Chapitre un : L'internat (1)

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L'ambiance était bien triste dans la petite voiture cinq places de la famille Harries. La radio résonnait comme bruit de fond alors que personne ne dédaignait prononcer un seul mot. Les parents étaient bien trop occupés à se concentrer sur le chemin à prendre tandis que l'adolescente à l'arrière regardait la route défiler devant ses yeux. Une sensation d'impuissance face à tous ces évènements aussi imprévisibles et si subits l'envahissait. Elle n'éprouvait pourtant aucun remord suite à toutes les "conneries" qu'elle avait bien pu commettre. Il s'agissait plutôt d'un sentiment de fierté et de satisfaction qui cessait de s'accroître au fil du temps ,mais surtout lorsqu'elle y repensait vraiment. Pas de doute, ses parents avaient tellement raison de l'envoyer dans ce pensionnat pour le restant de l'année scolaire. À seulement seize ans, la jeune fille avait été renvoyée de plus de quatre établissements différents pour raisons divers. Comportement inapproprié envers ses professeurs, aucune motivation aux cours, attitude déplacée envers ses camarades, soit plus rien ne pouvait arrêter la belle Charlotte, même plus ses propres parents. Leur petite Charlotte avait bien changé depuis les temps des bacs à sable et celui des princesses à leur plus grand malheur. Il n'existait plus aucune relation parent/enfant au sein de cette famille complètement déchirée.

- « C'est encore loin ?» s'impatienta la belle brune se tortillant dans tous les sens alors qu'elle commençait à se lasser du voyage.

- «Non.» répondit simplement son père, déjà assez embêté par les remarques inutiles de sa femme.

Voilà déjà plus de deux heures qu'ils avaient entamé le trajet jusqu'à Bristol. Aucune pause, aucun arrêt, rien ! Ils voulaient tout bonnement en finir avec toute cette histoire. Charly leur mettait tellement de bâtons dans les roues qu'ils préféraient l'abandonner dans un internat plutôt que de continuer ainsi. C'était la seule solution, selon eux alors que la belle brune n'était absolument pas de cet avis. Ses parents l'obligeaient à tout quitter, sa ville, ses amis, sa famille et tout ceci suite au comportement odieux qu'elle avait développé récemment. Plus elle grandissait, plus Charly devenait insupportable ,mais surtout invivable. On pouvait comparer l'adolescente telle l'évolution d'une fleur. Tout d'abord, la plante est semée et chérit tous les jours. Elle resplendit de couleur et de vie. Mais peu à peu, elle commence à faner, c'est d'abord un pétale, puis deux, puis trois qui commencent à tomber pour qu'enfin la pauvre se retrouve complètement fanée et délaissée. Tout comme l'adolescence, c'est un cycle qui ne cesse et cessera d'exister et auquel on ne peut rien y faire.

Un panneau indiquant qu'ils arrivaient à Bristol interpella la belle anglaise. Un cadeau de bienvenue les y attendait puisque lorsqu'ils pénétrèrent au sein de la ville, le ciel se mit doucement à gronder et les premières gouttes de pluie se mirent à tomber. Charly souffla d'exaspération avant de poser sa tête contre la vitre et de se lamenter de son sort. Après quelques minutes de trajet, ils arrivèrent devant l'énorme portail qui menait à l'internat privé. Charly ne se sentait déjà pas très à l'aise. Les portes s'ouvrirent et devant eux la grande bâtisse de l'internat s'offrait à eux. L'adolescente resta subjuguée par la hauteur de celle-ci. Elle devait bien compter plus de huit étages et à côté, elle se sentait minuscule. Monsieur et Madame Harries sortirent de la voiture, leur fille à leur talon qui n'était pas enthousiaste à l'idée de passer les six prochains mois ici. Tous les jeunes avaient l'air de parfaits enfants modèles, chacun portant son uniforme à la perfection. «Tous des richards prétentieux»pensa-t-elle-même si elle savait au fond d'elle-même qu'ils n'étaient pas tous ainsi.

Alors qu'elle sortait une de ses innombrables valises du petit coffre de la voiture, tous les résidents passant dans les alentours jetèrent des coups d'œil à la jeune fille, ce qui l'agaçait fortement. Elle était la petite nouvelle, celle que personne ne connaissait et dont tout le monde se fichait éperdument. Elle détestait tant bien que mal d'avoir cette étiquette mais elle essaya en vain de ne pas faire attention à tous les regards portés sur elle.

- «Dépêche-toi ma chérie» déclara madame Harries qui se trouvait déjà au seuil du bâtiment

- «Je suis obligée?!»

- «Dépêche-toi!» s'énerva son père, à cran comme toujours.

Charlotte n'eut pas le choix que de rejoindre ses parents une once de colère à présent en elle. L'intérieur du bâtiment avait beaucoup moins d'allure que l'extérieur. Quelques plantes et de vieux tableaux datant du siècle dernier étaient pour seules décorations. Le bureau de l'accueil était situé à droite de l'entrée tandis que des escaliers menant certainement aux dortoirs leur faisaient faces. Monsieur Harries signa les dernières paperasses avant de récupérer les clefs de la chambre qu'il jeta en plein sur sa fille distraite qui heureusement la rattrapa à la volée.

- «Eh bien, ta mère et moi allons y aller»

- «Bein voyons!» répliqua-t-elle sèchement.

- « Écoute ma chérie, c'est pour ton bien que nous faisons ça! Ce n'est pas une partie de plaisir pour nous non plus!» lui confia sa mère sincèrement désolée.

La belle anglaise regarda ses parents à tour de rôle avant de leur lancer un petit « Bon retour » et de monter en direction des dortoirs. Au fond, Charly savait très bien qu'elle ne puisse pas réellement en vouloir à ses parents puisque tout était entièrement de sa faute. Seulement, le fait qu'ils l'abandonnent dans ce trou paumé, sans personne, livrée à elle-même, sans aucun repère lui donnait ce sentiment de solitude. Elle leur en voulait tellement ,mais cette haine se transformait petit à petit en vengeance et Charlotte Harries était bien la personne la plus rancunière que l'Angleterre n'avait jamais eu. Ô que oui elle allait se venger et pour cela, rien de plus simple que d'utiliser les bonnes vieilles méthodes. Elle ne tiendra pas un mois dans ce pensionnat avant de se faire renvoyer définitivement, elle en était sûre. A présent, il lui suffisait juste de patienter et de compter les jours avant de retrouver sa Londres natale.

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