La prophétie de l'âme

02. le bal d'hiver

Il était difficile de savoir si elle hallucinait ou si c'était bien réel. Était il vraiment là, à quelques centimètres d'elle, en chair et en os ? Où était elle devenue folle pour de bon ? Drago Malefoy était vêtu d'un costume gris anthracite, le col d'une chemise blanche dépassant, dépourvu de cravate. Il était toujours aussi grand, la dépassant d'une vingtaine de centimètres. Elle ne le voyait pas bien, mais elle devinait le sourire narquois naissant sur ses lèvres, alors que les secondes passaient.

Une vague de colère, mêlée d'incompréhension la traversa.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? laissa t'elle échapper, finalement.

Il ne répondit pas, sans bouger d'un centimètre. On aurait dit une statue. Hermione se mordit la lèvre, sentant ses émotions la perdre complètement. Elle avait oublié à quel point la moindre de ses actions avait un impacte immense sur elle, et elle le détestait pour cela. Elle se détestait.

- Je te croyais en Bulgarie, avec ta femme. On n'a plus entendu parler de toi depuis bien longtemps, je ne comprends pas ce que tu fais ici ! Je ne comprends pas pourquoi tu es là... répétait la brune, complètement bouleversée par la situation.

- Tu parles toujours autant. Tu n'as pas changé.

Drago brisa son silence. Elle sentit des frissons la parcourir lorsque sa voix parvint à ses oreilles. Il avait la même façon de parler qu'auparavant, détachée, froide, grave. Sombre. Il avait lâché cela non pas comme une critique acerbe, mais plus comme un constat, dénué de la moindre émotions. Pourtant, Hermione savait qu'il se passait en lui exactement ce qu'il se passait en elle. C'était comme cela. La manière dont il ne laissait rien transparaitre l'agaçait au plus haut point. Elle aurait aimé avoir autant de contrôle sur sa propre personne.

- Réponds à ma question, Malefoy.

Elle insista sur son nom de famille. Elle devait créer un fossé entre eux, pour se protéger. Hermione avait appris avec le temps qu'il fallait s'attendre à tout avec lui. Elle n'avait aucune idée de ses intentions, de pourquoi était il ici, à Londres, alors qu'elle savait qu'il vivait en Bulgarie. Son poste au Ministère lui permettait de tracer tous les anciens Mangemorts en un claquement de doigt. Il n'avait toujours pas froncé un sourcil. "Ce gars est vraiment un mur vivant" songea t'elle.

- Comment as-tu su que j'étais en Bulgarie ? Demanda t'il, les yeux fixés sur elle. Hermione remarqua qu'il ne clignait pas des yeux. Elle repensa à toutes les fois où elle se demandait s'il était vraiment un être vivant.

- J'en ai entendu parler.

Elle essaya d'employer le ton le plus détaché possible, ne voulant pas qu'il perçoive son mensonge. Elle voulait garder la face.

- Je me demande bien qui dans ton entourage pourrait avoir ce genre d'information à mon sujet, et qui pourrait s'en préoccuper. Tu n'as jamais su mentir, Granger. Tu n'as jamais su me mentir.

Son cœur loupa un battement. Elle plongea son regard dans ses yeux gris, sa colère bouillonnant à l'intérieur. Mais elle ne pouvait pas éclater ici, devant lui. Elle se le refusait catégoriquement. Elle devait partir, se sortir de cette situation. Mais elle n'en avait aucune envie, au fond. C'était plus fort qu'elle, et la notion du temps venait de s'arrêter. Tout s'arrêtait immédiatement lorsque Drago était là.

- Écoute, tu ne peux pas rester ici, peu importe la raison. Tu dois partir, déclara t'elle d'un ton grave.

Alors, le blond se décida à bouger pour la première fois depuis le début de leur échange. Il s'approcha d'elle, d'une démarche qu'elle connaissait bien. Tous les souvenirs lui revenaient en rafale dans la tête. Il s'arrêta à quelques centimètres d'elle, et Hermione se collait le plus possible à la porte des toilettes. Elle levait la tête pour examiner son visage. Il avait vieilli, et il avait un peu de barbe, désormais. Ses cheveux étaient d'un gris clair qu'elle ne lui connaissait pas, mais toujours parfaitement coiffés. Les traits de son visage n'avait pas tant changés, mais il avait l'air encore plus assuré que lorsqu'ils étaient jeunes. Cependant, un détail retint son attention.