Dans les replis de l'histoire, on dit que le temps est un tisseur habile, brodant nos destins de fils invisibles. Et moi, je suis là, dernier écho d'un village jadis glorieux, devenu l'antre des ombres. Je choisis la crasse et la pauvreté d'antan, portant l'amour de ma sœur comme un talisman éternel, plutôt que la solitude dorée.Je m'appelle Louis, et cette histoire est celle de ma vie, de ma fuite des ombres macabres du cirque, de la perte de ma sœur adorée.
Ce village, autrefois majestueux, élevait des habitants aussi solides que les pierres qui en formaient les remparts. Nous trônions parmi les joyaux du royaume, mais tout a basculé. Ils sont apparus de nulle part, dans un voile de brume, insidieusement. Étrangement, personne ne trouva cela suspect. Tous participèrent à leur jeu macabre. À l'époque, nous ignorions les conséquences funestes de nos actes. Aurions-nous dû bannir ces étrangers de notre oasis alors qu'il en était encore temps?
Année après année, même le Royaume sembla oublier notre existence. Les lettres de l'administration ne vinrent plus. Plus de visiteurs avides de découvrir notre village. Seules les ombres nous faisaient compagnie. Des spectres, sans chair ni visage, hantaient le cirque maudit. Ils se dressaient, sinistres sentinelles, devant la porte du cirque fantôme. Les habitants savaient que quelque chose clochait, que tout cela n'était pas normal. Certains tentèrent de s'échapper, mais leur trace se perdait dans l'obscurité. D'autres choisirent la mort, mais même leur corps se volatilisait.
Pourquoi tous ces phénomènes étranges? Qui étais-je à l'époque? Un pauvre orphelin, caché depuis des années avec sa chère sœur dans le pensionnat du village. Nous vivions dans l'ombre, sous le lit, veillant à ce que personne ne découvre notre secret. C'était un pensionnat pour jeunes filles, où les garçons étaient prohibés. Nous nous aimions trop pour nous séparer à jamais.Orphelins de naissance, nous ignorions tout de nos géniteurs et ça nous était égal ; abandonner ses propres enfants le jour d'halloween, dans la rue qui plus est sans même une couverture pour nous réchauffer que savoir de plus . Si les bonnes soeurs nous avaient pas trouvé au bon endroit au bon moment qui sait ce qui aurait advenue de nous .
Dans les ruelles pavées de notre village, résonnent désormais les échos de l'oubli, portant en eux le souffle sinistre des ombres. Et je me demande, comment ai-je réussi à me soustraire à leur emprise? À qui dois-je ma liberté? Qui était crucial pour moi dans ce havre autrefois béni? Comment ont-ils tous succombé, engloutis par les flammes? Mon histoire, celui du dernier survivant de cet endroit maudit, vous révélera tout.
La matinée semblait tout à fait normale ce jour-là. La cloche du réveil sonnait comme à son habitude dans le couloir et ma sœur, Louisiana, était déjà fin prête pour entamer sa journée au pensionnat. Quant à moi, qui ne suis pas très matinal, un simple coup de pied ne suffirait pas à me réveiller.
"Tu te lèves, marmotte..." me chuchota ma sœur adorée.
"Encore quelques minutes, s'il te plaît..." ronchonnai-je.
"Tu sais quel jour on est aujourd'hui ?"
"Bien sûr que oui, je sais. Comment pourrais-je l'oublier ? Mais à quoi bon se réjouir quand on est seul au monde ?" affirmai-je, le visage pâle et le cœur lourd, tout en me redressant pour sortir de sous son lit.
"Toujours aussi morose le jour de notre anniversaire. Ne t'inquiète pas, mon très cher jumeau adoré, je suis là et je vais te câliner à mort..." dit soudain Louisiana, avant de se jeter sur moi, sourire aux lèvres et les bras grands ouverts.
Je me redressai brusquement pour lui échapper. À l'époque, si jamais elle vous attrapait, vous pouviez dire adieu à votre tranquillité et espérer pouvoir passer des heures et des heures dans ses bras. Le plus bizarre dans tout ça, c'est qu'elle ne se fatiguait jamais.
"Plutôt mourir, ouais," répliquai-je, "plus optimiste que toi, ma chère sœur, tu meurs..."
Louisiana reprit la parole, nous plongeant dans une discussion animée jusqu'à ce que je lui demande ce qu'elle comptait faire pour notre anniversaire.
"J'ai une idée qui pourrait nous sortir de notre routine," dit-elle d'un air mystérieux.
"Ah oui ? Et laquelle ?" demandai-je intrigué.
Elle se pencha vers moi, son regard pétillant de malice. "J'ai entendu parler du cirque des Ombres Macabres. Il est interdit aux enfants, et de sombres rumeurs courent à son sujet, prétendant que les ombres qui y évoluent sont des envoyés des démons. Je compte enquêter sur ces faits bizarres."
Mon cœur s'emballa à l'idée de cette aventure inédite, mais je savais aussi que cela comportait des risques.
"Je veux venir avec toi," lançai-je avec détermination.
Elle secoua la tête. "Non, trop dangereux. Je ne veux pas te mettre en danger, surtout pas le jour de notre anniversaire."
Je tentai de la convaincre, mais Louisiana restait inflexible. "Mais sache ceci ma sœur adorée, je te suivrai peu importe où tu vas " Finalement, je dus accepter de rester en arrières.Je comprenais les inquiétudes de ma sœur, mais j'acceptai à contrecœur de la laisser partir seule. Toutefois, ce n'était qu'une façade. Une fois qu'elle fut hors de vue, je préparai mon propre plan pour la rejoindre en douce.
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LE CIRQUE DES OMBRES MACABRES
TerrorDans le village oublié de Sombreval, une lugubre légende se perpétuait au cœur du 19ème siècle. Chaque année, surgissant de la brume matinale, le Cirque des Ombres ensorcelait les âmes, les attirant irrésistiblement vers son enceinte sinistre. Dans...