SEUNGLIX
"And I found love where it wasn't supposed to be"
Amber Run
IV.
Quand tes bras se sont enroulés autour de moi pour la première fois, j'ai bien cru que mon cœur ne survivrait pas. Il m'est même arrivé de penser que sur moi, une étrange force tu exerçais. Ton regard était envoûtant, tes caresses enivrantes et ton esprit déroutant. Tu avais cette force de persuasion hors du commun. Ton nom ne m'inspirait que du bien.
Bien loin de me ressembler, j'ai évidemment voulu lutter. En vain, ton emprise était loin de me rebuter. Mes journées paraissaient fades tout comme le temps de ma ville était maussade. Tu m'es apparu comme un ange, prêt à me faire découvrir ce monde étrange. Toutefois derrière ce sourire tu cachais, les méandres d'un paradis brisé.
A trop attendre, la vie nous consume. Sans vivre pour soi, on se sent telle une enclume. Une vulgaire table sur lequel le sort s'acharne, notre cœur se tort, il se décharne. Ce muscle à vif nous rend oisif. Le monde se fane, devient profane ; s'il était vraiment parfait, les conséquences injustes qui nous déchirent le buste ne seraient pas « pêcher ».
« Tu sais, j'ai déjà eu un ami. »
Interloqué, ôte-là l'idée de te vexer, mon menton s'est relevé, peut-être guidé par une curiosité mal placée. Je me croyais l'unique, le seul dont la navette, en direction de ce sol, rebique.
« Dis-moi en plus, quand tu m'en parles, ton ton s'éclaircit. »
Sous mes pieds, la neige fondait. Dans le bleu du sable, mes jambes plongeaient. Tiens, voilà l'été. Quelques grains me chatouillaient la peau, si seulement ils s'accompagnaient d'un peu d'eau.
« Parfois, j'imagine une vie. Un monde alternatif qui réglerait tous mes soucis. Là-bas, j'ai un ami. Sa présence me rassure, il est tout ce qu'il pourrait y avoir de plus pur. Evidemment, c'est moi qui l'ai choisi. Tout droit de mes rêves, il est sorti. Depuis que tu es là, il ne veut pas que je le vois. Ça devrait me faire mal, il me fuit. Pourtant, c'est mieux ainsi. »
Un ami imaginaire, voilà ce que c'est. Plus l'on se sent seul et plus l'on s'en fait. Un double doué de nos plus profondes qualités, celle dont on aimerait être dotés si jamais on le pouvait. La solitude mène à de bien belles vicissitudes.
« Mon ami à moi, je le traitais comme un roi. Autrefois, nous vivions de folles aventures ; nul n'a besoin de fioritures quant à l'adrénaline on carbure. Milles et uns coups, nous faisions les fous. C'est avec un peu d'imagination qu'on se rend compte que c'est le bon. »
Le monde des rêves s'ouvre à toutes les âmes égarées. Elles s'entêtent à le voir en vrai même si la visite est brève. De découvertes en découvertes, ce monde ne semble jamais s'arrêter. Ses limites inégalées, c'est lors d'un ultime voyage qu'elles se lèvent. Par ces années à ne rien faire, c'est comme ça que tu délibères. Jaugeant utile ou non, ce chemin gardé par Cerbère.
« Si l'imagination peut te porter où bon te semble, tu devrais songer à me montrer ce qui te ressemble. Apprends-moi les couleurs, ensemble, fais-moi voyager et rencontrer tes peurs. Peu importe la durée du voyage, il n'y aura pas de deuxième fois où tu feras naufrage. Nous arriverons à l'heure. »
Qu'importe ta vision sur cette étude, dévoué à ta cause, tu ne connaîtrais jamais la lassitude. Plein de vie et de vivant, il se pourrait que ça te blesse de temps en temps. Tu connais la douleur et tu connais la peur, la joie de vivre ; la crainte que l'on ne meurt, ne peut demeurer dans le vent bien longtemps quand tu sifflotes gentiment ces quelques airs d'avant.
"I remember when you told me it's an everyday decision, but with my double vision, how was I supposed to see the way?"
Cults
V.
Quand ta douce voix s'est insinué dans mon esprit ce matin-là ; ton visage n'était qu'à quelques centimètres du mien. Tes yeux dégageaient d'autant plus cette agréable espièglerie et ton dos droit comme un mât m'indiquait que tu étais prêt à naviguer très loin. Les cheveux flottants dans le vent, mon cerveau tenait toujours ce rythme bien plus lent.
Tes bras m'ont alors secoué. Pas question de me laisser m'échapper. Tu t'accrochais a moi comme à une bouée, prêt à m'emmener rêver. Cette fois-ci, je fus bien plus confus. Toi qui d'ordinaire incarne l'opposé du superflu, débordais d'une énergie continue. Comme par des vagues, je me suis laissé balloter. Un homme à la mer, voilà tout ce que j'étais.
Pour autant je n'en étais pas malade. En effet, j'appréciais la balade. Ta compagnie était plaisante, voilà bien longtemps que j'ai appris à quelle point elle me tente. Lorsque nous sommes arrivés sur un sommet, ce n'était pas la vue que tu me demandais d'admirer mais bel et bien quelque chose à tes pieds, quelque chose d'invisible que tu espérais que je connaitrais.
« La neige est bleu et ce vélo est rouge. »
Je clignais des yeux, peut-être allait-il apparaître sans que je ne bouge. Pourtant, aucun éclat écarlate n'apparut sur de l'asphalte.
« A quoi ressemble ce vélo ? »
Tes yeux s'écarquillèrent ; sur tes lèvres se dessinaient un sourire fier. Nul besoin de comprendre. Les idées sont éphémère, vont, viennent et s'en vont. Elles reviendront un jour si nous sommes assez bons.
« Il a deux roues et des pédales. Il avance tant bien que mal. Malheureusement, je ne suis pas de ta contrée et je ne sais pas comment on fait. »
D'un délicatesse infinie, je me saisis de tes paumes. Autour des miennes leur chaleur fait un dôme. J'apprécie cet instant parmi des milliers et sur le guidon, je viens doucement les placer.
« Ce vélo est très spécial. Lorsque l'on appuie sur les pédales, il file à toute allure et à grande vitesse peut découvrir n'importe quel dédale. Les rumeurs disent qu'il ne s'arrête jamais, qu'il est même capable de nous faire voler. »
Un ange passa, ce n'était pas toi. Je le sais car tu étais devant moi. Dans un élan de bonté, tu m'as autorisé à monter. J'avais du mal à trouver l'arrière de la selle, alors je me suis laissé guider. Nous étions fin prêts à décoller.
« Avant de partir, je voudrais juste savoir. Etais-je un mirage ou bien une part de tout ce que tu peux valoir ? »
Sans même me laisser le temps de m'exprimer, je nous ai senti glisser. Ce vélo avait l'air si réel que je n'avais plus vraiment peur de me brûler les ailes. Par ailleurs, une faible lueur en émanait mais je ne savais pas vraiment ce qu'elle racontait. Il me semble que la dernière chose que j'ai vue était ton âme et j'ai senti qu'elle ne voulait plus prendre les armes. Une sensation telle un écho vibra soudain dans cet étau. Qui étais-tu, si ce n'était que la plus belle part de mon fardeau ?
²/2 SHOTS pour shirokeur
Le Jeu du Hasard
[1ère édition]
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Recueil || Aeipathy || OS
أدب الهواةCar la solution est sous nos yeux, nous mettons parfois plus de temps à se rendre compte que le bonheur est entre nos mains.