inconsciene, insouciance...

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Vite ! Il faut que je retrouve Aïcha et Haby au collège pour leur raconter une fois de plus les aventures palpitantes qui me sont encore arrivées ce matin de novembre 2016, en pleine classe d’examen. Avec ces deux là, nous formions un trio emblématique qui n'existe plus aujourd'hui, malheureusement.

Pourtant, notre rencontre s'est faite cette année-là, puisque j'étais dans un autre collège à cause de mes résultats catastrophiques. Deux classes doublées à mon compteur, bon j'avoue que ce n’était pas trop ça, car je préférais vivre à fond ma vie d'adolescente, faire des bêtises, etc. plutôt que d'étudier, mais j'ai appris la leçon.

Les voici, j'invoque une réunion d'urgence, une de nos nombreux codes. Elles sautèrent de joie parce qu'avec moi menu croustillant à la carte. Elles avaient déjà une idée de ce que j'allais leur narrer.

« Bon les filles, hier soir j'ai emprunté le téléphone de papa soi-disant pour étudier. Alors qu'en réalité c'était pour trouver le contact de Moussa, mais oh mon Dieu, qu'il est si beau sur son profil WhatsApp ! »

Durant tout mon récit, Aïcha et Haby avaient une expression à la fois excitée, exaspérée, souriante, et rigolote. Elles étaient friandes de mes histoires qui étaient hors du commun.

Je m'explique, j'ai 17 ans et je suis tombée amoureuse d'un homme qui a 42 ans, mais il ne le sait pas encore. Donc, un homme qui est 25 ans mon aîné, où avais-je la tête ? Je ne sais pas, c’est venu comme ça, un collègue de papa qui venait parfois à la maison, et puis, comme ça, je suis tombée amoureuse.

Voilà un coup de foudre, amoureuse d'un homme qui pourrait être mon père. J'avoue, Moussa était bien conservé à cette époque. Actuellement, je ne sais plus à quoi il ressemble. Étant donné que ça fait au moins deux ans que je l'ai perdu de vue. De par sa carrure athlétique, grand, sénégalais, bon teint bien noir, Moussa était officiellement à l'opposé des garçons de mon âge avec qui j'avais l'habitude de fréquenter. Donc, c'était une nouveauté pour moi. Peut-être que cela a contribué au fait que je l'aimais et sérieusement, ce n'était pas des amourettes. Je l'aimais vraiment et profondément, et cet amour a duré deux ans.

_ « Ay Salma, koula bayi( Salma toi aussi ), t'es folle, j'ai juré, se disait Haby ». La plus mature du groupe, qu'elle est jolie avec sa peau noire, grande et ses longs cheveux. Depuis le premier jour, j'ai souhaité être son amie tellement je l'admirais. Je me souviens de lui avoir offert une bague juste parce qu'elle était bienveillante et douce. Notre amitié ou plutôt trio s'est consolidé après avoir fait un échange de carnets.

Nous tenions des carnets de notes, moi et Aïcha, pour y écrire des poèmes, etc.

_ « Wakhonalako ! (Je te l'avais dit) » s'exclama la plus folle de toutes, Aïcha. J'avais un peu suivi ses conseils, puisqu'elle me suivait dans toutes mes folies.

Toujours souriante, Aïcha, mignonne de peau claire, intelligente et travailleuse, c'est grâce à elle que le trio s'est formé. Aujourd'hui, nous gardons toujours de bons contacts. Elle est restée la même malgré la distance et la rareté de nos discussions, vu qu'elle n'est plus au Sénégal. Sacré Aïcha !

Et pendant tout ce temps j'étais en couple avec un garçon depuis un an ; quelqu'un que je n'ai jamais vu. Lui aussi était en couple, également avec une autre. C'était monnaie courante et ça me dérangeait guère .
Il faut savoir que ces temps-là, j’étais juste dans les relations juste pour le fun, pour être à la page, malgré le fait que je priais et que je jeûnais, j'étais voilée, cependant, c'était pas suffisant.

De plus, c'était récent, le fait de prier et de jeûner. En effet, fraichement sortie de l'école franco-arabe où j'étais coupée du monde, mon entrée au collège a marqué un grand tournant dans ma vie. Je me sentais comme une fille perdue, en retard, une fille désuète qui ne savait rien de la mode. Je voulais suivre la vague. Je voulais être comme monsieur et madame tout le monde, enfin ceux ou celles que je fréquentais. Je ne voulais plus être cette fille « attardée » qui ne donnait pas la main aux garçons, qui était trop « coincée ». Je voulais être dans les temps, je donnais la main aux hommes. Je voulais plaire. Je priais plus par paresse, je me souviens encore quand ma mère me disait d'aller prier et insistait, mais je faisais semblant.

Je trouvais des subterfuges pour tromper ma mère, alors que je savais en âme et en conscience que je ne pouvais pas tromper Allah. Je priais de temps en temps, juste pour pouvoir obtenir quelque chose par miracle. Ça marchait une fois satisfaite, aussitôt j'abandonnais de nouveau. Quelle erreur de ma vie !

Et me voilà engagé sur le mauvais chemin. Cette période a également marqué ma perte de confiance en moi. Comme je voyais les autres filles belles avec de jolis vêtements en vogue, contrairement à moi, qui était quoi dire, « arriérée », avec un accoutrement atone. Je nageais sur mes habits, j'essayais, mais j'étais ridicule, j'étais sujette à des moqueries. Il m'est arrivé un jour de ne pas aller à l'école parce que je n’avais plus rien à mettre, j'avais que des « reliefs » d'uniforme de daaras à me mettre.

J'en voulais à mes parents et pour m'échapper de cette réalité, je commençais à me créer des scénarios dans ma tête, où j'étais belle, adulée, aimée, admirée. Mes plaintes sont peut-être superficielles, mais je vous jure que j'ai souffert à cette époque.

Je me souviens encore en cours d'éducation physique et sportive en 4ème, je me souviens des rires qui retentissaient du côté de mes camarades  à cause de mon pantalon trop large. Imaginait, je n'étais pas mince, mais plutôt maigre , j'avais honte, j'avais mal, mais je les dissimulais avec le sourire. Pour plaire et me faire accepter par les filles populaires, une amitié que je forçais d’ailleurs, je calomniais comme elles, je faisais tout ce qui est contre mes valeurs pour me faire aimer d'elles. En dépit de nos 400 coups ensemble, je sais qu'elles ne me considéraient pas comme une amie.

Après m'avoir fait changer d'école, cette année de 2017 coïncida avec mon retour de vacances chez une tante. J'avais pris des résolutions : bosser dur, changer de garde-robe grâce à la tante qui m'avait fourni des vêtements dignes de ce nom. En passant des bodys aux jeans slims, tout était prêt pour affronter cette nouvelle année scolaire

Et surtout, j'avais aussi pris une grande décision, retrouver ma confiance en moi, mon assurance, mon aplomb, me remettre à la prière et au jeûne, retrouver mes valeurs religieuses d'antan. Et vous savez quoi ? Ça a marché. Toutes les cases étaient remplies, sauf malheureusement la religion, dont certaines bases manquaient à l'appel.

Bref, j'étais belle, j'avais des amies, des vraies, une amitié authentique. J'étais admirée et je faisais tourner la tête des garçons.
Plus encore, celle du président de l'Amicale de l'école . Ça doit vous paraître drôle n'est-ce pas , mais à l'époque c'était une victoire pour moi.

Ah oui, j'ai oublié de mentionner que mes notes ont grimpé ,l'excellence était au rendez-vous.

vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant