peut s'empêcher de lâcher l'inspectrice.

-C'est ça que j'aime chez vous Delpin ! Je ne comprend pas tout mais ca fuse a une vitesse folle dans votre cerveau! Vous avez quatre mois avant que l'affaire ne soit clause. Je vous conseille de vous dépêcher, une telle chance ne se représentera sûrement plus avant longtemps...

Il claque la porte derrière lui et la jeune femme se plonge dans la lecture des documents de l'enquête.

-Sacrebleu... laisse t-elle échapper après quelques minutes à lire le détaillé du dossier, je vais aller me préparer une tasse de thé noir.

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